Un citoyen interdit d’accès dans un stade pour supporter son équipe nationale de football
quelques heures seulement après avoir déclaré sa candidature à une élection présidentielle. Ne vous bouchez surtout pas les oreilles pour ne rien entendre. Cela se passe bien au Sénégal. Exprimer à haute et intelligible voix son opinion et sa position sur une étape cruciale de la marche de son pays a valu, hier, à Mame Boye Diao d’être privé de match.
Lui qui s’est toujours fait violence pour être le supporter numéro 1 de l’équipe nationale du Sénégal.
Les démocrates disparus ont bien dû se retourner dans leurs tombes. Ceux vivants en sont tout retournés et indignés.
Même un vulgaire rat du port n’aurait pas mérité ce traitement. Il a cependant le côté instructif de mettre à nu les penchants tyranniques moyenâgeux de celui qui aspire à remplacer l’actuel locataire du Palais et de lever un coin du voile sur la dictature qu’il entend imposer aux sénégalais une fois élu au soir du 25 février. Juste désigné candidat de la coalition du pouvoir en place, celui qui assure l’intérim de la gestion des sports est déjà dans la peau d’un Président.
D’un apprenti dictateur, devrions-nous dire, au point de vouloir clouer au pilori ses potentiels adversaires. Mame Boye Diao pas plus que Boy Djinné ne mérite pareil sort. Dans des pays civilisés avec des dirigeants sérieux, dotés d’élégance et doués d’intelligence, dans une démocratie digne de ce nom ou le respect des droits de l’homme est la règle, on aurait permis à un bandit évadé de prison de suivre tranquillement le match avant de le reconduire en prison.
On imagine dores et déjà ce que devrait être le Sénégal, l’état de déliquescence avancé de sa justice sociale et de sa démocratie, sous le règne d’un si bas Président. Encore une conséquence du parachutage qui a l’inconvénient de faire prendre des ailes, du zèle de mauvais aloi et de susciter l’effronterie. Il est bien à plaindre le proposé à la sécurité du stade Abdoulaye Wade qui a dû signifier à Mame Boye Diao l’interdiction d’y accéder.
Ça doit bien lui peser amèrement sur la conscience du représentant d’un corps d’élite et sans doute pour longtemps encore, d’avoir exécuté une besogne de nature politicienne aussi sale qu’abominable au détriment d’un si doux et affable 12e gaindé. Jacques Attali a été bien inspiré de renseigner que: » l’exercice du pouvoir grossit les caractères des êtres comme la loupe ceux de l’imprimerie. Il est une drogue qui rend fou quiconque y touche, corrompt quiconque s’y installe, détruit quiconque s’y complaît.
Aveuglées par les phares de la renommées, les chenilles dévouées ont tôt fait de se métamorphoser en de vaniteux papillons ». L’ Élégance Républicaine et l’intelligence politique devraient bien contraindre l’auteur de cette ignoble imposture à verser dans l’animosité gratuite au au point de susciter des vagues insoupçonnées dz sympathie et de soutien à une victime qu’on a finalement requinquée et non affaiblie.
Mais quand la passion de faire mal l’emporte sur la raison de tolérer ce qui doit l’être, l’on assiste à des dérives indignes d’un présidentiable dans un pays comme le Sénégal. Tel est le chant du cygne prématuré d’un potentiel dirigeant dont le règne ne sera que despotique et répressif. Le peuple sénégalais vaillant et mâture est averti.
Amary Gueye