Être président de l’Assemblée nationale est une protection. Le perchoir confère de multiples avantages.
Depuis 1960, onze hommes politiques se sont succédé au perchoir. Il s’agit de Lamine Gueye (1960-1968), Amadou Cissé Dia (1968-1983), Habib Thiam (1983-1984), Daouda Sow (1984-1988), Abdou Aziz Ndaw (1988-1993), Cheikh Abdou Khadre Cissokho (1993-2001), Youssou Diagne (2001-2002), Pape Diop (2002-2007), Macky Sall (20 juin 2007 – 9 novembre 2008), Mamadou Seck (2008-2012) et Moustapha Niasse depuis 2012.
Le successeur de ce dernier sera élu après l’installation des 165 députés nouvellement élus le 12 septembre prochain. Et selon l’article 10 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, dès son élection, le Président prend fonction.
Ainsi, l‘élection des autres membres du Bureau se déroule sous sa présidence. « Ce n’est qu’en cas d’empêchement du Président que le plus âgé des députés présents, sachant lire et écrire la langue officielle, préside à l’élection des autres membres du Bureau », précise le Règlement intérieur.
Élu au scrutin uninominal à la majorité absolue des suffrages exprimés, le Président de l’Assemblée nationale joue un rôle primordial dans l’organisation du travail parlementaire et du déroulement des débats lors des séances plénières.
Il préside la séance, dirige les débats, fait observer le Règlement et maintient l’ordre. « Après avoir consulté l’Assemblée, il peut, à tout moment, suspendre ou lever la séance, sauf si une procédure de vote est engagée. Avant de lever la séance, le Président indique, après avoir consulté l’Assemblée, la date, l’ordre du jour et l’heure de la séance suivante. Il peut en laisser le soin à la Conférence des Présidents », souligne le Règlement intérieur. Autre rôle du Président : il assure la police de l’Assemblée. Autrement dit, il est chargé de veiller à la sûreté intérieure de l’hémicycle.
« Il peut, à cet effet, requérir la Force armée et toutes les autorités dont il juge le concours nécessaire. Cette réquisition peut être adressée directement à tous officiers et fonctionnaires qui sont tenus d’y déférer immédiatement, sous les peines prévues par la loi », indique le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale ajoutant que le Président a les pouvoirs de faire expulser de la salle des séances ou faire arrêter toute personne qui trouble l’ordre.
La même source renseigne que si l’Assemblée est troublée, il peut, par un rappel au Règlement, annoncer qu’il va suspendre la séance. Toutefois, le Président ne peut prendre la parole dans un débat que pour présenter l’état de la question et y ramener. S’il veut prendre part aux débats, il quitte son fauteuil et ne peut le reprendre qu’après l’épuisement de la discussion de l’affaire concernée sanctionnée par une décision de l’Assemblée.
Au-delà de la personne qui l’incarne, le Président de l’Assemblée nationale est la deuxième institution du pays après l’exécutif. Par conséquent, il est la deuxième personnalité de l’Etat. C’est lui qui assure la suppléance en cas de vacance du pouvoir présidentiel. « En cas de démission, d’empêchement ou de décès, le Président de la République est suppléé par le Président de l’Assemblée nationale », indique l’article 39 de la Constitution. En montant au perchoir, le Président de l’Assemblée voit aussi son revenu s’élever. Il a des avantages que les autres députés n’ont pas. Il dispose de fonds propres pour le fonctionnement de l’Assemblée et a son propre cabinet. Il s’y ajoute que sa propre famille est toujours protégée. Et contrairement aux autres parlementaires, il est toujours sous escorte. L’accès à son domicile est réglementé par la puissance publique.