Les pays occidentaux ont un problème congénital avec le Continent africain.
Face à n’importe quel problème dont la solution est à leur portée, les occidentaux refusent de le résoudre complètement lorsqu’il s’agit de l’Afrique et des pays africains.
On peut dire sans risque de se tromper que les problèmes économiques et sociaux de l’Afrique sont entretenus par les pays occidentaux qui donnent des miettes dont l’essentiel leur revient et prêtent peu qu’ils s’empressent de demander aux pays africains à rembourser au détriment des investissements nécessaires pour leur développement.
Les entreprises des pays occidentaux ne pensent qu’au profit qu’elles peuvent tirer en payant très peu les travailleurs, en exploitant les ressources extractives sans aucune retombée réelle sur les populations locales, en ne développant aucune transformation industrielle sur place, en étouffant au maximum l’émergence d’entreprises publiques comme privées africaines, etc.
Il suffit de comparer l’engagement sans précédent des pays occidentaux en Ukraine pour chasser les russes avec leur intervention lilliputienne dans le Sahel contre les agressions jihadistes dont ils sont les principaux responsables à travers leur intervention militaire qui a éliminé Khadafi et son régime.
En fait, les pays occidentaux n’ont même pas la plus petite empathie envers les africains en ne s’engageant pas résolument à éradiquer le mal jihadiste qu’ils ont créé.
De plus, ils sont soupçonnés d’avoir suscité des rebellions au Mali dans le seul but d’aboutir à la division de son territoire.
Il y a eu l’esclavage dont l’Europe fut un des protagonistes. Il y eut la funeste conférence de Berlin qui charcuta l’Afrique et il y eut aussi la colonisation.
Combien de meurtres d’hommes politiques africains engagés et de coups d’États peuvent être attribués à la CIA, à la Fraçafrique, à la Belgique, à la Grande Bretagne, aux services de renseignement occidentaux, etc. ?
Ils sont nombreux les assassinats et les coups d’État qui ont brisé les espoirs des peuples africains et resserré les boulons de la dépendance par conséquent de l’humiliation.
L’Europe a quasiment déclaré son refus du développement de l’Afrique en rejetant les financements destinés à des infrastructures structurantes en Afrique.
Lorsque les migrants sahéliens meurent par milliers dans l’Océan atlantique et dans la mer Méditerranée alors que les pays de l’Europe de l’Est sont intégrés à pas forcés dans l’Union européenne, les africains n’ont pas besoin de lorgnette pour comprendre que l’Europe va au secours des européens de l’Est à qui elle consacre des plans Marshall déguisés qu’elle continue toujours de refuser à l’Afrique.
Les africains notamment les plus jeunes des africains sont arrivés à la seule conclusion possible :
l’Europe n’aime pas l’Afrique et les africains.
Les européennes et les européens qui aiment l’Afrique sont innombrables !
Cependant l’establishment politique européen n’aime en Afrique que nos ressources dont les entreprises européennes raffolent.
L’Occident aime les votes des États africains à l’Assemblée générale des Nations unies.
Les chefs d’États occidentaux aiment trôner au milieu des chefs d’États africains alignés en rangs serrés.
Ces cérémonies d’un autre temps rappellent l’image du chef blanc qui passe en revue les tirailleurs sénégalais lors des deux dernières guerres mondiales.
L’Occident a fait des émules !
Chaque super puissance a désormais annuellement sa parade avec ses présidents nègres.
Les africains malgré leur jovialité naturelle, leur sens du pardon, leur amour de l’étranger, face à toutes les humiliations et injustices délibérées qu’ils subissent, ont atteint les limites du supportable, de la résilience.
C’est pourquoi il est facilement compréhensible que les africains, la jeunesse africaine, les élites africaines n’aiment plus l’Occident.
Dans ce désamour difficilement réversible de l’Occident, la France occupe une place singulière.
La France est aujourd’hui la cible privilégiée, la cause de tous les malheurs des africains.
Ce pays récolte les fruits de son incapacité à faire son introspection sur son expérience coloniale et néocoloniale, son interventionnisme économique, militaire, monétaire et médiatique.
Même les subterfuges de pérennisation de l’influence française à travers l’instrumentalisation d’éminents intellectuels africains et de leaders de la jeunesse africaine ont échoué.
L’Occident n’a pas vu arriver en Afrique noire le nouveau vent de la liberté.
Ce vent de la liberté est plus puissant que celui des années soixante porté par les élites et que les métropoles occidentales ont en partie circonscrit par les indépendances octroyées.
Cette fois-ci ce sont la jeunesse africaine et l’écrasante majorité du peuple africain, qui ont vaincu leurs peurs ancestraux, qui exigent la liberté et la souveraineté des pays africains.
Si l’Occident n’a jamais aimé l’Afique, aujourd’hui c’est le tour des africains de ne plus aimer les pays occidentaux.
Avant que le désamour de l’Occident ne tourne en haine irréversible, les pays occidentaux ont encore le temps des remises en cause déchirantes pour sauver les partenariats actuels et futurs avec le Continent primordial.
La France, en premier, doit faire sa révolution intellectuelle et mentale, sur ses rapports avec l’Afrique et les pays africains.
Le temps de la soumission est révolu.
Est désormais arrivée en Afrique l’ère de la liberté, de la libre disposition de ses ressources, de sa monnaie, de ses relations internationales, de son territoire, etc.
Le tambour de l’Afique aux africains a sonné !
À bon entendeur, salut !
Dakar, mardi 5 septembre 2023
Prof Mary Teuw Niane