Les commerçants détaillants sont déterminés à arrêter tout bonnement la vente du sucre en poudre. Pour eux, «acheter le sac à 30 000 ou 32 000 FCfa» les expose à la faillite. Ainsi, ils demandent à l’État de veiller à la baisse des prix et à l’accélération du processus de chargement des camions à la Css.
Le sucre fait partie des denrées les plus consommées en ce mois béni de ramadan. C’est donc une priorité pour les ménages. «C’est un moment de grande consommation et les gens se ruent sur les commerçants», souligne Moussa Bâ, retranché derrière le comptoir de sa boutique installée à Poste Thiaroye, non loin de l’échangeur. Pour lui, la rareté du sucre est récurrente et elle impacte l’activité des détaillants. «Nous courons derrière les grossistes pour avoir quelques sacs. Actuellement, j’ai épuisé mon stock de quatre sacs. Depuis lors, j’hésite à enregistrer ma commande, car il est presque impossible de réaliser un bénéfice avec cette denrée», dit-il, montrant du doigt des sachets d’un kilogramme et des sacs vides. Devant cette situation, il dit perdre forcément des clients. «La plupart des clients préfèrent le sucre en poudre. S’ils ne peuvent pas en avoir, ils sont obligés d’aller voir ailleurs, les supermarchés par exemple. Ce qui représente un manque à gagner pour nous, car durant ce mois béni, je vendais jusqu’à 30 ou 40 sacs», regrette Moussa, entouré de diverses marchandises.
Abdourahmane Baldé a les mêmes complaintes. De teint clair, vêtu d’un pull, le bonhomme de grande taille guette la clientèle devant sa boutique sise à Lansar. Ce vendredi matin, deuxième jour du mois de ramadan, le commerçant est obligé de demander à ses clients d’aller voir ailleurs. La raison, il n’a plus de sucre raffiné en poudre. «J’ai quelques cartons de sucre en morceaux, alors que les clients préfèrent de loin le sucre en poudre. La situation se complique, car en plus d’être cher, le produit est introuvable», déplore Abdourahmane. L’autre incompréhension, selon lui, c’est le prix (600 FCfa le kg fixé par le Ministère du Commerce). «C’est impossible de vendre à 600 FCfa le kilogramme. Le commerçant qui le fait va bientôt fermer boutique. On passe d’un bénéfice de 500 FCfa sur le sac à un déficit. Nous n’allons pas accepter de vendre à perte», avertit Abdourahmane.
À quelques mètres du pont de Hann, Souleymane tient une boutique. Le sucre fait partie des denrées qu’il vend. Actuellement, il lui reste deux sacs. Et il ne compte pas s’approvisionner tant qu’il n’y a pas de hausse. «Il est impossible de vendre au prix fixé par l’État. S’il y a pénurie, c’est parce que les commerçants refusent de s’approvisionner et de vendre à perte. C’est la seule solution. L’État doit revoir ses prix», peste notre interlocuteur. Comme lui, Abdoulaye Bâ a renoncé à la vente du sucre en poudre. «Personne ne peut nous forcer à acheter et vendre le sucre si le prix ne nous arrange pas. Devant cette situation, la meilleure option est de boycotter le produit ou de se tourner vers d’autres produits qui nous garantissent au moins un bénéfice», argumente-t-il, déterminé à maintenir «le rapport de force».