Le nom n’est pas très connu au Sénégal. L’on pourrait même dire qu’il est inconnu du commun des Sénégalais. Mais à quelques kilomètres de ce petit village sur la route de Fongolimbi, se trouve une des plus belles cascades du Sénégal. Ici, point de nom romantique comme Le voile de la mariée, qui est donnée a la cascade de Dindéfello. A Counsi, c’est une eau furieuse et violente qui se jette dans le vide.
La saison des pluies a fortifié la rivière. Ce lieu, qui est resté intact et sauvage, est d’un accès quasi impossible. Pour y arriver, il faut d’abord parcourir à pied une distance de quelque 25 km sur le semblant de route qui mène à Fongolimbi. La piste est en réalité plus un passage d’eau aux rochers sculptés par le ruissellement. F
ace au danger de la route dont la pente est assez marquée, les gendarmes interdisent désormais aux pickups de la parcourir avec des passagers. Ces derniers sont contraints d’effectuer le trajet à pied. Au bout de 4 à 5 bifurcations, on peut reprendre la voiture pour parcourir encore une heure de piste latéritique à peine tracée. Ce sont sur ces chemins que les femmes enceintes sont trimbalées à bord d’une moto lors des accouchements compliqués. Pas de case de santé dans le village de Counsi. Ce petit hameau est séparé de la chute par un parcours de 3 à 4 kilomètres. Là encore, il faut être endurant. Le chemin s’enfonce dans la brousse.
Les herbes sont à hauteur d’hommes. L’usage d’une machette ne serait pas superflu pour se tailler un chemin. On avance droit devant soi. Parfois, de grosses pierres enfoncées dans le sol viennent retarder la marche. Quand approche la cascade, le bruit de l’eau sonne comme les hululements de milliers de chauves-souris. La partie la plus délicate de la marche s’annonce alors.
Il faut descendre une piste à peine visible où de gros rochers servent d’appuis ou de freins, c’est selon. Parfois, il faut se mettre à quatre pattes pour espérer passer l’obstacle. Le chef du village de Counsi essaie chaque année de stabiliser le chemin et de le garnir de pierres, mais à la première pluie, tout s’effondre et la boue reprend ses droits.
Très glissante, elle nous oblige à descendre avec précaution. Un semblant de barrière en bambou a été érigé sur les bords pour permettre d’avoir un appui. Mais pour seulement quelques mètres. La végétation a vite fait de reprendre ses droits. C’est accroupis au sol que les derniers mètres sont franchis. Et on découvre alors un spectacle d’une furieuse beauté.
L’eau à la couleur jaunâtre retombe avec puissance sur les rochers, les rendant glissants et mortellement dangereux. Pour approcher de l’eau, il faudra encore faire preuve d’ingéniosité et slalomer entre ces énormes rochers.
A 20m de la cascade déjà, les embruns mouillent les vêtements. 4 puissants jets déversent des milliers de mètres cubes dans le bassin. D’autres petits ruisseaux tentent de se former sur les bords. Mais le spectacle de la puissance de la nature nous ramène à notre condition d’humain. L’on mesure la puissance des éléments.