Selon Alstom, le développement du rail urbain pourrait réduire les embouteillages qui devraient coûter à l’Afrique 488 milliards de dollars en 2030. C’est aussi favoriser la création de centaines de milliers d’emplois liés à la construction, à l’exploitation et à la maintenance des réseaux ferroviaires.
Alors que la population urbaine en Afrique devrait doubler au cours des trois prochaines décennies, l’augmentation de la part modale du transport ferroviaire dans les villes africaines présente d’importants avantages économiques, sociaux et environnementaux, selon un rapport publié le 14 novembre par spécialiste des transports ferroviaires Alstom.
Réalisé en collaboration avec EY Climate Change and Sustainability Services, la branche dédiée au conseil en matière de décarbonation et de durabilité du cabinet Ernst & Young, ce rapport précise que la population urbaine africaine devrait passer de 600 millions en 2021 à plus de 1,3 milliard en 2050, en raison de la forte croissance démographique qu’enregistre le continent.
L’un des principaux défis consiste à faire en sorte que cette croissance se fasse en ligne avec l’objectif de développement durable numéro 11 des Nations unies : rendre les villes inclusives, sûres, résilientes et durables.
Etant donné que le transport représente la partie la plus importante des émissions globales de dioxyde de carbone (CO2), les villes africaines doivent œuvrer au développement de systèmes de transports plus durables, afin de réduire les émissions de carbone et de favoriser une croissance socio-économique inclusive.
Intitulé « Le rôle du rail urbain dans une Afrique durable », le rapport révèle dans ce cadre qu’un passage de la part modale des réseaux ferroviaires urbains dans les villes africaines à 10 % en 2030 et à 20 % en 2050, par rapport au scénario de base de 1 % aujourd’hui, permettra au continent d’engranger des bénéfices environnementaux considérables. Un total de 1005 millions de tonnes (Mt) de CO2 (1 gigatonne de CO2) pourrait être évité entre 2023 et 2050 dans ce scénario, par rapport au statu quo. Cela correspond à 32 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) de l’Afrique en 2019.
De plus, 173 millions de tonnes supplémentaires de CO2 seraient évitées entre 2023 et 2050 si les systèmes ferroviaires urbains étaient entièrement alimentés par des énergies renouvelables.
Au stade actuel, le train demeure le moyen de transport le moins polluant. Il émet 19 grammes de CO2 par passager contre 63 gr/passager pour le bus et 180 gr/passager pour la voiture.
258 emplois par kilomètre de rail construit
Premier constructeur ferroviaire européen et deuxième mondial, Alstom note d’autre part qu’un investissement plus important dans le transport ferroviaire urbain apporterait plusieurs avantages sociaux et économiques. Porter la part modale du rail à 10 % en 2030 et à 20 % en 2050, c’est respectivement 8 millions et 29 millions de voitures en moins sur les routes africaines chaque jour, ce qui entraînerait une baisse significative des embouteillages, des accidents de la route et de la pollution de l’air. Les gains économiques sont d’autant plus considérables que la congestion routière devrait coûter à l’Afrique 488 milliards de dollars en 2030.
Sur un autre plan, le transport ferroviaire urbain est plus abordable que la voiture et les autres moyens de transports privés, ce qui permettra aux passagers de se rendre plus facilement sur leurs lieux de travail et d’accéder aux services essentiels comme l’éducation et la santé.
Ce passage de la route au rail pourrait également favoriser la création d’emplois liés à la construction, à l’exploitation et à la maintenance des réseaux ferroviaires en Afrique, avec environ 258 emplois par kilomètre de nouveau rail construit : 226 emplois durant la phase de construction et 32 emplois au cours de la phase d’exploitation. Un projet urbain de 60 kilomètres permettrait par exemple de créer plus de 15 000 emplois directs.
Le rapport présente par ailleurs une étude de cas à échelle réduite. Il s’agit des avantages qui seront apportés à long terme par des projets ferroviaires en cours de construction dans la capitale égyptienne Le Caire. Cette ville densément peuplée compte trois lignes de métro opérationnelles, deux lignes de métro à venir et deux lignes de monorail en construction.
À elles seules, les lignes de métro et de monorail supplémentaires devraient permettre à la métropole d’éviter un cumul de 35 millions de tonnes d’émissions de CO2 entre 2023 et 2050, soit 10 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l’Egypte en 2019.
En outre, la ville bénéficiera d’autres avantages sociaux et économiques tels que la réduction de 595 000 voitures par jour et une forte diminution des embouteillages, dont le coût pour l’Egypte est estimé à 8 milliards de dollars par an.
Au regard des effets positifs du déploiement du rail dans les villes africaines, Alstom recommande aux gouvernements d’inclure la mobilité ferroviaire urbaine dans leurs politiques de développement locales et nationales afin de permettre une planification à long terme et de garantir des investissements plus importants.