Nadine Verschatse se bat pour que Justice soit rendue pour les victimes du naufrage du Joola. Comme à chaque anniversaire de cet événement douloureux, elle vient au Sénégal pour la commémoration. A l’occasion, elle a regretté la méprise des autorités de son pays à l’endroit des victimes.
Le combat pour la reconnaissance des victimes du naufrage du bateau Le Joola ne se joue pas qu’au Sénégal. En France où les parents des victimes ont épuisé les recours, jusqu’au niveau supranational, le combat est désormais orienté vers le refus de l’érection d’un Mémorial dans ce pays ayant perdu 22 de ses enfants lors du naufrage. «Nous en France, après ce non-lieu, sans rien dire à personne, nous avons rapporté à la Cour européenne des droits de l’Homme et bien sûr nous avons effectivement pris un risque d’attaquer la France pour que Justice soit faite. Bien sûr nous avons eu en février 2022, l’irrecevabilité (de la Cour européenne des droits de l’Homme), ça a été le dernier coup de grâce que nous avons pris», a fait savoir Nadine Verschatse ayant perdu sa fille de 20 ans lors du naufrage.
«Aujourd’hui, il n’y a plus de recours en Justice, le combat que nous devons mener est que nous ne devons pas banaliser ni mépriser ce qui s’est passé», a-t-elle poursuivi dans son allocution lors de la commémoration au Cimetière de Mbao. «En France, nous sommes 22 familles de victimes qui avons perdu les nôtres, seuls deux corps ont été retrouvés. Aujourd’hui les mémoriaux sont importants à Ziguinchor comme à Dakar, tout aussi comme en France», a précisé la dame de 69 ans.
Si elle a salué les avancées timides enregistrées au Sénégal dans cette perspective, il n’en demeure pas moins qu’elle a étalé tout son mécontentement vis-à-vis des autorités de son pays qui daignent jusque-là autoriser l’érection d’un Mémorial dédié. «En France, nous avons essayé d’avoir un Mémorial pour les 12 nationalités», a dit Mme Verschatse, assurant avoir saisi des autorités du pays dont l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, ainsi que son successeur, Anne Hidalgo, pour ériger le mémorial à un emplacement au Père Lachaise (cimetière de Paris). «Nous avons écrit ensuite à Mme Hidalgo et nous avons eu aussi un refus. Est-ce qu’on peut comprendre pourquoi on nous refuse la Justice et le Mémorial», s’est-elle ainsi interrogée avec exaspération.
«Aujourd’hui j’ai honte de la France, j’ai honte de cette Justice qui n’est pas indépendante pour des intérêts économiques et politiques que je n’hésiterai pas à nommer», a fini par dire Mme Verschatse, exhortant les familles des victimes à poursuivre le combat aussi bien au Sénégal qu’en France.