Le report de l’exploitation pétrolière jusqu’en 2024 ne sera pas sans conséquences sur l’exécution budgétaire 2023. Inexorablement, le gouvernement du Sénégal devra faire des arbitrages efficients pour la mise en œuvre effective des projets prioritaires structurants inscrits dans le cadre du Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (Pap2a), notamment, dans les domaines agricole et pharmaceutique.
Le 18 juillet dernier, l’opérateur Woodside, détenteur de 82% du gisement pétrolier de Sangomar, annonçait le report de la date de production des premiers barils de pétrole au Sénégal, initialement arrêtée pour une énième fois au dernier trimestre 2023. Et pour cause, la compagnie pétrolière dit avoir décelé de nécessaires correctifs sur les travaux liés au navire flottant de stockage et le déchargement de la production (FPSO).
Mais, ce énième report ne sera pas sans conséquences nettes sur l’exécution budgétaire 2023. Autrement dit, certains projets dits prioritairement structurants dans le cadre du Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (Pap2a) connaitront un retard ou alors un report dans leur mise en œuvre. Puisque les recettes prévisionnelles de l’exploitation pétrolière au dernier trimestre 2023 à hauteur de 51,6 milliards ne seront pas recouvrées. Par conséquent, certaines dépenses ne seront pas faites si le gouvernement est résolu à asseoir la rigueur budgétaire formellement demandée par le Fonds monétaire international (Fmi). A défaut, et par audace budgétaire, le gouvernement s’enlisera dans des emprunts obligataires interminables qui, à priori peuvent conduire le pays à des situations d’Etat lourdement déficitaire et ce, malgré l’exploitation de ses ressources pétrolières et gazières. Mieux, et par mesure de prudence, le gouvernement devra prendre en compte des facteurs exogènes et endogènes qui peuvent survenir à tout moment. Lesquels peuvent fausser tous les calculs prévisionnels du dynamisme de l’activité économique. Et le coronavirus Sars-Cov-2, responsable de la pandémie Covid-19 qui a fait immixtion sur la scène mondiale en début d’année 2020 le démontre à suffisance. Il s’en est suivi la crise Russo-Ukrainienne aux conséquences désastreuses sur le cours des marchés financiers, le défaut d’approvisionnement correct des marchés de la consommation, précisément la courbe ascendante de l’inflation au plan mondial.
Selon le Fonds monétaire international (Fmi), les recherches attestent qu’une solide position budgétaire est fondamentale pour assurer la stabilité macroéconomique, laquelle est de plus en plus reconnue comme un facteur essentiel à une croissance soutenue et au recul de la pauvreté.
Quelles options pour le gouvernement
Dans le cas de figure, beaucoup d’options s’offrent au gouvernement pour assurer une stabilité macroéconomique durable. Mais, les plus probables pour s’ajuster, c’est sans doute l’affectation des ressources, le resserrement budgétaire par la baisse des charges ou par la mobilisation de ressources par l’emprunt ou encore favoriser la mobilisation des ressources en augmentant les recettes et en réduisant les dépenses les moins productives entre autres options.
Macky ne verra pas son premier baril
C’est en août 2017 que le pétrolier Ecossais Cairn Energy annonçait avoir trouvé «un important gisement d’or noir dans le puits FAN South-1 ». Mais de 2014 à 2016, d’importantes quantités de pétrole et de gaz ont été découvertes au Sénégal. Cependant, les grandes sociétés pétrolières et gazières n’avaient pas livré tout le secret du potentiel de ces ressources naturelles qui pourraient impulser un progrès décisif du Sénégal. Un accomplissement de plus d’une cinquantaine d’années de tentatives visant à faire du pays une économie pétrolière. Ces découvertes importantes dont les premières retombées étaient attendues en fin 2023 ne verront pas le jour sous le magistère du président de la République Macky Sall qui prend fin en février 2024.