Lauréate du Prix littéraire « Les Afriques », Imbolo Mbue, de nationalité camerounaise et américaine a reçu, samedi 24 juin, à Genève, sa distinction. L’écrivaine reçoit une enveloppe de six mille francs suisses et une œuvre d’art du grand peintre sénégalais Dr Momar Seck. En outre, la Maison d’édition Flore Zoa, initiatrice de ce prix depuis 2015, achète les droits de l’œuvre primée pour la zone « Afrique francophone » en cas d’accord avec l’éditeur.
Puissions-nous vivre longtemps », le livre d’Imbolo Mbue, traduit de l’anglais par Catherine Gibert et paru le 4 février 2021 aux éditions Belfond, a remporté Le Prix « Les Afriques 2022 » a été remis samedi 24 juin, à l’occasion du vernissage de l’exposition de l’artiste-peintre Dr Momar Seck, à l’Espace Le Nouveau Vallon, à Chêne-Bougeries. Le prix est entièrement financé par une avocate suisse d’origine camerounaise, Maître Flore Nda Zoa qui, avec Momar Seck, ont à cœur de soutenir la création africaine et afro descendante. Le jury a salué un très bon récit, centré sur deux grands thèmes : la déconstruction d’un village par la pollution pétrolière d’une entreprise américaine, et la lutte de ses habitants.
Si l’intrigue se déroule dans une bourgade imaginaire d’Afrique de l’Ouest, le lecteur, lui, pourrait aussi bien la situer en Rdc au cœur du Bassin du Congo, dans le nord-ouest nigérian, que dans tout le golfe de Guinée, c’est-à-dire partout où les intérêts économiques des multinationales comptent plus que les êtres humains. Le Prix littéraire « Les Afriques » a été créé en 2015, par l’association de lecteurs « La Cène Littéraire ». Décerné annuellement, le prix est ouvert à tout écrivain africain ou afrodescendant, auteur d’une fiction. « Cette fiction doit mettre en exergue une cause humaine, sociétale, idéologique, politique, culturelle, économique ou même historique, en rapport avec l’Afrique, ou avec sa diaspora », selon Maître Flore Nda Zoa.
LA LAURÉATE
Imbolo Mbue est une écrivaine camerouno-américaine d’expression anglaise. « Puissions-nous vivre longtemps » est son deuxième roman, après « Voici venir les rêveurs ». Elle vit à Manhattan, aux États-Unis. Née en 1982, elle arrive aux États-Unis en 1998. À l’âge de 16 ans, la lecture de l’œuvre de Toni Morrison, « Le Chant de Salomon », la convainc d’écrire. Elle publie une première nouvelle « Emke » dans la revue The Threepenny Review. Ce court récit relate, dans un style proche du réalisme magique, les derniers jours de la vie d’un homme africain soigné dans un hôpital américain pour une « maladie du sang ». En 2014, selon des informations publiques, à la Foire du livre de Francfort, les plus grands éditeurs américains, convaincus de son talent et de ses potentialités, font monter les enchères pour publier le premier manuscrit de la Camerounaise de 33 ans encore inconnue du public. C’est finalement Random House qui l’obtient pour 1 million de dollars. Pendant deux ans, Imbolo Mbue travaille à améliorer ce manuscrit. Le roman raconte une histoire d’immigration, celle de Jende Jonga et de sa famille, venus de Limbé au Cameroun jusqu’à New York pour accéder au « rêve américain ».
Jende devient chauffeur pour un riche banquier de Lehman Brothers et se trouve ainsi pris dans la tourmente au moment où éclate la crise des subprimes. « The Longings of Jende Jonga », ce premier roman est modifié par l’éditeur qui estime que « Behold the Dreamers » est mieux adapté au marché américain. L’œuvre fait l’objet d’une longue campagne marketing, préparant sa sortie en août 2016 aux États-Unis. En France, c’est l’éditeur Belfond qui l’a pré-acheté, avant même le rendez-vous éditorial de Francfort, et qui le sort également en août 2016. Le roman remporte le Pen/Faulkner Award 2017. Son deuxième roman « How Beautiful We Were » paru en 2021 et publié en français sous le titre « Puissions-nous vivre longtemps » a gagné le prix littéraire « Les Afriques 2022 » que l’écrivaine reçoit, ce jour, à Genève.