Le Président Macky Sall a, au nom de l’Union africaine, rappelé à ses pairs membres du G7, leurs promesses dans le domaine de la santé, de la résilience économique et de l’agriculture. Preuve que son auditoire n’est pas resté indifférent, l’Ua va être admise au sein du G20.
Les dirigeants des sept économies les plus importantes du monde ont accédé hier à Elmau, en Bavière, à une demande du président de l’Union africaine (Ua), Macky Sall. Le prochain sommet du G20, qui devrait se tenir à Bali, en Indonésie, en novembre prochain, va faire de la place autour de la table, à l’Union africaine en tant que membre permanent.
Les arguments de Macky Sall ont été que l’Afrique a un Pib cumulé de plus de 2600 milliards de dollars, et est le berceau de 1,3 milliard d’âmes. Il n’est donc que justice qu’elle soit comptée parmi les organisations où se discute l’avenir du monde. En cette période où l’opinion du Sénégal est courtisée, les dirigeants du G7 n’ont pas su dire non à Macky Sall.
Mais cela n’a pas été la seule requête du dirigeant sénégalais. Dans son adresse à ses pairs occidentaux, Macky Sall a souhaité «la mise en œuvre effective de l’Initiative du G20 sur la suspension du service de la dette pour accompagner nos efforts de résilience économique et sociale». Cette initiative, approuvée à l’unanimité en son temps, connaît du retard dans son application. Comme également la réallocation des Droits de tirage spéciaux (Dts) du Fonds monétaire international, décidée dans la fièvre des mesures de lutte contre les effets du Covid-19.
Macky Sall s’est félicité du tirage exceptionnel des 650 milliards ainsi que de la mise en place anticipée du Resilience and Sustainability Trust (Rst), en prévision de ladite réallocation des Dts. Mais depuis lors, les choses n’ont pas vraiment bougé, comme le déplore le Président de l’Ua.
Dans le domaine de la santé aussi, Macky Sall a d’abord tenu à remercier tous les pays et institutions partenaires pour «le soutien solidaire apporté à l’Afrique dans le cadre de l’initiative Covax». Cela lui a permis de rappeler avec force que pour le moment, «nos défis sanitaires face au Covid et au risque de nouvelles pandémies sont de deux ordres : l’exécution des projets de production de vaccins et l’accès aux plateformes de distribution comme Gavi».
En cette période de forte chaleur et des effets des changements climatiques, le dirigeant sénégalais a rappelé que l’Afrique est fortement engagée dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat. Donnant le Sénégal en exemple, le Président Macky Sall a informé que 30% de l’énergie électrique produite dans ce pays proviennent des ressources renouvelables. Il ne faut pas oublier non plus, la Grande Muraille verte, une initiative panafricaine, qui réunit 11 pays de la zone soudano-sahélienne, allant du Sénégal à Djibouti, et qui consiste à reboiser et restaurer des terres, tout en développant des activités génératrices de revenus au profit des populations rurales des zones traversées. L’ennui est que les dirigeants du monde dit développé avaient pris des engagements allant dans le sens de mobiliser 100 milliards de dollars par an, pour soutenir les efforts d’adaptation aux changements climatiques dans les pays en développement. A ce jour, il n’y a eu aucun progrès dans ce domaine.
Pire, au moment où de nombreux pays en développement dont le Sénégal, s’apprêtent à entrer dans le cercle de pays producteurs de gaz et de pétrole, les pays riches, à l’initiative du G7, ont décidé d’arrêter le financement des énergies fossiles à l’étranger. Macky Sall a indiqué que «cette décision est considérée en Afrique comme une entrave majeure à son processus de développement et une grande injustice contre plus de 600 millions d’africains qui vivent encore sans électricité ; alors qu’au même moment des pays industrialisés continuent d’exploiter des sources beaucoup plus polluantes comme le charbon».
Le chef de l’Etat sénégalais a tenu à rappeler un rapport récent de l’Agence internationale de l’énergie qui indique que «même si l’Afrique exploitait toutes ses découvertes gazières (plus de 5000 milliards de m3), sur 30 ans, le cumul des émissions africaines représenterait à peine 3,5% des émissions mondiales». Or, il est à peu près certain que toutes les découvertes gazières sur le continent ne seront pas exploitées d’ici 30 ans. Cela a donné au Président Sall l’occasion d’en appeler, une fois de plus, à un compromis juste et équitable. Comme il l’avait déjà demandé lors du dernier Sommet Afrique-Europe.
Avec le « Quotidien »