Le Parti socialiste (Ps) n’aura pas de candidat pour la présidentielle de 2024. Les Verts ont décidé de se ranger derrière le candidat choisi par Macky Sall pour Benno Bokk Yaakar ( Bby). Au sein de la formation fondée par Léopold Sédar Senghor, des voix se sont élevées pour dénoncer la décision prise jeudi dernier lors du Secrétariat exécutif national (Sen) de ne pas présenter un candidat. Une décision prise par Aminata Mbengue Ndiaye et son cercle restreint. C’est du moins ce qu’affirment les jeunes de ce vieux parti politique et particulièrement l’Initiative – Réflexion – Action Socialiste (IRAS). Cette entité a récusé cette position soutenant qu’il n’est pas question de se plier à cette décision unilatérale. Dans un communiqué remis à la presse le dimanche, l’IRAS considère comme sans objet le contenu des échanges issus du dernier secrétariat exécutif national (SEN), tenu le 5 Juillet 2023. Cela laisse donc présager une implosion du vieux parti.
Le Secrétariat exécutif national du Parti Socialiste (PS) s’est réuni le jeudi dernier. C’était pour prendre une forte décision par rapport à son compagnonnage avec la mouvance présidentielle après la déclaration de non candidature du président Macky Sall. Cette rencontre a forcément suscité beaucoup de curiosité au sein de l’opinion qui pensait que les verts vont tracer un nouvel itinéraire politique après douze ans d’alliance avec le Président Sall. Mais à l’issue de cette rencontre, jugée décisive par certains, la décision « unilatérale » prise, à travers un communiqué, consiste à rester au sein de Benno Bokk Yaakaar (BBY). Autrement dit, les verts ont écarté toute idée de présenter un candidat en 2024. Les premiers enseignements qu’il faut tirer de cette divergence, c’est que les héritiers de Léopold Sédar Senghor, pris de court, apparemment par la décision de Macky, mettaient leur avenir politique immédiat sur une éventuelle troisième candidature. Cela n’ayant pas eu lieu, les socialistes semblent plus que jamais plongés dans l’incertitude. Une situation qui compromet aussi leur compagnonnage avec la coalition BBY regorgeant beaucoup plus d’intérêts que de conviction. Pour certains militants de souche, l’appel lancé pour une retrouvaille de la grande famille socialiste n’est rien d’autre qu’un cri de désespoir. Et malheureusement, même s’il n’y avait pas ce contexte actuel, cet appel aurait peu de chance d’être entendu par les différentes entités nées de l’effritement au fil des années du parti de Colobane. En fait les plaies qui sont à l’origine du départ de ceux à qui on tend la main aujourd’hui, restent toujours béantes. Pire, les plaies ont été rouvertes par le congrès sans débat tenu en 1996 pour promouvoir feu Ousmane Tanor Dieng (Paix à son ame) qui dirigeait le clan des refondateurs contre le gré de la plupart des dignitaires de la « Maison verte » qu’on appelait à l’époque, le camp des légitimistes. Pour rappel, cela avait créé une grande fissure. Feu Djibo Ka, frustré par ce choix du Président Abdou Diouf, avait mené une fronde provoquant son exclusion du parti. D’où la création de son parti l’Urd pour poursuivre son combat politique. Et en 1998, il réussit à obtenir un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. En signe de protestation, le tout puissant Robert Sagna qui contrôlait pratiquement toute la Casamance, à l’époque, avait suspendu, lui aussi, ses activités au sein du parti. Pendant longtemps, il était aux abonnés absents lors des réunions hebdomadaires du bureau politique. Il a fallu une forte pression des sages du parti pour le ramener à Colobane. Mais malgré tout, il continuait à dénoncer ce centralisme politique imposé à la tête de leur parti.
Une chasse aux sorcières…
Cependant, malgré ce second coup dur, le Ps de feu Ousmane Tanor Dieng premier secrétaire n’avait jamais cherché à chasser les démons de la division. Au contraire, il avait entrepris une chasse aux sorcières contre tous ceux qui contestaient la manière dont le parti lui a été dévolu. Il crut dur comme du fer qu’il réussirait à redynamiser le parti avec ses fidèles sans la vieille garde, créant de nouvelles frustrations. Une goutte de trop qui avait poussé Moustapha Niasse à claquer la porte. La défection du ‘’Sage’’ de Keur Madiabel parti avec beaucoup de cadres du Ps qui lui étaient fidèles, sera un autre coup dur pour les verts. Finalement, Tanor se résolut à travailler avec ses fidèles qui, en réalité, n’avaient aucun poids politique au niveau des coordinations. Pour coordonner et renforcer la direction exécutive, Ousmane Tanor Dieng avait recruté des amis-experts qu’il donnait rendez-vous à la corniche ouest de Dakar à l’occasion de ses séances de footing. Il est vrai que ces « amis » étaient tout sauf de bons collaborateurs politiques parce qu’ils ne faisaient que ramener de faux porteurs de voix tous les week-ends. ‘’Ces porteurs de voix’’ se réclamant de mouvements fantômes venaient avec des listes fictives de militants qu’ils lui présentaient. Fondant son espoir sur ces faux mouvements affiliés à « OTD » pour l’ascendance du parti et donc pour la réélection du président Abdou Diouf en 2000. Ce qui devait arriver arriva ! Le président Abdou Diouf fut malmené au premier tour avant de mordre la poussière au deuxième face à son éternel adversaire Me Abdoulaye Wade qui avait bénéficié du soutien de Moustapha Niasse, arrivé 3e au premier tour avec 16,8% des suffrages.
Le départ des caciques du Parti
Alors qu’on s’attendait à une démission collective du bureau politique, comme c’est de coutume, après une défaite, le premier secrétaire fera fi de cette règle élémentaire en politique, refusant systématiquement de démissionner. Cela provoquera d’autres défections dans les rangs du Ps. Après l’avoir, en vain, poussé à la démission, des caciques du parti vont tout bonnement décider de quitter, eux aussi, la baraque. Parmi eux, il y a Robert Sagna, Abdoulaye Makhtar Diop, Souty Touré, Mamadou Diop, Madia Diop etc. Ces derniers reprochaient au premier secrétaire et son clan de continuer à gérer le parti comme une propriété privée. Ces frondeurs créeront leurs propres entités politiques et continueront à défendre leurs idées dans la scène politique. Plus tard, Khalifa Sall allait payer de ses convictions politiques qui ne cadraient pas avec la position de Tanor et ses fidèles collaborateurs. Khalifa Sall fut persécuté et muselé pour avoir exprimé ses ambitions. Cela aura pour conséquence, un nouvel éclatement du Ps. Ce qui fait dire que cette situation actuelle du PS décidé à se faire biberonner par un autre parti non structuré (Apr) n’est guère une surprise. Tous les observateurs avisés savaient qu’un jour ou un autre, le Ps ou ce qui reste encore de ce parti historique, après tant de départs, allait s’affaiblir au point qu’il ne pourra plus rebondir. Aujourd’hui, on n’a pas besoin d’être un politologue pour savoir que l’empire socialiste tend vers un déclin irréversible. Et cela, même si de façon extraordinaire, les différentes formations politiques, sorties de ses flancs, acceptaient le retour au bercail et la refondation de la grande famille socialiste à laquelle les invitent les actuels tenants du parti. Une famille socialiste dont la quasi-totalité des formations ou « membres » n’existent plus que de nom.