Dans la réflexion sur les nouvelles orientations stratégiques du prochain gouvernement, il en ressort un impératif de recadrage de la stratégie industrielle par le positionnement sur des niches et filières à fort valeur ajoutée pour la création d’emplois durables. Mais pas que, parallèlement à cette stratégie que je développe dans un autre article à faire paraitre, l’Etat devra aussi travailler à faire émerger de bonnes crues d’entrepreneurs sur les cinq voir dix prochaines années au moins.
Affiner le cadre, pour permettre à plus de jeunes à s’orienter vers l’entrepreneuriat et l’auto entrepreneuriat. Tel est l’objectif majeur que l’Etat du Sénégal devra se fixer avec le nouveau gouvernement.
Pour ce, il faut non seulement doper et réorienter certains financements, mais changer de mode d’appréciation des jeunes entrepreneurs et auto-entrepreneurs pris en charge, renforcer l’accès aux marchés pour la viabilité des start-ups nationales en émergence, les encadrer, les orienter davantage vers l’export et stimuler la R&D à leur échelle.
Le toilettage législatif pour intégrer dans les dispositifs juridiques tous les nouveaux modes de financement (crowdfunding, Business Angel…) permettrait d’élargir l’assiette pour plus d’éclosion de jeunes pouces. Cela permettrait l’émergence de plateformes de financement privées pouvant épauler l’Etat (qu’il faut aussi naturellement contrôler car cela peut aussi être pour les bandits au col blanc une opportunité de blanchiment).
Pour ce qui de la question liée à l’accès aux marchés, il faut rompre avec le mode d’analyse du nombre de jeunes pouces financés, mais de start-ups viables sur une durée avec à la clé des études périodiques pour comprendre les difficultés et échecs des uns et des autres et corriger.
Et pour espérer des résultats reluisants sur ce volet, à la considération des réalités du marché, il faut deux choses : premièrement encadrer les jeunes entrepreneurs à aller vers des secteurs porteurs, innovants, et deuxièmement attribuer aux start-ups sénégalaises des quotas ou les privilégier dans les attributions des marchés de l’Etat, non sans exclure des joint-ventures avec des non-nationaux. Il est aussi stimulant d’être en binôme car la double culture peut être un élément intéressant dans la culture entrepreneuriale à développer.Justement cette culture entrepreneuriale est le plus gros chantier pour réussir la transition d’une génération exclusive de fonctionnaires, de chômeurs et d’operateurs informels à celle plus entrepreneuriale et plus formelle.
Le système de « junior entrepreneur » dont j’ai eu la chance dexpérimenter à travers le programme « Injaz al Maghrib » aux côtes de plusieurs fondations internationales (MasterCard, Attiaririwafa Bank, Accenture, Microsoft…), en Afrique du Nord serait parfait pour le Sénégal. Intégrer l’entrepreneuriat dans les modules scolaires ou le positionner dans les activités périscolaires dôterait les jeunes collégiens d’un outil supplémentaire de réussite dans la vie, mais surtout leur offrirait l’opportunité d’effectuer déjà un pas vers la vie active.
Par Cheikh Mbacké SENE
Expert en intelligence économique, veille et communication