Alors que l’émissaire de l’ONU au Soudan Volker Perthes a été déclaré persona non grata par le gouvernement de Khartoum, la question de l’utilité de l’ONU se pose à nouveau.
Le 10 septembre 1960, alors qu’il est à Nantes, le général de Gaulle fulmine : il ne supporte pas que l’Organisation des Nations unies, dirigée alors par Dag Hammarskjöld, se mêle de la décolonisation. Il déplore alors la volonté du « machin qu’on appelle ONU » d’envoyer des Casques bleu au Congo belge.
À l’époque, le général français estime que l’ONU n’est qu’une émanation de l’ex-Société des Nations (SDN), qui « s’exaltait de ses propres principes surtout lorsqu’il s’agissait de condamner théoriquement la guerre ». Autrement dit, même en condamnant la guerre, la SDN n’avait pas réussi à empêcher la Seconde guerre mondiale.
Un peu plus de soixante ans plus tard, l’ONU est-il toujours aussi incapable d’empêcher les conflits ? Devenue un outil diplomatique qui multiplie notamment les résolutions, l’organisation semble avoir quelques difficultés, parfois, à s’imposer. C’est le cas au Soudan, où le gouvernement en place refuse de voir l’émissaire de l’ONU au Soudan, l’Allemand Volker Perthes, travailler depuis Khartoum. En Libye, un peu moins récemment, l’ONU n’a pas fait beaucoup mieux : l’instance internationale avait imposé un calendrier électoral qui n’a jamais été tenu. Depuis, on n’entend quasiment plus parler d’élections dans le pays nord-africain.
Échecs politiques
Mais à quoi servent, alors, les Nations unies ? En préambule de la Charte de l’ONU, les États membres se disent « résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre ». À première vue, l’objectif est utopique et l’ONU est loin d’avoir fait ses preuves dans ce domaine. « Les échecs sont sévères et l’ONU, qui regroupe 193 États, semble impuissante à résoudre les crises », écrivait un journaliste en 2018.
Des échecs notamment dus aux mésententes des puissances qui composent le Conseil de sécurité de l’ONU. Lorsque l’on voit qu’au sein de ce Conseil de sécurité se côtoient la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis, en tant que membres permanents, on comprend que l’instance n’est pas une et indivisible.
Car qui dit membres permanents dit droits de veto. Et lorsque l’on sait que chaque conflit est marqué par des ingérences étrangères, notamment russes et américaines, on comprend que cela rende inefficace l’ONU qui, de plus, « ne dispose juridiquement ni politiquement d’aucun moyen d’intervenir » dans les pays en conflit, verrouillés par des puissances faisant partie du Conseil de sécurité, indique Pierre Grosser, professeur de relations internationales à Sciences Po Paris.
Et même lorsque l’ONU est utile, difficile de garantir de façon durable la paix. En RDC, le patron des opérations de paix de l’ONU, le français Jean-Pierre Lacroix; a annoncé un retrait « graduel » de la force de maintien de la paix dans le paix.
Politiquement, donc, l’ONU n’est plus que l’ombre d’elle-même. Reste que l’organisation internationale qu’est l’ONU dispose de nombreuses autres organisations qui, elles, sont plus efficaces. Du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les organisations onusiennes ont fait leurs preuves.
Tout comme le Programme alimentaire mondial (PAM). Mais là encore, avec quelques remous. Après une enquête sur des détournements au sein du PAM en Éthiopie, le PAM a annoncé la suspension d’une partie de son aide alimentaire à l’Éthiopie.