Mbacké Khéwar, village administré par la descendance de Mame Mor Diarra Mbacké, frère du fondateur du Mouridisme, se trouve dans la zone de Mbacké-Baol, le lieu de naissance de Serigne Touba.
Cela fait de Mbacké Khéwar un des sites les plus représentatifs de l’héritage familial de Cheikh Ahmadou Bamba. Il est situé dans les faubourgs de la commune de Mbacké, à quelques quatre kilomètres de la ville de Touba.
L’urbanisation a fait de Mbacké Khéwar un village moderne, raccordé à l’eau et à l’électricité et doté de routes goudronnées.
Le temps passe, la force des symboles demeure par quelques sites incontournables : la demeure familiale du cheikh, les cimetières où reposent son grand-frère, mais également son oncle paternel, sa fille ainée et deux de ses fils.
Signe supplémentaire de cet héritage familial, il y a là une résidence dédiée à Mame Mor Diarra – frère de Serigne Touba – et placée sous la responsabilité de Cheikh Ismaïla Mbacké, khalife de ce dernier. Il en a fait son fief. Et c’est ainsi depuis des années.
Les calotropis, plante utilisée pour guérir certaines maladies et dont les fleurs très odorantes sont souvent utilisées dans la fabrication de bouquets floraux dans certaines régions, poussent comme des champignons partout en ce lieu légendaire qui a vu naître le fondateur du Mouridisme.
Savoir que la sève blanche du calotropis renvoie à la paix fait penser que rien n’est fortuit dans la vie du cheikh, qui a eu recours à une résistance pacifique pour faire triompher l’islam.
« L’abreuvoir des assoiffés », comme le désigne ses fidèles, s’était totalement mis au service de Dieu au cours de son séjour terrestre, par la force du savoir et la maîtrise que garantit la sagesse.
A l’origine du nom, un arbre fruitier et thérapeutique
Mbacké Khéwar doit pourtant son nom à un autre arbre, le cerisier du Cayor. Une espèce typiquement forestière et fruitière qui ne pousse plus dans cette zone.
Un cerisier du Cayor était situé là il y a longtemps mais a fini par disparaître. Des herbes y poussent dorénavant. Une petite mosquée a été construite à l’emplacement de ce « Khéwar ».
Cette plante bénéficiait d’une grande considération auprès des phytothérapeutes qui lui reconnaissaient bien des vertus, ses écorces par exemple étant conseillées pour soigner les maladies broncho-pulmonaires.
Elle combat également la douleur, selon le conservateur des cimetières de Mbacké Khéwar.
Les populations de la contrée, bien au fait de ces considérations, venaient cueillir ses feuilles et récolter son écorce pour leurs besoins thérapeutiques. L’arbre n’y a pas survécu.
Dans un environnement de plus en plus gagné par les constructions modernes, une petite mosquée peinte en blanc signale le lieu de naissance de Cheikh Ahmadou Mbacké. A gauche de la concession, une case qui sert d’abri en cas de pluie pour se protéger du soleil.
Juste à côté, une chambre qui sert de salle de repos où se retrouvaient des hôtes du cheikh, nous rapporte Serigne Moctar Mbacké.
Cheikh Ahmadou Mbacké a vécu enfant avec ses parents à Mbacké Khéwar pendant 3 mois, avant de se retrouver à Khourou Mbacké. Des années plus tard, son oncle paternel le ramenait souvent dans son village de naissance.
Plus loin, en face du lieu qui a vu naître le Cheikh, sur la route principale, un long mur cimenté clôture les cimetières de Mbacké Khéwar.
A gauche, de l’autre côté, une prochaine résidence dédiée à Serigne Touba, un vaste site en chantier qui abritait le stade pour la commune de Mbacké. Lequel a été démoli cette année sur instruction du khalife général des mourides.
Serigne Mountakha Mbacké ne pouvait concevoir que ce lieu, situé en face des cimetières où repose son ancêtre, soit devenu un stade.
Les Baye Fall sont en charge de ce projet qui inclut une grande mosquée.
Non loin de la demeure où le cheikh est venu au monde, se trouvent les cimetières de Mbacké Khéwar où repose notamment Serigne Mame Mor Diarra, frère de Serigne Touba, ses fils Mouhamadou Abdou Khadr et Serigne Mouhamadou Yadali, ainsi que sa fille aînée Sokhna Fatou Dia.
Fief des Boussobé
À la création de Mbacké Khéwar, vers 1780, un délégué de quartier a été désigné par la famille de Mame Mor Diarra pour administrer le village. Une grande cour située entre la résidence de Mame Mor Diarra et les cimetières de Mbacké Khéwar, sont la marque de cet héritage.
Cette cour est le lieu de résidence de la famille Boussobé, celle de Mame Diarra Bousso, mère de Serigne Touba.
Dans cette grande concession, se trouve un imposant arbre dénommé « Yir ». D’après Serigne Bassirou Boussobé, c’est sous cet arbre que Serigne Touba a entamé la rédaction de son célèbre xassida (poème) « Mazalikoul djinane » (La voie du paradis).
Selon la tradition, Cheikh Oumar Foutiyou Tall a séjourné en ces lieux.
Dans cette partie de Mbacké Khéwar, tout le monde porte le nom de Bousso. Ils sont habilités à diriger les prières à la grande mosquée de Touba parmi tant d’autres honneurs, sur instruction du khalife général des mourides.
Ce site relève également d’un titre foncier appartenant à la communauté mouride. Il abrite un grand marché de bétail, la gare de Mbacké étant située un peu plus loin.
Il y a là également la première résidence de Cheikh Ahmadou Mbacké dont le site est conservé par la famille de Serigne Fallou Mbacké et qui n’est ouverte que pendant des occasions solennelles, comme quand il faut scruter la lune à la veille du Ramadan, le jeûne musulman