L’UE a présenté une nouvelle feuille de route pour sécuriser l’approvisionnement de ses 27 membres en matières premières critiques, et pour réduire leur forte dépendance vis-à-vis d’une poignée de pays, dont la Chine.
L’Union européenne (UE) envisage de proposer à des pays riches en matières premières critiques, en particulier en Afrique, des partenariats « gagnant-gagnant » axés sur le raffinage local de ces matières indispensables aux transitions écologique et numérique, en vue de réduire sa forte dépendance vis-à-vis de la Chine. La feuille de route a été dévoilée jeudi 16 mars par la Commission européenne.
Selon le règlement sur les matières premières critiques (European Raw Critical Materials Act/CRMA), l’UE prévoit de créer une sorte de ‘’Club des CRM’’qui « réunira les pays consommateurs et les pays riches en ressources afin d’encourager les investissements durables dans les pays producteurs et de leur permettre de remonter la chaîne de valeur ».
Ce document consulté par Euractiv, un portail d’information spécialisé dans les affaires européennes, précise que l’intérêt se porte sur l’encouragement du raffinage et de la transformation des matières premières critiques comme le cobalt, le lithium, le nickel, le tungstène ou encore les terres rares dans les pays producteurs.
« Ce que souhaitent ces partenaires potentiels, c’est partager progressivement la valeur ajoutée localement. 2 000 euros la tonne de lithium extraite, 80 000 euros raffinée. Le raffinage va se faire en Chine et la valeur ajoutée qui permet de contribuer au développement va disparaître », a expliqué le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, cité par RFI.
« Nous ne pouvons pas aller voir les pays tiers et leur dire de ‘’faire le sale boulot’’ que requièrent l’exploitation minière et l’extraction, c’est moralement inacceptable. Nous devons contribuer à renforcer l’impact économique au niveau local, ce que la Chine n’est pas encline à faire », a-t-il ajouté, indiquant que la proposition de la Commission européenne constitue « une sorte de test qui montre que l’UE peut agir seule, avec ses propres méthodes et ses propres valeurs ».
D’autre part, l’UE proposera à ses partenaires commerciaux comme les États-Unis ou le Canada d’entrer dans ce qu’elle appelle le « club des investisseurs ». Outre les partenariats avec les pays producteurs, la nouvelle feuille de route prévoit l’extraction de 10% des matières premières critiques au sein de l’UE d’ici 2030 contre 3% actuellement, ainsi que la transformation et le raffinage de 40% ces matériaux dans l’espace européen contre 0 à 20% aujourd’hui.
Les objectifs de recyclage ont été par ailleurs fixés à 15% du total des besoins des 27, qui souhaitent désormais ne pas dépendre d’un pays tiers unique pour plus de 65% de leur consommation annuelle de chacune des matières premières critiques. L’objectif est de « garantir un approvisionnement sûr, diversifié, abordable et durable » afin de « réduire la dépendance actuelle de l’UE à l’égard d’un seul ou de quelques pays ».