Arrivées presque en même temps sur le marché sénégalais, la société russe Yango, la start-up française Heetch et Yassir, une application 100% africaine qui a vu le jour en 2017 à Alger, sont depuis 2021, à l’assaut du marché du transport urbain à Dakar. En pleine croissance, partout en Afrique pour innover le monde du transport, ces multinationales de Vtc tentent de s’imposer sur le marché sénégalais avec des stratégies différentes.
Aujourd’hui, plus besoin de rester des minutes sur le trottoir à attendre un taxi et/ou discuter du prix du service. Non. Yango, Yassir, Heetch et bien d’autres applications sont là. Avec son téléphone portable, on peut louer un taxi en un clic. Ces compagnies de taxis en ligne sont arrivées au Sénégal presque en même temps. Yango, filiale de la multinationale russe, est disponible depuis décembre 2021 à Dakar. Une arrivée remarquée dans la capitale, où une campagne de communication offensive a été menée tambour battant : impossible de passer à côté des immenses affiches placardées sur les murs de la ville, des taxis «jaune-noir» floqués de logo de la marque ou des publicités numériques, notamment sur Facebook. Un mois plus tard, c’était au tour de Heetch, une entreprise française qui propose un service de mise en relation client entre usagers et chauffeurs, qu’ils soient taximen ou Véhicules de tourisme avec chauffeur (Vtc), de faire son entrée. Avec Heetch, il suffit juste de s’inscrire au niveau de la plateforme, et le tour est joué. «Heetch s’engage pour une mobilité plus juste, à des prix accessibles», écrivent-ils sur leur site. C’est une société qui se réclame comme la première application de Vtc à Dakar.
Tout comme Yango (russe) et Heetch (français), l’application de Vtc algéro-américaine, Yassir, se lance dans la course et décide d’étendre son réseau en s’installant au Sénégal. «Bonjour le Sénégal, nous vous présentons Yassir, une application smartphone 100% africaine qui a vu le jour en 2017 et dont la fonction principale est de faciliter votre quotidien. Très simple d’utilisation, Yassir vous offre plusieurs services innovants», peut-on lire sur leur site. Yassir, un service de transport innovant. «Nous avons créé Yassir autour de la conviction que lorsque les gens sont bien traités, ils fournissent un meilleur service. Chauffeur heureux, passager heureux», lit-on toujours sur le site. Présente dans 25 villes entre Algérie, Maroc, Tunisie, Canada, France et Sénégal, elle revendique 4 millions d’utilisateurs. Quant à Yango, précurseur dans le domaine de la course en ligne, elle est présente dans plus de 20 pays en Europe, en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique. Au Sénégal depuis 2021, contrairement aux autres compagnies, Yango utilise sa propre cartographie, son propre routage et sa propre navigation. Notons toutefois que chaque plateforme tente ainsi de s’imposer sur le marché sénégalais avec des stratégies différentes. Alors, une question se pose. Quand on voit cette bataille qui fait rage dans le secteur du transport, on peut bien se permettre de demander à quoi va ressembler l’avenir de ce marché du transport au Sénégal. Que deviendront les propriétaires de certains modèles de voitures dans ce monde de Tic ? Autant les particuliers, qui ont encore du temps pour tirer profit des Vtc, autant les détenteurs de parking avec véhicules à l’arrêt, qui auront un manque à gagner. Les grands perdants dans ce nouveau marché seront peut-être les taximen qui ne comprendront la baisse de leurs revenus que quand les Vtc atteindront une masse critique d’utilisateurs.
Yango et Yassir silencieuses
Dans le cadre de la réalisation de ce reportage, Le Quotidien s’est déplacé jusque dans les locaux de Yango et Yassir pour leur permettre d’expliquer le projet et de répondre aussi aux complaintes des taximen, qui dénoncent une concurrence déloyale. Malgré des coups de fil et des relances et l’envoi d’un questionnaire, les responsables de ces boîtes n’ont pas voulu réagir.