L’Afrique ne dispose pas d’une capacité financière suffisante pour assurer sa transition énergétique. La capacité solaire installée par la Chine sur la seule année 2022 représente 10 fois toute la capacité solaire déjà disponible en l’Afrique. Alors que le continent dispose d’un potentiel énergétique considérable.
Le continent africain n’a capté que 4,16% des investissements réalisés dans les énergies propres dans l’ensemble des pays émergents et en développement en 2022, selon un rapport publié le 21 juin par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et de la Société financière internationale (SFI).
Intitulé « Scaling up private finance for clean energy in emerging and developing economies », le rapport précise que 32 milliards de dollars seulement ont été investis dans les énergies vertes en Afrique durant l’année écoulée sur un total de 770 milliards de dollars injectés dans les pays du Sud.
Avec 511 milliards de dollars, la Chine accapare les deux tiers du total des investissements injectés dans les économies émergentes et en développement. Fait très révélateur sur la domination chinoise : l’empire du Milieu a installé 100 gigawatts (GW) de nouveaux panneaux solaires sur la seule année 2022, soit près de 10 fois plus que l’ensemble des capacités photovoltaïques déjà installées en Afrique.
En comptant l’Inde et Brésil, ce sont plus de 75% des investissements dans les énergies vertes qui ont été orientés vers les trois grandes économies émergentes.
L’ensemble des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure n’ont cependant attiré que 7% des investissements. Ces pays concentrent pourtant la totalité des 775 millions de personnes qui n’ont encore accès à l’électricité et les 2,4 milliards de personnes qui n’ont pas accès à des moyens de cuisson propres.
Le rapport souligne d’autre part que les investissements dans les énergies propres, qui sont nécessaires pour couvrir les besoins des économies émergentes et en développement et atteindre les objectifs requis pour limiter le réchauffement planétaire, devront plus que tripler par rapport à leurs niveaux de 2022 pour atteindre 2200 à 2800 milliards de dollars par an à partir du début des années 2030 et jusqu’en 2050.
Si l’on exclut la Chine, l’augmentation des investissements est encore plus forte, revenant à multiplier par sept les investissements de 260 milliards recensés en 2022 pour les porter à un niveau de 1400 à 1900 milliards de dollars par an à partir de 2031.
60% des financements devraient provenir du secteur privé
En Afrique, les investissements dans les énergies vertes devront passer de 32 milliards de dollars en 2022 à une fourchette de 160 à 203 milliards de dollars annuellement entre 2026 et 2030, puis à entre 207 et 265 milliards par an à partir de 2031.
Ces besoins en investissements supplémentaires les pays du Sud autres que la Chine vont bien au-delà d’une réaffectation des investissements existants dans les combustibles fossiles vers les technologies propres et de la seule capacité de financement public, ce qui rend urgent de mobiliser rapidement des financements privés beaucoup plus important pour les projets d’énergies propres.
L’AIE et la SFI estiment dans ce cadre qu’environ 60 % du financement des investissements dans les énergies propres dans les pays en développement et émergents en dehors de la Chine devront désormais provenir du secteur privé.
Ces besoins en financements provenant secteur privé avoisinent 900 à 1100 milliards de dollars par an à partir du début des années 2030, contre 135 milliards seulement en 2022.
A quelques exceptions près, la vague d’investissements supplémentaires dans les énergies vertes dans les pays du Sud n’est pas encore visible, bien qu’elle soit une condition préalable non seulement à la lutte contre le changement climatique, mais aussi à la réalisation de bien d’autres objectifs de développement durable (ODD) tels que la réduction de la pauvreté, la bonne santé & le bien-être ou l’éducation de qualité.
Outre les financements provenant du secteur privé, le rapport met en avant d’autres leviers tels que l’exploitation du potentiel des obligations vertes, l’accroissement des financements concessionnels (à taux préférentiels) pour les projets qui impliquent des technologies encore risquées ou peu compétitives, tels que le stockage d’électricité, l’éolien marin, ou encore l’hydrogène bas carbone. Il recommande par ailleurs le lancement de plusieurs réformes telles que la réduction des subventions aux combustibles fossiles, la réduction des délais d’octroi de licences, la levée des restrictions sur la propriété privée ou étrangère et la modification des politiques de tarification inappropriées qui créent des obstacles à l’investissement ou augmentent le coût des projets d’énergie propre.