De plus en plus, les résultats d’autopsie ainsi que des certificats médicaux, commandités dans le cadre des procédures judiciaires ou d’enquêtes touchant des personnes qui ont des démêlés avec la justice ou mortes lors de manifestations ou suite à des accidents et autres incidents, se retrouvent sur la place publique, avant même qu’une partie des concernées ne soit au courant. Un phénomène récurrent qui expose les médecins en danger, quand on sait que les résultats sont toujours remis sous plis fermés à une autorité judicaire, dans la majorité des cas, et que ces «courriers» sont frappés du sceau du secret médical, sous peine de tomber sous le coup de la loi. Maintenant, reste à savoir, qui expose les médecins ?
Le phénomène semble désormais banal. De plus en des résultats d’expertises et/ou contre expertises médicales (autopsie, certificat médical…) commandités dans le cadre de procédures judiciaires ou enquêtes ou par des proches de victimes décédés suit à des incidents (manifestations, accidents, bagarres mortelles…) se retrouvent à la place publique avant même que les familles n’en prennent connaissance. Depuis la délivrance du certificat médical d’Adji Sarr, dans l’affaire du présumé viol qui l’oppose au leader du Pastef, Ousmane Sonko, et même bien avant, suivie de la publication des résultats d’autopsie, l’année dernière, du jeune tué à Ziguinchor dans les affrontements entre Forces de l’ordre et partisans du leader politique, toujours dans le cadre de ce dossier alors en instruction, et tout récemment les résultats de l’autopsie de Adji Diallo, du nom de la fille trouvée morte à la plage de Ngor, lors des échauffourées entre jeunes de ce village Lébou et Force de l’ordre (à Ngor), en passant par l’arrestation du patron de SumAssistance, les médecins se voient exposer dans l’exercice de leur fonction, menacer et même torturer psychologiquement.
Les résultats des examens, sur la demande de la justice, dans la plupart des cas, se retrouvent le lendemain dans les réseaux sociaux et les médias. Le secret médical qui couvre toutes les informations que le professionnel de santé à sur le malade, concernant son état de santé, son identité, ce qu’il lui a confié ou encore ce que le professionnel a vu, entendu, compris, sont mis à nu. Ces médecins qui sont régis par le secret médical ne peuvent nullement mettre ce document à la portée du public, sous peine de tomber sous le coup de la loi. Les résultats sont remis sous plis fermés à l’officier judicaire qui en a fait la commande.
Et, au Sénégal, dans les affaires de meurtre, dans le cadre de la justice, du maintien de l’ordre, entre autres, l’Ordre des médecins du Sénégal est toujours consulté pour mettre à disposition des experts dans les domaines concernés et ce même ordre est aussi associé à la lecture des résultats, à la demande du Parquet, pour une justice équitable et équilibrée. Mais, depuis un certain temps, des résultats se retrouvent dans la presse, dans les sites et les réseaux sociaux. Le travail de ces praticiens est même remis en cause et des expertises ou contre expertises sont demandés hors du pays, par certains, car craignant que les médecins soient de connivence avec les agents judicaires.
Seulement, il faut souligner que le médecin qui est régie par le secret médical peut, dans des situations, transmettre des informations uniquement aux ayants droit dans le cas où ceux-ci veulent connaître les causes de la mort, défendre la mémoire du défunt ou faire valoir leurs droits. Seulement, dans le cas de la fille tuée à Ngor, la famille a avancé avoir découvert les résultats de l’autopsie à travers le net. Et ce n’est pas une première.
Aujourd’hui, à l’image des magistrats, une certaine catégorie de médecins devront être protégés, afin d’éviter l’irréparable. Et, au niveau des Forces de défense et de sécurité, tous le processus, avec l’officier de Police judiciaire qui est assisté d’un docteur en médecine pour la rédaction du procès-verbal (PV) de l’état du cadavre et des circonstances relatives au décès, devra être conservés jusqu’à la fin de la procédure, à savoir la délivrance de l’autorisation d’inhumer.