Heurts, accusation, ressentiment…Les relations entre belles-sœurs ont souvent été émaillées d’anecdotes, de récits douloureux. La jalousie est, aux yeux de certains, la source du mal.
Souffrir en silence ! C’était le supplice quotidien de Seynabou Seck, aujourd’hui veuve et mère de famille. La raison de sa souffrance, sa belle-famille qui ne la « blairait point ». Aujourd’hui, malgré le temps, la bonne dame vit avec ces souvenirs amers : « J’étais encore très jeune quand on m’a donné en mariage dans une grande famille avec ma coépouse. Au début, cela n’a pas du tout été facile pour moi, surtout qu’il y avait la sœur aînée de mon mari qui était divorcée. Elle faisait tout pour me rendre la vie dure, me mettant en mal avec les autres sous prétexte que je suis issue d’une caste. À l’époque, très fragile et sans expérience, je passais presque tout mon temps à pleurer ».
Le récit de ses misères est des plus affligeants. Seynabou en parle avec peine bien qu’ayant passé l’éponge sur bon nombre de mésaventures. « Un jour, mon défunt mari s’en est pris à moi. C’est mon beau-père qui m’a tirée d’affaire. Mon époux était un homme impulsif mais humainement formidable », confie-t-elle, heureuse d’avoir eu une descendance avec lui malgré les moments difficiles passés avec certains membres de sa famille. Exhorte-t-elle ainsi les femmes à être endurantes et fortes, quelles que soient les péripéties.
Les relations n’étaient pas moins tendues dans la famille Diop. Les disputes des membres de cette grande famille se propageaient à tous les échos dans le quartier de Taglou, à Ouakam. La femme du benjamin de la fratrie a dû plier bagage après moult chamailleries. « Elle était insupportable. Dès les fiançailles, on a senti qu’elle était sur la défensive, se montrant particulièrement irrévérencieuse envers mes sœurs et moi », se rappelle Mounass, belle-sœur de l’« incriminée », épouse de son jeune frère « obligé » de se séparer de sa bien-aimée la mort dans l’âme. Ce n’était pas « sans en vouloir à ses sœurs », se confie Moussa qui a trouvé son âme sœur après avoir digéré ce mariage qui a fait long feu.
« J’ai caché à mes sœurs la voiture que j’ai achetée à mon épouse »
Mais, à en croire mère Khoudia, blanchie sous le harnais, rencontrée à une encablure du Rond-point de Liberté 6, les relations difficiles entre belles-sœurs découlent surtout de la jalousie entre femmes incapables de faire la part des choses : « On vit avec son frère pendant 25 ans et subitement débarque une femme dans la famille qui prend beaucoup de place. Ce n’est pas facile à accepter pour tout le monde. Et le récit des rapports entre belles-sœurs contribue à rendre anxieuse et suspicieuse l’épouse du frère qui, avant même de rejoindre le domicile conjugal, commence à appréhender cette nouvelle vie, à se méfier ». La solution dépend beaucoup, d’après cette mamie, de la posture du mari qui doit se faire respecter et délimiter le rôle de chacun.
Abdou, fringant jeune homme de 32 ans, n’en pense pas moins. Le bonhomme dit être obligé de cacher à ses sœurs les cadeaux destinés à sa femme pour ne pas les frustrer. « Récemment, quand j’ai acheté une nouvelle voiture à mon épouse, j’ai dû dire à mes sœurs que c’est cette dernière qui se l’est payée de peur de faire des jaloux », dit-il, le ton railleur. Pour lui, la meilleure manière d’éviter ces petites querelles est d’occuper les femmes. « Le fait que mon épouse travaille et soit très absorbée par le travail la met, estime-t-il, un peu à l’abri de certaines petites disputes ».
Marie Diédhiou, la trentaine et mère d’un petit garçon de quatre ans, connaît des relations moins heurtées avec sa belle-famille. Enfin ! « Je suis à mon deuxième mariage et, pour être sincère, j’ai toujours été en harmonie avec mes belles-sœurs. Il n’y a jamais eu de malentendu. Au contraire, elles m’ont toujours montré de l’affection. C’est cette même chance que j’ai eue pour mon second mariage », a-t-elle soutenu, l’air joyeux. La ritournelle populaire sur les relations entre belles-sœurs a de beaux jours devant elle.