L’Etat prend fréquemment des décisions pour organiser le système de transport. Le principal constat est que les mesures peinent à être respectées. Usagers et acteurs du transport trouvent toujours le moyen de se soustraire à la norme.
Différentes mesures ont été prises au fil du temps, pour la sécurité routière et lutter contre les accidents de la route ou pour instaurer une discipline chez les populations. Le constat qui se dégage, toutefois, est que la rigueur nécessaire pour l’effectivité de ces mesures/décisions n’y est pas souvent. A titre d’exemple, au sortir du Conseil des interministériel sur la sécurité routière du 9 janvier 2023, après le drame de Sikilo, dans la région de Kaffrine, 22 décisions ont été prises dont certaines d’application immédiate.
Même si les autorités se réjouissent du respect de ces mesures, il est à constater que le comportement sur les routes reste encore à déplorer. L’interurbain retourne petit à petit à ses habitudes. En sortant de Dakar les soirées, il est fréquent de voir des véhicules horaires de destinations très éloignées sur les routes. Ils laissent présager ainsi un non-respect des horaires définies par les autorités pour leur circulation, interdite entre minuit et 5h du matin. Les porte-bagages continuent aussi d’être chargés au point que l’on s’aperçoive, là aussi, que le respect de l’interdit n’y est pas.
La vétusté des moyens de transports est un mal endémique. L’Etat avait pris des initiatives de remplacement des «taxis-brousses», communément appelés «7 places», qui ne sont plus qu’un assemblage de ferraille, à l’image des cars rapides et certains Ndiaga-Ndiaye. Ils continuent de circuler.
A côté de l’interurbain, le transport en commun urbain, dans la capitale sénégalaise, fait vivre un calvaire quotidien aux usagers. Les cars rapides et Ndiaga-Ndiaye ne sont pas prêts à se départir de leurs surcharges chroniques.
Et pourtant, du naufrage du bateau Le Joola à la survenue de la pandémie de la Covid-19, en passant par accidents tragiques notamment de la circulation, des décisions de réglementations du nombre de passagers transportés par ces moyens de transports ont souvent été prises. Mais elles disparaissent avec l’indignation suscitées par des événements qui ont motivé ces décisions étatique. Comme c’est le cas avec l’accident de Sikilo, ayant causé plus d’une quarantaine de morts et une centaine de blessés, qui a ému plus d’un Sénégalais. La tristesse et l’émoi généralisés s’étant estompés, re-bonjour les vieilles habitudes «souvent fatales» aux usagers. Bref, le suivi des mesures édictées ne dure que de quelques semaines.
Dans les minibus Tatas, les voyageurs s’entassent comme des sardines. Aucune restriction n’y est faite. Ils ne sont jamais pleins. Même si ces moyens de transports qui assurent une partie importante de l’activité à Dakar et dans sa banlieue ont décidé et imposé une hausse des tarifs que le gouvernement n’a toujours pas validé, du moins officiellement, aucune organisation du voyage n’est constatée. Le système de transport se limitait aux véhicules et à leur lot de déconvenues.
Et comme si cela ne suffisait pas, depuis quelques temps, les deux roues pullulent comme des champignons dans la capitale et sa banlieue. Dakar n’a plus rien à envier aux régions (Kaolack, Thiès, Tmaba, Ziguinchor…) et à des capitales africaines comme Ouagadougou ou encore Bamako. Le revers de la médaille étant que ces moyens de locomotion sont très souvent impliqués dans des accidents de la route, avec des conséquences désastreuses.
L’on se rappelle, pourtant, que l’Etat du Sénégal avait annoncé leur immatriculation systématique et obligatoire. La façon dont ils se multiplient en dit long le fait que la régulation nécessaire n’y est pas. Les motos jouent désormais un rôle considérable dans le transport et la livraison à domicile. La sécurité des Dakarois en pâti. Des vols à l’arrachée, impliquant ces moyens de locomotions, sont souvent constatés.