Lundi dernier, 20 000 tonnes de sucre importé ont été mises sur le marché. Le directeur du Commerce de l’intérieur, qui a procédé au lancement de l’opération, pense que la situation va se stabiliser et revenir à la normale malgré la période de forte demande de sucre.
Pour mettre fin à la pénurie, le gouvernement a émis une autorisation spéciale de mettre sur le marché du sucre importé. L’opération a été lancée, lundi, dans l’entrepôt d’un importateur de sucre, à la plateforme portuaire du Port autonome de Dakar, par le directeur du Commerce intérieur Cheikh Mouhamadou Bamba Ndao, en présence de représentants des douanes sénégalaises. « Le gouvernement a autorisé, à titre exceptionnel, la mise sur le marché d’une quantité de 20 000 tonnes de sucre en vue d’atténuer la tension constatée ces derniers jours sur cette denrée en forte demande pendant le carême et le ramadan », a expliqué le directeur du Commerce intérieur. Il a précisé que l’autorisation est spéciale puisqu’en cette période de l’année, la production de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) devait pouvoir satisfaire la demande nationale. Mais, face à la persistance de la pénurie, le gouvernement a pris cette mesure pour soulager les consommateurs. Dans l’entrepôt, les dockers chargeaient les camions.
Cheikh Mouhamadou Bamba Ndao pense que la situation va se stabiliser et revenir à la normale, malgré la période de forte demande de sucre. Il a assuré que cette quantité peut couvrir deux mois de consommation.
Interpellé sur les raisons de cette pénurie, le directeur du Commerce intérieur parle de « dysfonctionnements dans la distribution ». Il a assuré que le sucre est disponible à la Css et que des enquêtes seront menées pour situer les responsabilités.
À la question de savoir pourquoi avoir attendu tout ce temps avant de mettre sur le marché les 20 000 tonnes de sucre, le directeur du Commerce intérieur a avancé le respect de certains préalables sans être précis, évoquant la nécessité de « diligenter et de sécuriser » le processus de dédouanement qui fera en sorte que le prix appliqué sur le sucre reste inchangé.
Alerte de l’Uncaco Jappo
Le 15 mars 2023, à la veille du Ramadan, l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois Jappo) alertait, lors d’une conférence de presse, sur le risque de pénurie du sucre. Ousmane Sy Ndiaye, secrétaire exécutif de l’Unacois Jappo, dégageait la responsabilité de son organisation sur une éventuelle pénurie du sucre et sur toute hausse du prix de la denrée. Parlant de « pénurie artificielle planifiée par la Compagnie sucrière sénégalaise », il avait dénoncé le discours des responsables de ladite société qui assuraient qu’il y a « suffisamment de stocks pour approvisionner le marché » et pourfendu le fait de recourir à de l’importation pour couvrir les besoins du Sénégal. « Au-delà de l’intervention directe et urgente de la part des autorités pour trouver une solution très rapide sur le réapprovisionnement du marché, nous pensons qu’on doit dorénavant affranchir le marché d’une dépendance absolue à la Css et que le Sénégal doit s’aménager un stock de sécurité », affirmait Ousmane Sy Ndiaye. « Jusque-là, nous avions un gentleman-agreement, avec le gouvernement, en souscrivant à l’accord de protéger la Css et de la laisser assurer le monopole de la production ; les commerçants se concentrant sur la distribution. Mais, pour ce qui est du gap dont elle n’est pas capable de produire, il faut absolument qu’il soit importé. Nous exigeons que la Compagnie sucrière sorte de l’importation » pour combler ce gap, poursuivait le secrétaire exécutif de l’Unacois Jappo.
La survenue de la pénurie a poussé une délégation de près de 40 personnes du Conseil économique, social et environnemental à se rendre à Richard-Toll, qui abrite la Css, pour en avoir le cœur net sur la production et la disponibilité du sucre. « Les images parlent d’elles-mêmes. Ce n’est pas un problème de disponibilité mais de distribution ou d’une mauvaise posture de certains commerçants. Mais le produit est bien disponible et en quantité », réagissait Woula Ndiaye, Président de l’interprofession et membre de la délégation.
Avec cette autorisation spéciale de mise sur le marché de 20 000 tonnes, c’est la fin du calvaire des consommateurs.