« On marche, on marche de plus en plus partout dans le pays, chez les jeunes de 4 à 80 ans ». On pasticherait volontiers Michel Sardou et son tube intemporel « La maladie d’amour » de la 2e moitié du siècle dernier, pour donner une idée du … virus de la Randonnée pédestre qui se répand sur le territoire national. Des clubs plus ou moins formalisés naissent de partout. Et ce n’est point un effet de mode. C’est plutôt parce que la randonnée pédestre, en plus de ses bienfaits sur la santé de ses pratiquants, permet aussi à ses adeptes de découvrir du pays et d’élargir le cercle de leurs connaissances.
Réalisé par B. Khalifa NDIAYE » LE SOLEIL »
Quatre-vingt-sept clubs répertoriés à Dakar et 107 au niveau national. La randonnée pédestre gagne chaque jour du terrain à travers le pays. Passée de Comité national provisoire (Cnp) à Fédération nationale en 2016, la randonnée pédestre se décline de plus en plus en ligues régionales et en districts départementaux, avec pour objectif ultime de mailler tout le territoire national. Aujourd’hui, 7 des 14 régions du pays ont installé leur ligue, notamment Dakar, Thiès, Tambacounda, Kaolack, etc. « Il nous reste encore quelques départements à investir, comme Sédhiou et Matam et Podor dans le nord », selon Mame Saliou Sall, le président de la Fédération sénégalaise de randonnée pédestre (Fsrp).
Le travail continue donc, surtout en direction des randonneurs n’ayant pas encore de cadre formel ou formalisé. Ce qui rend difficile aujourd’hui le recensement plus ou moins exact du nombre de pratiquants pour avoir des statistiques fiables. Cela n’empêche cependant pas la tenue, presque tous les weekends, de journées de randonnées à travers le pays, pour une moyenne de 1000 marcheurs par séance. Celle organisée le 28 mai dernier à Tivaouane, avait même enregistré la participation de 1753 personnes de tous âges. Ce dont s’était chaleureusement félicité le président du club local, le colonel Oumar Kane. « Après une première aussi réussie, nous avons décidé de pérenniser la manifestation et de la tenir désormais tous les ans », avait soutenu l’ancien commandant des Sapeurs-pompiers de la cité religieuse.
La rencontre avait en effet confirmé la vocation de « lieu de convivialité et de communion capable de régler beaucoup de problèmes sociaux ». D’ailleurs, le président de la Fsrp compte bien rendre sa discipline préférée, sport d’entretien et de loisirs, la plus inclusive possible. Et à plus longue échéance, tendre vers la Randonnée d’endurance, c’est-à-dire de compétition, à travers la Confédération africaine de randonnée pédestre et de bien-être dont la Côte d’Ivoire assure la présidence et le Sénégal la première vice-présidence.
Une discipline transversale
« Un sport d’entretien et de loisirs » ! C’est ainsi que Mame Saliou Sall, le président de la Fédération sénégalaise de randonnée pédestre (Fsrp) définit la discipline dont il a la charge depuis le 20 octobre 2021. C’est pourquoi, bien que sous la tutelle du ministère des Sports, la Fsrp se félicite d’apporter un complément et un appui aux efforts du ministère de la Santé en ce qu’elle lutte contre la sédentarité et donc les maladies cardiovasculaires. D’après M. Sall, « la randonnée pédestre est l’une des disciplines sportives les plus transversales ». Car, de plus en plus, le concept de Randonnées thématiques prospère à travers le pays avec des plaidoyers qui sont portés lors des journées nationales organisées dans différentes villes. Ainsi, le mois dernier, après la sensibilisation autour des « stratégies de désenclavement et d’assainissement de notre zone impactée par les inondations » lors de la marche sportive de Kounoune dans la banlieue de Dakar, Tivaouane a axé son message sur « le sport au service du développement et de la paix », deux semaines plus tard lors de sa « randonnée – Ziar ». Un peu plus tôt, une « randonnée zéro déchet » avait alerté sur les dangers du plastique.
La randonnée pédestre comporte également un volet « Découverte » et même « Tourisme ». Une journée à Kédougou a ainsi permis aux passionnés de la marche sportive de visiter les chutes de Dindifélo et d’avoir été jusque chez le peuple Bédik à 850 mètres d’altitude. En attendant, prochainement, d’aller sur Diembéreng (en Casamance) et les Iles du Saloum dans le cadre de la promotion du tourisme local, la Fsrp s’emploie même, hors des frontières nationales, à vendre la destination Sénégal. Ainsi, dernièrement, M. Lamine Camara, le 2e vice-président de la Fsrp a fait un exposé à Paris sur le Tourisme au Sénégal en marge d’une manifestation à laquelle sa structure avait été invitée.
Si le sport, facteur de bien-être physique, est considéré de manière générale comme facteur de paix et de rapprochement, la randonnée pédestre se veut « un moyen de communion et de rencontres sociales » en ce qu’elle permet de réunir en une même unité de lieu et de temps des jeunes de 4 ans et des vieux de 80 ans. Et donc, selon le président de la Fsrp, Mame Saliou Sall de « favoriser la compréhension mutuelle et d’éviter les conflits de générations ».
Quatre grands axes pour aller de l’avant
Ce n’est pas sans une pointe de fierté que Mame Saliou Sall, le président de la Fédération sénégalaise de randonnée pédestre (Fsrp) raconte l’anecdote. « Lorsqu’à notre installation, nous avions fini de décliner notre plan-programme, le ministre des Sports d’alors Matar Ba nous a dit qu’il attendait de nous une feuille de route mais on lui a présenté un cahier de route », rappelle-t-il. C’était en octobre 2021 ; et aujourd’hui, M. Sall se félicite d’avoir réussi les deux premiers des quatre grands axes qu’il avait dégagés devant la tutelle. « D’abord, révèle-t-il, la réunification de la famille de la randonnée pédestre est une réalité, parce que nous sommes allés vers les gens pour leur expliquer les enjeux et la politique inclusive que nous entendons mener ». Et selon lui, les ligues, districts et clubs visités y ont totalement adhéré, en attendant de poursuivre les rencontres. « Ensuite nous nous sommes attelés à la formation des randonneurs et des personnes habilitées ont été coptées pour expliquer les textes aux pratiquants ».
Pour les deux derniers axes par contre, il y a encore du travail à faire. À commencer par le maillage complet du territoire national. Après Dakar, Kédougou, Tambacounda, Ziguinchor, Thiès voire Linguère notamment, il reste d’autres localités à visiter et à contribuer à faire entrer dans le mouvement général. Et au plan international, « le Sénégal qui est un des pionniers de la randonnée pédestre en Afrique doit retrouver son leadership sur le continent au sein de la confédération africaine », estime le président de la Fsrp.
Des accords de coopération ont par ailleurs été signés avec la fédération française, le mois dernier à Paris et des contacts avancés ont été noués avec la Slovénie, un pays où la randonnée pédestre est massivement pratiquée.
ABDOUL OUMAR DIAGNE
Le marathonien des randonnées-découvertes
Linguère, Saint-Louis, Ziguinchor, Mbour, Kédougou, Tivaouane, Tambacounda… Toutes ces villes de l’intérieur du pays et beaucoup d’autres ont au moins une fois compté Abdoul Oumar Diagne parmi leurs randonneurs – visiteurs. C’est que depuis 2002, cet employé de Grafisol, l’imprimerie du quotidien « Le Soleil », promène son imposante carcasse sur tous les circuits du Sénégal. Sociétaire du club de Baobabs de Dakar, il lui arrive très rarement de rester un weekend sans prendre part à une randonnée pédestre. Si bien qu’il a sillonné pratiquement tous les circuits de la capitale et de sa banlieue. « Et les rares fois où une randonnée pédestre n’est programmée ni le samedi ni le dimanche, je fais de la course à pied », témoigne Abdoul Oumar Diagne.
En bon sportif, ce Saint-Louisien de naissance connait parfaitement les bienfaits de la pratique régulière de la randonnée pédestre sur la santé de l’homme. En plus, c’est pour lui un très bon moyen de « faire connaissance avec des gens de tous bords, de tous âges et de toutes corporations. Et elle me permet de découvrir de nouvelles zones du territoire national et de nouveaux horizons », soutient-il.
Selon Abdoul Oumar Diagne, « on a longtemps pensé que la randonnée pédestre était une affaire de personnes âgées. Certes celles-ci sont les plus concernées parce que ne pouvant pas se permettre d’intenses efforts physiques ; mais actuellement de plus en plus de jeunes s’y mettent ». Ce qui élargit le bassin de randonneurs avec des clubs qui naissent un peu partout et des entreprises qui encouragent leurs employés à la pratique de « la marche sportive ».
Depuis plus de 20 ans qu’il parcourt la capitale et le pays pour prendre part aux randonnées, Abdoul Oumar Diagne soutient qu’« il n’y a pas d’âge – limite en la matière ». Alors, aussi longtemps que son souffle le portera, il sillonnera les circuits de la capitale et d’ailleurs. D’ailleurs, à l’heure qu’il est, il doit être en train de préparer le rendez-vous de dimanche prochain. Qu’importe la ville où sa passion l’appellera…
« LE SOLEIL »