Une belle histoire du rail et du pinceau…
Nous étions nombreux et avons réalisé que nous ne savions pas tout de notre ami, l’artiste, peintre et sculpteur Kalidou Kassé : quel régal de découvrir un tel itinéraire, un itinéraire devenu chemin, un chemin devenu destin…
Un film documentaire d’une grande richesse a été projeté mardi 9 mai 2023 en avant-première à Dakar, dans une belle salle de cinéma de Dakar.
Nous étions nombreux dans cette salle et nous avons réalisé que nous ne savions pas tout de notre ami, l’artiste, peintre et sculpteur Kalidou Kassé.
Nous avons été séduits par cette « belle histoire du rail et du pinceau » racontée de la plus belle manière par les images et le son, mais aussi par le montage qui restera toujours un outil fort du « langage cinématographique ».
Quel régal de découvrir un tel itinéraire, un itinéraire devenu chemin, un chemin devenu destin…
Racontons cette belle histoire avec des mots, les images suivront au cinéma…
Le jeune Kalidou Kassé connaissait la première partie de son destin : il dessinait et il aimait dessiner…
Il fut placé dans la « cité du rail » où il vivait avec son père et toute sa famille face à un « choix sahélien’ » : le rail ou le pinceau ?
Il a choisi, seul, le pinceau et sa vision primale était juste ; il a entrevu, dès son adolescence, la vive lumière du sahel.
J’ose tenter, à son insu, et après avoir regardé le film « Kalidou Kassé : Titi Boy’ », la construction d’une passerelle invisible…
Bloc 1 : l’adolescent Kalidou entre dans un atelier des chemins de fer où d’autres ont tracé pour lui un avenir professionnel.
Il lève les yeux et il aperçoit, suspendu en l’air, une locomotive ou un wagon et il sait déjà que sa voie ne suivra pas le rail…
Souvenons-nous que le cheval de Lat Dior, le résistant à la pénétration coloniale, avait refusé de « voir le rail »…
Le jeune Kalidou a fait son choix : le pinceau…
Bloc 2 : il passe le concours d’entrée aux chemins de fer à la demande de son père.
Dans la salle d’examen, se produit une scène surréaliste dont il gardera un précieux souvenir, un souvenir que nous partageons désormais avec cet artiste talentueux.
La scène est racontée dans le film documentaire.
Je saute, à dessein, quelques étapes bien retracées dans le film documentaire qui lui a été consacré et qui a été produit par Oumar Ndiaye et le Pr El Hadj Malick Ndiaye, Conservateur du Musée Théodore Monod.
Ils ont produit un film documentaire d’une grande valeur.
Bloc 3 : le jeune Kalidou entre à la Manufacture nationale de tapisserie créée en 1966, à l’initiative du président Léopold Sédar Senghor, manufacture implantée à Thiès et qui deviendra les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs (MSAD)
Il sera lissier.
Le lien secret peut, à présent, être « dévoilé’ » : les métiers à tisser qui ont été installés dans les ateliers de tapisserie ont été, pour la plupart, réalisés dans les ateliers des chemins de fer du Sénégal.
Le film ne le dit pas, Kalidou ne le dit pas, mais les visiteurs curieux des Manufactures sénégalaises des arts décoratifs le savent.
Vous aurez compris pourquoi il est toujours difficile d’échapper entièrement à son destin…
Cette coopération industrielle entre les deux établissements, les Manufactures et les Chemins de fer, est un modèle d’intégration réussie sur une échelle modeste.
Kalidou Kassé, Titi Boy, ne sait pas non plus qu’il y avait un « autre fil » qui dessinerait pour lui un autre chemin, un chemin qu’il devait emprunter, quelques années plus tard, le chemin de l’Amérique…
Christophe Colomb qui a découvert l’Amérique en 1492 (la thèse est aujourd’hui discutée) a fait escale non loin du Sénégal, à 644 km des côtes sénégalaises, dans la ville historique du Cabo Verde, Cidade Velha, située sur l’île de Santiago…
Il partait pour l’Amérique…
Double clin d’œil de l’île de Santiago fait à l’artiste Kalidou Kassé : Christophe Colomb et, dans une moindre mesure, Manouche de Santiago…
Dans le « livre d’or » signé par le président Léopold Sédar Senghor le jour de l’inauguration des Manufactures, le 4 décembre 1966, il y avait cette phrase écrite par le président -poète : « J’aperçois le faciès de l’Atlantique… »
Kalidou Kassé et son ami Paulane ont franchi l’Atlantique et des vies nouvelles ont été construites sur le sol américain.
Il y a eu dans les œuvres produites par l’artiste à son « retour de New York » comme un « effet gratte-ciel » : des personnages filiformes sont entrés dans sa peinture et l’artiste a été surnommé « le pinceau du Sahel »…
Tous les liens restent à établir et à préciser.
Le film documentaire consacré à l’artiste Kalidou Kassé est aussi une belle invitation au voyage à travers les villes de Thiès, de Dakar.
Les lieux (atelier de la rue Parchappe) et les rencontres sont insolites voire surréalistes.
Une galerie célèbre – la galerie Bruno- où l’artiste a exposé ses œuvres a cédé sa place à une agence de voyages…
Un destin toujours entièrement placé sous le signe du voyage…
Partir, revenir…
Comme la navette du tisserand que l’artiste aime à représenter dans ses œuvres.
Le départ – le voyage – nous ramène également aux « neuf pierres » alignées au sol par sa mère et que l’artiste devait franchir, au moment de quitter le domicile familial. Une belle histoire racontée dans le film documentaire.
Sa mère lui avait expliqué qu’il reviendrait un jour ou l’autre avec la « dixième pierre »…
Lorsque ce jour-là est arrivé, après de longues années, la clé de l’énigme a été fournie à l’artiste et il a compris…
L’artiste, peintre et sculpteur Kalidou Kassé a toujours soutenu les causes justes et pris des initiatives en faveur des enfants-autistes et des « talibés ».
Mille grâces lui soient rendues.
Les dernières séquences du film documentaire sont placées entièrement sous le signe de l’émotion.
Les spectateurs pourront les découvrir…
Kalidou Kassé, Titi Boy, de fil en fil…
La peinture de Kalidou Kassé éblouit comme la lumière du sahel…