Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, les solutions existent pour réduire drastiquement les émissions de CO2 dans le secteur des hydrocarbures d’ici 2030. Leur implémentation ne coûterait pas plus de 2 dollars par baril. Les compagnies qui les ont mises en œuvre polluent 4 fois moins que les celles qui n’ont encore rien fait pour assainir leur exploitation.
La Conférence sur le changement climatique COP28, qui se tiendra à Dubaï cette année, représente une occasion unique pour l’industrie pétrolière et gazière de démontrer son engagement envers la lutte contre le changement climatique. L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), par le biais de son Directeur Exécutif, Fathi Birol, a proposé plusieurs solutions pour aider cette industrie à réduire ses émissions.
Tout d’abord, l’AIE recommande de s’attaquer aux émissions de méthane et de mettre fin à la pratique du torchage non-urgent. Cette pratique consiste à brûler le gaz produit, libérant d’importantes quantités d’émissions dans l’atmosphère. Des technologies et des mesures existent pour réduire ces émissions de trois quarts en peu de temps. De plus, la majeure partie des dépenses nécessaires à la mise en œuvre de ces mesures peut être couverte par la vente du gaz capturé, rendant cette solution rentable.
Ensuite, l’électrification des opérations en amont est un autre levier clé identifié par l’AIE. Actuellement, les producteurs s’appuient souvent sur des générateurs diesel ou au gaz naturel fortement polluants pour alimenter leurs installations. Ils pourraient se connecter aux réseaux électriques ou utiliser des énergies renouvelables, comme le solaire photovoltaïque ou l’éolien couplé à des systèmes de stockage de secours, pour répondre à ce besoin dès aujourd’hui.
En outre, l’AIE encourage le développement de l’hydrogène à faibles émissions ainsi que la capture, l’utilisation et le stockage du carbone. L’industrie pétrolière et gazière est déjà à la pointe de ces technologies et devrait les utiliser davantage dans ses propres opérations. Cela contribuerait également à réduire les coûts et à offrir des avantages potentiels pour d’autres industries, comme l’acier, le ciment et les engrais.
L’AIE insiste également sur l’importance de la surveillance, de la déclaration et de la vérification des émissions. L’industrie doit s’efforcer de mesurer toutes ses émissions de manière robuste le plus rapidement possible pour renforcer la confiance du public.
L’agence rappelle que la réduction des émissions n’est pas une excuse pour ne pas s’attaquer aux émissions causées par l’utilisation des combustibles eux-mêmes dans les transports, le chauffage, la production d’électricité et d’autres activités. Au contraire, l’industrie doit travailler en collaboration avec les gouvernements et d’autres secteurs pour accélérer la transition vers l’énergie propre.
Ainsi, l’AIE offre un plan clair et réalisable pour que l’industrie pétrolière et gazière réduise ses émissions de 60% d’ici 2030. C’est une occasion pour l’industrie de montrer son engagement en faveur de la lutte contre le changement climatique lors de la COP28 aux Émirats Arabes Unis, et de démontrer qu’elle peut contribuer de manière positive à cette cause.
Dans cette perspective, l’AIE prévoit de publier un rapport spécial avant la COP28, qui aidera à tracer la voie pour les producteurs de pétrole et de gaz dans la transition vers la neutralité carbone. Ce rapport mettra en évidence les technologies existantes, les ressources financières disponibles et le savoir-faire nécessaire pour réaliser cette réduction significative des émissions.
Enfin, l’AIE souligne l’importance d’une responsabilité accrue de toute l’industrie pétrolière et gazière. Il est essentiel que l’ensemble de l’industrie élève son niveau de performance pour se rapprocher de celui des meilleurs standards actuels. La réduction des émissions augmenterait en moyenne de moins de 2 dollars le coût d’un baril de pétrole dans les installations mettant en œuvre ces mesures, ce qui est un petit prix à payer pour un avenir plus durable.
Il existe actuellement une énorme variation entre les différents producteurs de pétrole et de gaz en termes d’émissions de leurs opérations : les plus mauvais émettent quatre fois plus que les meilleurs. Si l’industrie pétrolière et gazière veut être prise au sérieux dans les discussions sur le climat, elle doit adopter ces solutions et assainir ses pratiques, conclut Fathi Birol.