La Corniche Ouest de Dakar fait partie, depuis quelques mois, des coins les plus attractifs de la capitale sénégalaise. Les espaces verts, les aires de jeux, les jolis bancs publics et la décoration de la façade maritime réalisés dans le cadre du projet d’aménagement de cet espace entamé, il n’y a pas longtemps, ont transformé cette partie de l’Atlantique. C’est désormais le point de convergence des individus de tous les âges et de toutes les nationalités.
Vu de loin, la Corniche Ouest donne envie à découvrir. Les images d’embellissements ont fait le tour des réseaux sociaux. Une fois sur place, on est surpris par la beauté des aménagements et des aires de jeux visibles partout. Un cadre enchanteur s’étend sur plusieurs mètres. Les piétons, les randonneurs et des personnes en quête d’évasion envahissent l’esplanade de la Porte du Millénaire. On se promène entre les cocotiers. On sautille sur les tapis sous le regard d’autres personnes qui se mettent à l’aise sur les bancs publics, le regard fixé sur l’océan. Des arbustes poussent des sols jadis arides.
Sur une partie de ce paysage, un espace piéton est décoré avec de petites marches en peinture multicolore. Ici, il est possible de s’asseoir, de se tenir debout ou simplement de déambuler. Un bel endroit propice à la promenade. Une dame blanche débarque à l’aire de jeux dédiée aux enfants. Elle braque sa caméra en direction de la mer, prend quelques photos et poursuit son chemin. Décidément, c’est un lieu qui suscite déjà la curiosité y compris chez les étrangers. Lansana Traoré est un habitant de Dakar-Plateau. Il est venu pour avoir le cœur net sur les échos qui lui parvenaient sur le nouveau visage de cette corniche. « Les gens ne cessaient de chanter la beauté des aménagements réalisés à la corniche. C’est pourquoi je suis venu pour les découvrir », confie-t-il. Il trouve cet endroit si magnifique qu’il a l’impression qu’il est unique à Dakar, pour ne pas dire au Sénégal. En effet, le long de la partie aménagée, du côté de la mer, des balançoires sont l’attraction des enfants. Ils sont trois, quatre voire plus à vouloir profiter des moments de balance. C’est pourquoi il arrive souvent que les enfants se disputent un tour, obligeant Abdoulaye Lippy Samb, responsable de l’entreprise Hse (Hygiène-Sécurité-Environnement), à intervenir en faisant revenir l’ordre. C’est ainsi que compte tenu de la présence de cette marmaille qui raffole de ces moments de distraction, et surtout pour éviter aux enfants d’être accro d’une activité chronophage, l’accès à ces balançoires est certes libres et gratuit, mais bien organisé. « Du vendredi au samedi, les balançoires sont dédiées aux enfants à partir de 17 heures jusqu’à minuit. Le dimanche, le temps d’utilisation est réduit, car, les enfants ne sont autorisés à les utiliser qu’à partir de 17 heures jusqu’à 21 h 30 », explique Abdoulaye Lippy Samb qui précise que chaque enfant a droit à une série de 50 pivots pour éviter que les gamins se chamaillent.
Les enfants y trouvent leur compte
Parfois, c’est un père de famille qui aide son enfant à utiliser la balançoire. C’est le cas d’Abdoulaye Traoré. Légèrement penché sur son fils déjà installé sur la balançoire, il pousse tout doucement la corde pour éviter de l’importuner. Ce père de famille fait tout son possible pour aider son fils à en tirer profit. Il trouve géniale l’idée qui a conduit à l’embellissement de cette corniche. « Cet endroit est vraiment beau, tout le monde peut venir ici profiter des moments de détente. Dans les maisons, il n’y a pas assez d’espace où les enfants peuvent jouer. En cette période de chaleur, je peux venir avec toute ma famille. Et je sais qu’une fois que les lampes s’allument durant la nuit, nous pourrons même venir en famille et humer l’air pur. C’est ce qui manquait à ces quartiers périphériques », témoigne Abdoulaye Traoré. Non loin, Fatou Kane, une femme en état de grossesse, veille sur ses enfants jouant autour d’une balançoire. Elle est d’autant plus heureuse que ses enfants n’avaient pas où jouer avant que cette opportunité ne se présente. Elle considère l’aire de jeux comme une aubaine pour les ménages qui sont dans la zone et même ailleurs. « À vrai dire, je me retrouve dans cette initiative qui a abouti à ces aménagements sur la corniche. Seulement, je suggère que la sécurité soit prise très au sérieux, parce que ce sont nos enfants qui viennent jouer et parfois ils se cachent pour venir », soutient-elle. Une préoccupation à laquelle Abdoulaye Lippy Samb apporte une réponse : « Ce poste de police que vous voyez, il est là pour assurer la sécurité des lieux. On ne peut pas imaginer un cadre pareil qui ne fait pas l’objet d’une sécurité conséquente », affirme-t-il. Les espaces verts, les espaces de loisirs, l’aire de jeux pour les enfants, sont réalisés pour donner un visage plus reluisant à Dakar, la capitale sénégalaise, explique Abdoulaye Lippy Samb. Sourire aux lèvres, les enfants apprécient beaucoup la fréquentation de cette aire de jeu. Parmi eux, figure Mohamed Sy. Ce gamin de douze ans venu du quartier Niaye Thioker a fini une première série de 50 balances qui lui ont procuré beaucoup de plaisir. « J’aime beaucoup cet endroit car non seulement on s’amuse bien, mais aussi, nous respirons de l’air pur », témoigne-t-il. Même son de cloche chez le petit Ibrahima Diallo. « Dorénavant, à chaque fois que je dispose du temps, je vais venir ici et jouer à cœur joie », dit-il.
Une digue pour contenir les vagues
L’aire de jeu surplombe la plage de la Corniche Ouest. Si bien que du haut de cette aire, on s’aperçoit d’abord que la façade maritime est semée de plants décoratifs. Ces espèces végétales donnent une image tout simplement splendide à cet endroit. Il faut emprunter les escaliers construits dans le cadre du projet pour regagner la berge. Des deux côtés de l’escalier, on aperçoit soit des vendeurs de café Touba, soit de café classique. Ils sont tous entourés par des clients pressés de se faire servir pour retrouver la berge le plus vite possible. Même les escaliers retrouvent une certaine animation et la valse des promeneurs renseigne davantage sur l’engouement populaire suscité par l’aménagement de cette corniche. Maintenant qu’on est au bas des escaliers, on retrouve la plage. Une digue en forme de T, d’une longueur de cent mètres et d’une largeur de 75 mètres est réalisée à partir de la rive. Abdoulaye Lippy Samb renseigne que c’est pour contenir les vagues que cette digue a été érigée. Il est tellement impressionné par le caractère enchanteur de cette corniche et de la plage dont l’accès, pense-t-il, ne sera pas éternellement gratuit. « Je suis convaincu qu’à la fin du projet, cette partie de Dakar fera partie des endroits les plus agréables à fréquenter en Afrique. Je suis aussi convaincu que quand ce moment arrivera, l’accès à cette plage sera payant », prédit Aliou Keïta. Debout à l’entrée de la digue, Aliou Keïta est en train d’échanger avec Lansana Traoré que nous avons rencontré plus tôt. Il est venu visiter ce coin qui commence à gagner en notoriété. De l’autre côté de la digue, on distingue une partie ensablée. Des jeunes s’y adonnent tranquillement au football. Devant ce mini terrain de foot sablonneux, une marmaille se baigne en jouant dans l’eau sous les yeux d’une masse de spectateurs. De l’autre côté également, un autre groupe de jeunes joue au foot. Seulement, ils sont obligés de temps en temps d’interrompre le match sous l’invasion des vagues qui viennent s’échouer, par intermittence, sur la rive.
ABOU BA, DIRECTEUR DU CADRE DE VIE
« Notre ambition est de donner à la corniche une nouvelle identité »
Les aménagements réalisés sur la corniche de Dakar sont destinés à lui donner une réelle attractivité et une nouvelle identité. C’est ce que nous apprend Abou Ba, Directeur du cadre de vie.
Le projet d’aménagement de la Corniche Ouest obéit à la logique de doter Dakar d’un endroit attractif et lui permettre d’acquérir une nouvelle identité, de diffuser aussi une nouvelle image d’elle-même. Le Directeur du cadre vie au ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abou Ba, fait noter que cette volonté d’embellir la corniche répond aussi à la nécessité d’impulser une dynamique touristique, économique et culturelle favorable au financement des programmes de sauvegarde et de développement de la capitale. Il explique que ce projet, appelé « Aménagement de la corniche », a pour objectif de rendre la corniche aux Dakarois. D’un coût de 18 milliards de FCfa, le projet bénéficie du soutien du Président Macky Sall et s’étend sur 10 km. Il part de la plage de Koussoum, sise au Plateau, jusqu’à la Mosquée de la divinité, aux Mamelles. « Le projet est entièrement financé par l’État du Sénégal. Il a pour objectif principal de rendre la Corniche accessible à pieds, de donner une identité à la promenade de la Corniche », a-t-il ajouté.
De la même manière, la mise en œuvre de ce projet sert à stabiliser et à sécuriser le parcours le long de la Corniche, à végétaliser tout le long du littoral et à créer des espaces accueillants, qualitatifs et ombrés. Le projet s’articule autour de cinq séquences : Koussoum, Soumbédioune, Corniche Ouest-Université, Corniche Ouest-Fann, Corniche Ouest-Ouakam. Aujourd’hui, les travaux ont bien démarré avec un niveau d’exécution de 95 % pour la zone de Koussoum.