Le ministre de la Santé, Pierre Dimba, a exigé la liste des professionnels en situation d’immigrés. Le représentant du gouvernement a, en effet, constaté une forte immigration des agents de santé ivoiriens vers le Canada.
Dans sa note adressée le 16 février, le ministre indique que l’attention de ses services a été attirée par une forte immigration des agents de santé ivoiriens vers les pays du nord, notamment le Canada.
« Dans les meilleurs délais »
Face à une telle situation qui, dit-il, accentue la pression sur le pilier ressources humaines souffrant déjà d’une pénurie structurelle en professionnels de santé, Pierre Dimba a demandé que lui soit communiquée, « dans les meilleurs délais » et au plus tard le 28 février 2023, la liste des agents se trouvant dans une situation d’immigré.
Le ministre de la Santé a par ailleurs annoncé des « mesures idoines » en vue d’assurer « la fidélisation des professionnels de santé » et de « garantir la résilience du système de santé par le maintien des compétences ».
Entre 10 000 et 15 000 Ivoiriens émigrent chaque année
Les intentions d’émigrer au sein de la population ivoirienne sont relativement élevées. 32 % des Ivoiriens indiquent en effet souhaiter quitter leur pays pour vivre de façon permanente à l’étranger, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ces intentions d’émigration sont particulièrement élevées parmi les diplômés du supérieur.
Depuis 2015, entre 10 000 et 15 000 Ivoiriens émigrent chaque année vers les pays de l’OCDE, avec des flux d’émigration de plus en plus dirigés vers l’Amérique du Nord. Une part relativement importante de personnes souhaitent en effet quitter le pays pour s’installer aux États-Unis ou au Canada. Sur la période 2013-18, les destinations préférées des Ivoiriens exprimant le désir d’émigrer étaient la France (22 %), les États-Unis (20 %) et le Canada (12 %).
Pourquoi le Canada est la destination des professionnels de santé ivoiriens
Actuellement, au Québec et au Canada, les politiques d’immigration visent à attirer « les meilleurs et les plus brillants » et les médecins font partie de cette élite transnationale. Le pays fait massivement appel à une main-d’œuvre qualifiée venant d’Afrique pour faire fonctionner son système de santé devenu défaillant au fil des ans.
Avec une population vieillissante, ce pays d’Amérique du Nord compte 2,7 médecins praticiens pour 1000 personnes. Pour répondre aux besoins du Ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec (MSSS) de combler un manque de médecins francophones en région sous-desservie, des bureaux d’immigration au Canada présents dans des pays africains comme la Côte d’Ivoire priorisent les demandes de permis de travail de résident temporaire pour les travailleurs essentiels dans le secteur des soins de santé.
Le 23 septembre dernier, le ministre canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, a annoncé une série de mesures pour qu’il soit plus facile pour les médecins étrangers de demeurer au Canada, afin de renforcer le système de soins de santé canadien.
Le Canada n’est pas le seul pays
En novembre dernier, le Collège des médecins du Québec a par exemple donné son accord pour admettre plus de médecins de l’étranger, voyant que dans l’ouest canadien, on recrute activement des médecins diplômés à l’étranger.
Au cours de l’année 2022, le gouvernement canadien a accepté plus de 8 600 demandes de résidence temporaire et permanente de la part d’étrangers ayant l’intention de travailler dans le secteur de la santé. En 2021, il a approuvé des demandes de permis de travail et de prolongation de permis pour plus de 2 500 médecins spécialisés, 620 infirmières et 550 aides-soignantes.
Le Canada n’est pas le seul pays qui veut combler les trous dans ses hôpitaux publics avec des professionnels de santé africains. En France, un projet de loi sur l’immigration et l’intégration a été présenté en ce sens le 1er février dernier en Conseil des ministres. Il prévoit la création d’une carte de séjour spécifique « talent-professions médicales et de la pharmacie ».