Monsieur le Président de la République, dans le souci d’alléger les charges de la population et de réduire la cherté du coût de la vie, vous avez posé des actes nobles et salutaires. Parmi ces actes qui nous touchent en tant que parents d’élèves mais aussi en tant que chefs d’établissements figure la réduction des frais d’inscription dans les établissements scolaires.
Cependant cette décision de portée sociale risque d’avoir des conséquences fâcheuses pour le système éducatif de même que pour la population.Etant parent d’élèves, cette mesure qui réduit les frais de scolarité de nos enfants est salutaire, surtout pour les parents ayant cinq à six enfants voire plus à inscrire.
Toutefois, sans minimiser ce geste, votre générosité et votre largesse auraient beaucoup plus d’impacts quantitatifs et qualitatifs, si vous aviez pris en charge l’achat de fournitures scolaires et de manuels pédagogiques.
Le budget que nous consacrons à l’achat de cahiers et de livres au programme est de loin supérieur au montant des frais d’inscription qui s’élève au maximum à dix mille francs CFA (10.000 f). Pour rappel,
Monsieur le Président de la république, en 2014 quand le budget des établissements scolaires était drastiquement réduit, tous les Conseils de Gestion des Etablissements (CGE), seuls organes habilités à mobiliser et à gérer les ressources au niveau des établissements (Décret 2000-337 du 16 juin 2000), avaient décidé d’augmenter le montant des frais d’inscription pour combler les gaps et faire fonctionner correctement les établissements.
Aujourd’hui, votre volonté de réduire le montant des frais d’inscription, matérialisée par l’arrêté interministériel N° : 007430 du 27mars 2023, risque de plomber le fonctionnement des établissements scolaires, de déteindre sur les activités pédagogiques et pire encore, de faire perdre à des mères et pères de familles leurs emplois, leurs seules sources de revenus.
En effet, la somme collectée au titre des frais d’inscription, appelée ressources additionnelles par opposition aux ressources allouées qui représentent le budget accordé par l’Etat, servent à payer le personnel de service (gardiens, balayeurs, femmes de charge) de même que les techniciens en maintenance pour le matériel informatique et de reprographie et les agents administratifs (secrétaires, vaguemestres car n’ayant plus d’instituteurs affectés comme secrétaires surveillants dans les lycées).
Par ailleurs, avec l’arbitrage du CGE dans lequel les parents d’élèves, les collectivités territoriales, les élèves et les enseignants sont représentés (Décret 2000-337 du 16 juin 2000), cette somme est aussi utilisée pour l’achat de matériels pédagogiques et didactiques, de pièces de rechange pour le matériel de reprographie. Et mieux encore, elle permet de prendre en charge les élèves en difficultés à travers l’Observatoire de la Vulnérabilité à la Déperdition Scolaire (OVDS.)
Partant de tout cela, Monsieur le Président de la république, votre volonté de bien faire en réduisant le montant des frais d’inscription va causer d’énormes problèmes. Ainsi par manque de ressources financières suffisantes pour payer les salaires, des pères et mères de famille risquent de perdre leurs emplois. De plus, Le pilotage des établissements scolaires pour la réalisation de bonnes performances sera hypothétique.
Et cette situation pourrait être source d’instabilité avec des grèves de la part des élèves ou des enseignants (pour manque de matériels pédagogiques et didactiques ou rupture de consommables informatiques). De nouveaux points s’ajouteront alors sur la liste des revendications non encore satisfaites.
Et pire encore, cela pourrait avoir un impact social néfaste par un mécontentement des populations malgré les efforts immenses que vous avez consentis pour booster la qualité de l’Education et de la Formation professionnelle.Ceux qui vous ont soumis cette requête, Monsieur le Président de la république, n’ont pas surement mis à votre disposition tous les éléments d’appréciation. Il urge alors, Monsieur le Président de la république, d’apporter des correctifs par des mesures d’accompagnement avant l’ouverture prochaine des classes.
Proviseur Moustapha SENE coordinateur de l’amicale des chefs d’établissements du secondaire du Sénégal antenne académique de Dakar