Dos au mur devant l’ampleur des manifestations sanglantes dont le Sénégal a été le théâtre après le verdict de la chambre criminelle du tribunal de grande ins- tance hors classe de Dakar condamnant l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de pri- son ferme pour « corruption de la jeunesse », le chef de l’Etat, Macky Sall, s’est rendu en petit comité, dans la soirée du lundi 05 juin dans la ville sainte de Touba pour y rencontrer, à son domicile, le khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké. Les deux hommes ont eu une entrevue d’environ une heure.
Si les deux homme n’ont pas fait de déclaration à l’issue de leur rencontre, certaines indiscrétions indiquent que les échanges ont principalement porté sur la situation chaotique du pays engendrée par la condamnation du chef de file de l’opposition, Ousmane Sonko, à 2 ans d’emprisonnement ferme, sur la problématique de la troisième candidature du Président, l’organisation d’un véritable dialogue national pour échanger sur les préoccupations des uns et des autres afin d’y apporter des solutions idoines. Mais surtout,
Macky Sall aurait fait part au khalife général des Mourides de sa décision de renoncer à une troisième candidature. Une décision qu’il entend mettre sur la table du Dialogue national avec, comme conditionnalité, la prolongation de son présent mandat présidentiel de deux ans jusqu’à 2026 afin de lui permettre de remettre de l’ordre dans le pays et d’organiser des élections inclusives, paisibles et transparentes. Ce qui entraînerait de facto le report de l’élection présidentielle fixée au 25 février 2024.
Ce report qui serait entériné par le Dialogue national permettrait de mettre en l’état les candidatures des leaders de l’opposition tels que Khalifa Ababacar Sall de Takhawou Sénégal, Karim Wade du Parti démocratique sénégalais et… Ousmane Sonko du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la formation (Pastef-Les Patriotes), tous frappés d’inéligibilité. Des conditions sine qua non à ses yeux pour éviter au pays de sombrer dans des violences inutiles alors qu’on est de plain-pied dans l’exploitation de nos ressources pétrolières et gazières.
Pour sa part, le khalife général des Mourides qui aurait rappelé le contenu de son sermon de la dernière fête de Korité que ses émissaires avaient remis en mains propres au chef de l’Etat, a insisté sur l’impérieuse nécessité, pour tous les acteurs toutes obédiences confondues, de cultiver la paix et d’éviter de poser des actes qui pourraient embraser le pays. Sans pour autant donner sa bénédiction aux décisions politiques qu’envisagerait de prendre le chef de l’Etat, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké a prié pour un climat apaisé dans le pays.
Certains observateurs avertis du landerneau politique nous ont confirmé que la prolongation du mandat présidentiel de deux ans est effectivement inscrite à l’ordre du jour du dialogue politique. Plus exactement, certains participants pourraient proposer un tel gain de deux ans en faveur de l’actuel président de la République. Et selon nos interlocuteurs, l’opposition au- rait tort d’accepter ces deux ans supplémentaires qui vont permettre au camp du pouvoir de se réorganiser et de trouver un consensus autour d’une candidature pour l’élection présidentielle de 2026.
Une prolongation qui pourrait aussi, selon eux, être mise à profit par le président Macky Sall pour approfondir la division de l’opposition avant de la réduire à sa plus simple expression… Mais toutes ces informations sont bien en- tendu à prendre avec des pincettes vu que ni le président Macky Sall ni le Khalife Serigne Mountakha Mbacké n’ont révélé la teneur de leur entretien nocturne de ce lundi !