Le village de Mbilor va jouer un rôle important dans l’atteinte de l’autosuffisante en tomate. Ce village, situé dans la sous-préfecture de Mbane, est en passe de devenir le plus grand producteur de tomate de la région de Saint-Louis. 2000 tonnes y sont attendues cette année, pour un investissement de 700 millions Cfa.
La chaleur, l’eau et les terres ! En plus de la main d’œuvre plus que suffisante, le Sénégal a les moyens de se nourrir tout seul. Loin de la rhétorique politicienne, qui voudrait atteindre l’autosuffisance alimentaire à travers des discours, des Sénégalais s’attellent à nourrir le pays. Malgré la chaleur étouffante, les habitants de Mbilor, avec le concours de la société japonaise Kagomé, jouent pleinement leur rôle quant à l’atteinte d’une sécurité alimentaire. Situé dans le département de Dagana, dans la sous-préfecture de Mbane, le village est l’un des plus gros producteurs de tomate de la région de Saint-Louis. «Après avoir expérimenté l’élevage avec le projet Anida, nous nous sommes essayés à l’agriculture avec plusieurs cultures. Cela n’a pas marché», a expliqué Amadou Sow Mbodj. Le chef du village de Mbilor a précisé que depuis l’arrivée de Kagomé, la culture de la tomate fait florès. «Nous avons une superficie de 130 ha, mais depuis 2020, nous n’exploitons que 40 ha à cause du Covid-19 et ses restrictions. C’est en 2021 que nous avons commencé à exploiter 50 ha. Les populations n’ont pas les moyens d’exploiter leurs terres. Kagomé est venu avec son savoir faire et ses moyens pour collaborer avec les populations, les propriétaires des terres», a expliqué Jean-Pierre Diouf, le directeur de l’exploitation de Kagomé, lors d’une visite de l’ambassadeur du Japon à Dakar.
Osamu Izawa a profité de la visite pour exploiter la nouvelle coopération entre son pays et le Sénégal. Pour lui, il faut, en plus de la coopération bilatérale, exploiter les relations d’affaires. A l’en croire, cela peut être bénéfique pour toutes les parties. «L’année dernière, on avait récolté 600 tonnes de tomate. Cette année, on vise les 2000 tonnes. Les populations ont 20% de la production. Ce sont elles qui travaillent ici à temps plein. A cette période, nous employons 23 personnes. Mais au moment des récoltes, ce sont 200 personnes que nous recrutons. La récolte est destinée au marché local. Rien n’est exporté», a ajouté Jean-Pierre Diouf.
Il faut préciser que spécialisée dans la culture de tomate industrielle, la production de pépinière et les services de prestation de machine agricole, elle fait ses débuts à Richard-Toll et de Dagana, précisément dans les communes de Thiagar et Mbilor. La phase d’investissement (2017-2020) a vu l’importation d’un nombre important de matériels agricoles tels que des tracteurs, des récolteuses, une ligne de semis automatique pour pépinière, des serres agricoles, etc. Le montant de l’investissement est estimé à nos jours à plus de 700 millions Cfa. Les surfaces exploitées sont parties de 60 hectares en 2017, pour vite atteindre 120 hectares en 2020. Le Covid-19, avec son cortège d’incidents, avait beaucoup affecté la campagne agricole 2020-2021. Ainsi, Kagome décida de réduire ses exploitations jusqu’à 30 hectares. Plusieurs factures ont fait que le rendement n’a pas toujours été au rendez-vous : 30 t/ha de 2017 à 2021 en moyenne.
Avec de nouvelles terres et un nouveau programme agricole, le résultat commence à porter ses fruits, augmentant le rendement moyen jusqu’à 50 t/ha. Dans sa stratégie de développer la filière de la tomate industrielle, Kagome Sénégal pilote ses activités à partir de la ferme agricole de Mbilor qui, à la fois, est un laboratoire expérimental pour les programmes de fertilisation, de traitement et de prévention contre les attaques et les maladies, de test sur les semences, surtout à la résistance contre la salinité des sols et un centre de formation et d’innovation (technique d’irrigation, préparation du sol, pépinière). C’est également un lieu d’intégration et de partage d’expériences, de partenariat et de transfert de compétences avec la population locale. Le défi de Kagome est de contribuer à l’autosuffisance en tomate industrielle, pour ainsi permettre au Sénégal de ne plus importer du triple concentré, mais devenir un pays exportateur, de faire bénéficier son savoir faire à la population locale, avec l’ouverture d’une unité de transformation industrielle moderne, et participer à la politique de l’emploi pour la jeunesse sénégalaise.