Le ministre de l’Education nationale a dénoncé, samedi à Kaffrine, les défaillances d’entreprises sénégalaises sélectionnées dans le cadre du Programme de remplacement des abris provisoires et d’ouvrages annexes (PRORAP). Cheikh Oumar Anne se prononçait en marge de la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle.
« Quand le Président Macky Sall est arrivé au pouvoir en 2012, il y avait beaucoup d’abris provisoires. C’est ainsi qu’il a instruit le ministre de l’Education nationale de travailler sur un programme de résorption des abris provisoires. En 2016, il a été retenu de remplacer plus de 6000 abris provisoires en salles de classe avec des enseignants de qualité », a rappelé le ministre de l’Education nationale.
Cheikh Oumar Anne ajoute que ce programme a fait l’objet d’une concurrence de marchés publics subdivisée en 4 lots. Chaque lot devait construire 1500 classes.
« Il fallait également améliorer les conditions de travail dans les établissements scolaires. En 2018, un ordre de service a été signé pour le lot 1 pour la construction de plus de 1500 salles de classe. Quand je suis arrivé au ministère de l’Education nationale, en septembre 2022, c’est-à-dire 4 ans après, on m’a dit que le lot 1 était exécuté à 98%. Vérification faite au plan physique, on était autour de 85%. Même si je continue de contester ce chiffre de 85%. Alors que l’Etat avait décaissé avec le bailleur plus de 98% des fonds pour un coût de 34 milliards. A ce jour, on n’a pas réceptionné les 1500 salles de classe. En 2020, un deuxième ordre de service a été donné. On a sauté le lot 2 pour aller financer le lot 3. 16 milliards ont été décaissés pour la construction de 1500 autres salles de classe. Une seule salle de classe n’a été livrée. Quand j’ai été nommé à la tête de ce ministère, on a voulu, dans les premières semaines, me faire signer un ordre de service pour le lot 2 pour 29 milliards. J’ai dit qu’avant de signer, je dois d’abord voir. Deux ordres de service ont été signés, mais rien n’a encore été réalisé. J’ai fait une analyse concrète de la situation. J’ai constaté que le problème qu’on a, ce n’est pas parce que l’Etat ne paye pas à temps, que les bailleurs ne mettent pas à disposition les financements, mais ce sont les entreprises qui sont défaillantes.
A l’entreprise qui a gagné le lot 3 qui me demande de signer l’ordre de service pour le lot 2, je lui ai demandé de me justifier les capacités de son entreprise à réaliser ce projet. Etant entendu que les données qui sont sur le contrat sont des données de 2017. Donc, j’ai, en toute responsabilité, refuser d’accéder à la demande de l’entrepreneur. Les bailleurs de fonds sont derrière moi. Devant cette situation, j’ai voulu, dans un premier temps, résilier les contrats des lots, mais comme il s’agit d’entreprises sénégalaises, je leur ai suggéré, à défaut d’avoir les capacités techniques, de faire de la sous-traitance. Nous avons déjà mis 50 milliards, nous n’avons pas réceptionné 800 salles de classe.
Et on me demande de continuer ce projet dans ces conditions. Le lot 3 qui a été financé à 54%, et dont le taux de réalisation ne dépasse pas 10%, a été attribué à une entreprise qui a gagné le lot 4 qui n’a pas encore de financement. », a notamment déclaré le ministre Cheikh Oumar Anne ce samedi à Kaffrine.
Avant de révéler qu’il compte entamer la procédure de résiliation du contrat du lot 4 parce que l’entreprise a démontré son incapacité à réaliser un projet. « Si nos interlocuteurs s’avisent à porter l’affaire en public, nous n’hésiterons pas à résilier les contrats pour sélectionner d’autres entrepreneurs plus à même de respecter leurs engagements contractuels », conclut-il.