Que dire ? Le bilan des accidents de Sikilo et de Sakal ressemble à un crash d’avion en termes de personnes décédées. Il y a eu au moins 64 morts dans ces deux accidents de la circulation, qui montrent que nos routes sont de vrais mouroirs. Le diagnostic est fait : il y a les défaillances techniques, humaines et aussi l’état des routes. Les remèdes ont été aussi prescrits lors du dernier Conseil interministériel sur la sécurité routière, tenu le 9 janvier dernier, après le drame de Sikilo. Avec la tragédie de Sakal, l’Etat va-t-il rester sur cette voie, même si une partie des routiers a décidé d’aller en grève ? Va-t-il mettre le pied sur l’accélérateur ou la pédale douce ?
La route a encore tué au Sénégal. Après l’accident de Sikilo, dans la région de Kaffrine la semaine dernière, qui a fait 42 morts, une collision entre un car «Ndiaga Ndiaye» et un camion de transport de marchandises, a provoqué le décès de 22 personnes et fait 25 blessés dont cinq dans un état grave. Il s’est produit entre Nguidj et Mbanda vers Sakal, localité située dans la commune de Ngueune Sarr, dans la région de Louga. Le Premier ministre, qui s’est rendu sur les lieux du drame, a réitéré la fermeté de l’Etat sur l’application des mesures édictées lors du Conseil interministériel.
A Sakal, le temps s’est arrêté hier. Après l’accident qui s’est produit à hauteur de cette localité, située à quelques kilomètres de la ville de Louga, c’était le ballet des autorités à la suite d’une collision entre un car de transport, communément appelé «Ndiaga Ndiaye», et un camion de transport de marchandises. Le bilan est lourd : 22 morts et 25 blessés.
Le car, qui transportait 47 personnes, avait quitté le village de Ndiock Sall où elles ont participé à une cérémonie familiale. Sur le chemin du retour, il aurait fauché mortellement un âne puis a heurté frontalement le camion, qui avait à son bord 2 personnes. Alertés, le groupement des sapeurs-pompiers et les Forces de sécurité se sont transportés sur les lieux pour la prise en charge des victimes. Grâce à l’arrivée rapide des secours, 17 blessés ont été évacués à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, à Saint-Louis (3) et 7 par hélicoptère vers Dakar dont l’un sera finalement décédé en cours de vol. Dans la soirée, deux des blessés internés à Louga rendront aussi les armes.
Visage fermé, le Premier ministre, arrivé sur les lieux de l’accident un peu après 17 h, s’est rendu au chevet des blessés. Ce drame survient après celui de Sikilo, qui avait fait 42 morts, il y a une semaine. Il avait poussé l’Etat à prendre 22 mesures pour ralentir les accidents de la route. Il dit : «L’Etat les mettra en œuvre avec toute la rigueur requise, tout poursuivant les discussions avec les acteurs du secteur du transport pour que l’intérêt général soit au-dessus des intérêts particuliers. Ces mesures seront appliquées, notamment sur leur volet concernant les transformations apportées par les transporteurs sur les véhicules.»
Le Pm ferme sur l’application des mesures
Le ton est ferme alors que certains opérateurs des transports ont décidé d’aller en grève à partir d’aujourd’hui. «Le car impliqué dans l’accident avait une carte grise qui autorisait à transporter 32 personnes, il en avait embarqué 47 au total, soit 15 de plus.» Quid de l’interdiction des pneus usés ? Amadou Ba ne tergiverse pas : «Ces mesures seront bien appliquées et des discussions seront ouvertes pour l’application des mesures d’accompagnement qui seront prises, l’objectif du gouvernement étant d’amoindrir les charges des transporteurs.»
A Sakal, il est aussi revenu sur la visite technique. Amadou Ba a essayé de justifier sa pertinence en reconnaissant néanmoins que le car accidenté a passé trois fois la visite avant d’être remis en circulation. «Une situation qui, reconnaît-il, engage aussi la responsabilité du gouvernement, qui prendra ses responsabilités.» Aujourd’hui, la plupart des accidents résultent aussi de la vétusté du parc automobile. «Le gouvernement a décidé d’un programme de renouvellement du parc dont la mise en œuvre fera l’objet de discussions qui seront ouvertes avec les transporteurs», rappelle-t-il. Et la limitation de la vitesse sera-t-elle appliquée ? «Pour l’excès de vitesse qui fait partie des causes de l’accident, une importante mesure sera prise avec le plombage des moteurs des véhicules de transport en commun et des camions de transport de bagages à 90 k/h. Cette mesure sera appliquée le plus rapidement possible par le ministère des Transports», précise le chef du gouvernement.
Tronçon de tous les dangers
A Louga, le Premier ministre s’est montré passablement agacé par la persistance des accidents. Pour lui, l’Etat ne va pas faillir dans sa mission. «Aujourd’hui nous avons dépassé toutes les limites et le gouvernement fera appliquer ces mesures même si des discussions se poursuivront pour les accompagner. On ne peut pas mettre fin aux accidents, mais on peut en limiter le nombre», espère Amadou Ba. Il annonce que le chef de l’Etat a octroyé 2 millions F Cfa aux parents de chaque décédé et un million à chaque blessé pour la prise en charge de leurs soins médicaux. «Du matériel médical sera acheminé à l’hôpital de Louga pour renforcer les plateaux techniques. Une partie du matériel est déjà arrivée et le reste en cours. Des instructions ont été données aux universitaires pour apporter leur soutien aux médecins en cas de besoin», rassure le Premier ministre, flanqué des ministres des Transports terrestres, de l’Intérieur et du Développement communautaire.
Ce tronçon Sakal-Louga est une composante de la route Saint Louis-Louga, considérée comme la zone la plus accidentogène du Nord du pays. Une route très fréquentée, qui se caractérise par son étroitesse, mais aussi par ses nombreux virages. Elle est aussi connue du fait de sa fréquentation par des animaux en divagation, particulièrement les ânes, qui constituent un danger permanent pour les véhicules et la cause de très nombreux accidents.