Les huiles végétales et les céréales sont les produits alimentaires ayant connu une importante volatilité de leur prix depuis près d’un an. Avec le conflit entre l’Ukraine et la Russie et la multiplication des mesures de restriction dans le monde, la situation reste très tendue sur les marchés.
En Indonésie, le gouvernement a annoncé le mercredi 27 avril par un décret du ministère du Commerce, la fin de toutes les exportations d’huile de palme à partir du 28 avril. Cette décision s’applique non seulement aux dérivés des huiles alimentaires (oléine de palme raffinée, blanchie et désodorisée), mais aussi à l’huile de palme brute.
La mesure vise à faire face à la pénurie et à la flambée des prix de l’huile de cuisine issue de l’huile de palme, en cours depuis plusieurs mois sur le marché intérieur avec la préférence des industriels pour les marchés d’exportation dans un contexte de hausse des cours des oléagineux.
« L’approvisionnement de la population est la plus haute priorité. En tant que plus gros producteur d’huile de palme, il est ironique que nous ayons des difficultés à obtenir de l’huile de cuisson », a affirmé le président indonésien Joko Widodo.
Cette interdiction intervient après l’application par l’exécutif à partir du 27 janvier dernier, d’une obligation faite aux exportateurs de livrer 20 % de leurs cargaisons de produits oléagineux sur le marché domestique afin de tirer les prix vers le bas.
Si le délai d’application de cette suspension n’a pas été précisé, les autorités indiquent que la reprise des expéditions sera effective lorsque les prix de gros du litre d’huile de cuisson atteindront 14 000 roupies (0,96 $) contre près de 24 000 roupies (1,65 $) ces dernières semaines.
En attendant, de nombreux observateurs indiquent déjà que la fin des exportations d’huile par l’Indonésie devrait noircir un tableau déjà peu reluisant sur le marché mondial des oléagineux.
Cette restriction du pays d’Asie du Sud-Est intervient dans un contexte où les cours des huiles végétales ont déjà franchi des sommets en mars dernier. Ceci en raison d’un approvisionnement mondial insuffisant lié au conflit entre l’Ukraine et la Russie (principaux fournisseurs d’huile de tournesol) et de la sécheresse en Amérique latine, principal foyer de production d’huile de soja. Ces 6 derniers mois, les prix mondiaux des huiles végétales ont grimpé de 50 %.
En Afrique, cette décision s’annonce comme un casse-tête dans de nombreux pays qui dépendent de l’Indonésie pour leur approvisionnement en huile végétale.
On peut citer notamment l’Egypte où 90 % de toute la consommation avoisinant annuellement 1,2 million de tonnes d’huile de palme est satisfaite grâce à des achats auprès de l’Indonésie. Au pays des pharaons s’ajoutent également, l’Afrique du Sud et le Kenya.