Les facteurs de capacité élevés dont dispose le continent en matière d’énergies renouvelables devraient lui permettre de produire de l’hydrogène vert à des coûts compris entre 1,8 et 2,6 dollars US par kg à l’horizon 2030, et entre 1,2 à 1,6 dollar US par kg à partir de 2050.
L’Afrique pourrait produire de l’hydrogène vert à un coût parmi les moins élevés au monde grâce à son énorme potentiel en matière d’énergies renouvelables, a estimé le groupe énergétique émirati Abu Dhabi Future Energy Company (Masdar) dans un rapport publié le 11 novembre.
Ce rapport souligne que l’Afrique bénéficie de facteurs de capacité en matière d’énergies renouvelables allant de 28 % à 36 % pour le solaire et de 26 à 51 % pour l’éolien terrestre.
Définis comme étant le rapport entre la production d’énergie effective sur une période bien déterminée et l’énergie qui aurait été produite si l’installation avait fonctionné de manière continue à la puissance maximale, ces facteurs de capacité permettent d’obtenir un excellent coût actualisé de l’électricité (Levelized Cost Of Energy/ LCOE), et par conséquent des coûts de production d’hydrogène vert très compétitifs, compris entre 1,8 et 2,6 dollars US par kg à l’horizon 2030.
Les coûts de l’hydrogène vert devraient ensuite continuer à baisser pour atteindre environ 1,2 à 1,6 dollar US par kg en 2050, grâce notamment au développement des technologies de production d’hydrogène telles que les électrolyseurs et à la diminution des coûts de production des énergies renouvelables découlant du recul des prix des équipements et de l’amélioration des facteurs de capacité.
Réalisé avec le concours du cabinet de conseil en stratégie McKinsey & Company, le rapport estime qu’une exploitation optimale du potentiel solaire et éolien des pays africains devrait permettre au continent de produire entre 30 et 60 millions de tonnes d’hydrogène vert par an d’ici 2050, soit environ 10% du marché mondial de l’hydrogène vert à cet horizon.
23 projets annoncés sur le continent
Les auteurs du rapport s’attendent dans ce cadre à ce qu’une industrie africaine de l’hydrogène dotée d’une capacité de production aussi élevée génère entre 1,9 et 3,7 millions d’emplois directs. Elle augmenterait également le produit intérieur brut cumulé du continent 60 à 120 milliards de dollars d’ici à 2050.
La proximité de certains grands centres de demande, dont l’Europe, devrait d’autre part placer le continent dans une position optimale pour devenir un exportateur majeur d’hydrogène vert.
Les autres avantages socio-économiques du développement de la filière hydrogène vert en Afrique comprennent également un niveau de développement économique plus important, l’amélioration des taux d’électrification sur le continent et la réduction de la dépendance de plusieurs pays à l’égard des importations de combustibles fossiles.
Pour produire entre 30 et 60 millions de tonnes d’hydrogène vert par an, le continent devrait cependant mobiliser des investissements estimés entre 680 et 1300 milliards de dollars d’ici 2050. La plus grande partie des investissements (320 à 610 milliards de dollars) serait consacrée à la construction de centrales solaires et de parcs éoliens nécessaires à la production de 1500 à 3000 térawattheures (TWh) d’énergie renouvelable, soit plus de 50 fois la production actuelle de l’Afrique issue du solaire et de l’éolien.
Le rapport révèle par ailleurs que les pays africains ne concentrent aujourd’hui que 3 % des annonces de projets de production d’hydrogène décarboné à l’échelle mondiale, notant cependant que cette part augmente rapidement depuis trois ans.
Au total, 23 projets ont été annoncés sur le continent pour des investissements cumulés de près de 100 milliards de dollars (30 milliards pour les équipements et environ 70 milliards d’USD pour les énergies renouvelables nécessaires à la production de l’hydrogène). Ces projets concentrés essentiellement dans les sous-régions de l’Afrique du Nord et de l’Afrique australe représentant une capacité d’électrolyse d’environ 48 gigawatts (GW). Leur production future est cependant destinée à l’export à hauteur de 90%.