Les résultats des élections législatives du 31 juillet 2022 interpellent la classe politique, les sénégalaises et les sénégalais. Aucune coalition n’a obtenu la majorité.
Voici quelques conclusions que j’en tire.
Elles peuvent choquer certaines personnes arc-boutées sur une vision classique de la politique mais sachez que je ne suis guidé que par la volonté de trouver une solution apaisée, productive et bénéfique pour les sénégalaises, les sénégalais et notre pays.
Première conclusion : la défaite de BBY
BBY n’a plus la majorité à l’Assemblée nationale: elle a 82 députés alors que la majorité est de 83 députés.
BBY est minoritaire au niveau des suffrages valablement exprimés : elle a 1 518 137 voix alors que l’inter coalition YEWWI WALLU a 1 542 656 voix.
BBY a perdu plus de 40 députés par rapport à l’Assemblée sortante.
Deuxième conclusion : la victoire de l’opposition
L’opposition réunie obtient 83 députés soit la majorité absolue.
La question est de savoir si les trois députés élus au plus fort reste (AAR, Bokk Gis Gis, Les Serviteurs) se joindront effectivement aux 80 députés de YEWWI WALLLU pour constituer une nouvelle majorité.
L’opposition sénégalaise est désormais majoritaire aux niveaux des suffrages au Sénégal.
L’opposition gagne plus de 50 sièges de députés.
Troisième conclusion : l’instabilité parlementaire et gouvernementale
L’écart entre le nombre de députés de BBY et de l’opposition est tellement faible que le moindre mouvement de députés dans un sens ou dans un autre va entraîner un changement de majorité parlementaire donc une instabilité gouvernementale qui va entraîner le vote d’une motion de censure qui va renverser le gouvernement.
Quatrième conclusion : la fin de l’illusion d’une troisième candidature, d’un troisième mandat
La défaite de BBY scelle la fin de l’illusion de celles et de ceux qui réclamaient une troisième candidature du Président de la République. Ils ont sans aucun doute apporter leurs contributions à la défaite de BBY dans ces élections législatives que certains ont présentées comme un référendum pour ou contre le troisième mandat.
Cinquième conclusion : à situation politique inédite solution politique inédite
Ces élections ont produit une situation inédite dans notre pays depuis les indépendances.
Le Président de la République a un rôle historique à jouer dans cette situation.
Il doit oser garder la main, la Grande main dans l’Histoire du Sénégal. Ainsi déclarer publiquement qu’il renonce à un nouveau mandat en 2024 et être le Premier Président de la République à organiser des élections auxquelles il ne participe pas.
Il doit se hisser au-dessus de la mêlée politique, appeler les différentes coalitions pour la constitution d’un gouvernement de transition en vue de terminer le mandat et d’organiser des élections transparentes et consensuelles en février 2024.
Notre pays a besoin de stabilité, de paix sociale, d’apaisement et de profonds consensus pour à nouveau faire un saut politique qualitatif.
La classe politique sénégalaise doit faire preuve de maturité, de dépassement et d’ouverture.
Ces dix huit mois à venir doivent permettre une introspection apaisée pour bâtir les consensus transformateurs qui ouvriront les portes du Sénégal nouveau que les sénégalaises et les sénégalais appellent de leurs vœux.
Dakar, le jeudi 4 août 2024
Mary Teuw Niane