Le marché est devenu un terrain miné pour les ménagères. En plus de la hausse du prix de l’oignon, elles doivent également faire face à la cherté des légumes. Les marchands se dédouanent et pointent du doigt le début d’hivernage.
Le marché Gueule Tapée des Parcelles assainies de Dakar, située au niveau du rond-point « Case ba », est en pleine effervescence en cette matinée du mercredi 9 août. Il est 11h et c’est le grand rush. Les activités vont bon train et les commerçants tentent de répondre à la demande. Les marchands n’hésitent pas à interpeller les potentielles acheteuses qui passent d’un étal à un autre. Assis à même le sol, à l’ombre des parasols, ces vendeurs proposent des légumes en tout genre. Carottes, choux, navets, aubergines. Bref, il y a du tout pour remplir le panier de la ménagère. Mais, il y a un hic : les prix ont flambé.
Panier à la main, Khady Seck négocie le prix du kilo de patate. Emmitouflée dans une robe en coton, le foulard de tête bien attaché, la ménagère semble agacée par le prix proposé par le commerçant. Chaque matin, elle vient se ravitailler en denrées. Mais, ce jour de marché a un goût particulier pour cette mère de famille. Depuis quelques jours d’ailleurs, c’est en trainant les pieds qu’elle s’y rend. Pour cause, la trentenaire explique avoir constaté une hausse des prix des légumes. « J’achetais le kilo [de patate] à 500 FCfa et il me rétorque que c’est à 700 FCfa aujourd’hui », dit-elle, un brin agacé. Cette habituée de ce lieu de commerce a donc du mal à digérer la hausse.
Fatou Sène tient une gargote à quelques encablures de ce populeux marché de légumes. Cette dernière a déjà fait ses courses et est en pleine préparation. La restauratrice s’active à finir la cuisson du riz blanc qui va accompagner le « mafé ». Cette journée est loin d’être semblable aux autres. Avec la hausse du prix de l’oignon et des légumes, Fatou confie avoir du mal à s’en sortir ces derniers jours. Cependant, ce n’est pas une nouveauté pour la restauratrice. « On a l’habitude parce qu’à chaque hivernage, on vit la même situation », dit-elle.
L’hivernage, la racine du mal
C’est une journée comme une autre pour les commerçants du marché Gueule Tapée. Entre deux clients, ces jeunes vendeurs discutent de tout et de rien. La hausse des prix des légumes semble être un épiphénomène pour ces derniers. Pape Niang affirme que cette hausse est due à la période. Habitué du marché de légumes de Notto Gouye Diama, village situé à l’ouest du pays, à 23 km de Thiès, il explique la hausse des prix par le fait qu’une grande quantité de la production pourrit dans les champs. « La chaleur, une baisse de la pluviométrie et l’insuffisance d’infrastructures de stockage » sont, à ses yeux, les causes de la tension actuelle sur les prix. Le jeune homme qui s’active aussi dans le maraichage explique avoir revu les prix de certains légumes à la hausse. Il vend le kilo de choux entre 1000 et 1200 FCfa au lieu de 600 FCfa habituellement. Le kilo d’aubergine amer est également passé de 700 à 1200 FCfa.
Un peu plus loin, Amy Fall est en pleine activité. Elle tente de satisfaire ses clients. La vendeuse a également dû revoir ses tarifs à la hausse. « Le manioc qui coutait 400 FCfa est vendu à 600 FCfa le kg », renseigne-t-elle d’un air dépité. Elle aussi pense que c’est à cause de l’hivernage. Il faut croire que maraîchage et hivernage ne font pas bon ménage !