Si elle a été sous-cotée par le passé, Pointe Sarène se prépare à ravir la vedette aux autres localités de la Petite-Côte. Avec sa baie en demi-cercle, jalonnée de filaos, la localité a tout pour séduire son monde à qui elle a aussi une histoire à raconter.
L’origine du nom ne se cherche pas loin. Pas besoin de se triturer pour trouver la genèse de Pointe Sarène. Ce village, marqué géographiquement par une pointe au nord tel un nez sur le visage, a repris tout bonnement cette caractéristique de la nature. Sarène renvoie à « chez les Sarr » en Wolof. Ainsi, c’est à Mbotte Sarr que l’on doit le peuplement actuel.
Pointe Sarène est l’un des villages pour ne pas dire le dernier village constitué sur la Petite-Côte. Paradoxalement, il est aujourd’hui l’un des plus attractifs sur le plan touristique. Tout le monde s’accorde à dire qu’il est l’avenir du tourisme balnéaire au Sénégal. D’ailleurs, les premiers signes commencent à se faire ressentir avec ce grand complexe hôtelier qui vient d’y ouvrir ses portes. Et d’autres grands projets sont en cours, tandis que l’Ètat, à travers la Sapco, est en train de dérouler un programme d’aménagement pour faciliter l’installation de réceptifs hôteliers.
Tel un coin paradisiaque qu’il compte devenir, Pointe Sarène, contrairement à Nianing, Mballing et Warang, n’est pas en bordure de la route nationale. Il faut arpenter le nouveau sentier goudronné pour déboucher sur le grand hôtel en question. À partir de là, le chemin est loin d’être fini. Il faut encore continuer vers la gauche, dépasser un baobab repère pour accéder au village centre. Pointe Sarène se dévoile alors sous toutes ses coutures. Un petit village les pieds dans l’eau.
Par la grâce de Mbotte Sarr et de Wade
Pointe Sarène ou Ponto Sarène, en langue wolof, est la terre d’accueil de Mbotte venu avec son oncle, raconte Mbaye Sarr, neveu et porte-parole de l’actuel chef de village, Michel Sarr. « C’est vers les années 1800 que nos ancêtres sont venus ici. Pointe fait partie des derniers-nés des villages sur la Petite-Côte », renseigne Mbaye. Ils sont venus de Djéguème, précisément de Sandiara. Ils vivaient d’agriculture, de chasse et d’élevage. Quand Mbotte est venu s’installer, d’autres peuplements sont venus comme les Saint-Louisiens, les Niominkas, les Gandiolais et les Lébous de Yenn. Chaque communauté exerçant son métier d’origine. Le souci de voir Pointe Sarène rayé de la mémoire collective s’est dissipé lorsque Abdoulaye Wade a donné le nom de l’avion présidentiel à cette localité. De quoi rendre fiers les habitants du village.
Pointe Sarène sera la nouvelle station balnéaire
Avec l’appui de la Sapco, Pointe Sarène est devenue une localité très prisée. « Ils nous ont dit que toutes les erreurs commises à Saly seront rattrapées ici », lance Mbaye Sarr. Une nouvelle destination certes prisée mais qui souhaite garder ses valeurs. C’est ainsi que Mbaye Sarr est convaincu que les barrières naturelles existantes participeront à préserver le village centre. « Nous avons deux bras de mer de part et d’autre du village. En plus, nous avons l’océan atlantique au Sud et la forêt classée au Nord », détaille Mbaye Sarr, porte-parole du chef de village. Cette barricade va leur octroyer une quiétude, loin des dérives qu’une station balnéaire peut créer. Il souhaite que les visiteurs ou les touristes qui se rendront à Pointe Sarène soient décemment habillés. D’ailleurs, un protocole d’accord a été signé stipulant que tout investisseur respectera ce que veut le village.
Les dix mille habitants de Pointe Sarène ont comme chef Michel Sarr. Il assure la chefferie depuis 1984, il était âgé de 28 ans à l’époque. Navigateur de formation, il succède à l’intérimaire papa d’un de ses amis. L’année d’entrée en fonction coïncide avec le début de sa carrière de navigateur. Il troque rapidement sa profession contre la chefferie et les terres agricoles bien que sa maman ne fût pas d’accord. C’est dans l’agriculture, dit-il, qu’il a bâti sa fortune. Il est d’avis que Pointe Sarène présente un modèle achevé de cohabitation entre les musulmans et les chrétiens. Lui-même étant chrétien, il a des sœurs musulmanes. Il a, d’ailleurs, dans le cadre d’un partenariat, clôturé le cimetière des musulmans d’abord avant celui des chrétiens.