Le ramadan commence à s’émousser légèrement dans les têtes des musulmans sénégalais. Au marché HLM de Dakar, les personnes vaquent à leurs occupations. Leur seul souci : préparer la fête de la Korité. La fête de Korité est un moment de ferveur. À l’occasion, les marchés sont pris d’assaut surtout par les vendeurs de chaussures, d’accessoires. Les tailleurs aussi ne sont pas en reste.
Coumba Diongue vend des chaussures venant de Turquie à 10 000 f Cfa, la paire. « Cela fait 10 ans maintenant que je suis au marché HLM mais cette année, ce n’est pas le grand rush. Avec la hausse des prix des denrées alimentaires, les parents n’ont pas le coeur à la fête», se désole la vendeuse.
Pour Papa, vendeur des chaussures en cuir venant de « Ngaye Mekhe », les clients sont rares. « Pour la fête de Korité de cette année, je ne la sens pas. La vie est trop difficile. Si c’est en gros, les chaussures coûtent 2500fcfa et si c’est par paire, ça varie entre 4000 et 4500 Fcfa. Je vis à Dakar, par contre je collabore avec un habitant de «ngaye mbékhé » qui me livre ces chaussures à temps. C’est lui qui les confectionne. Je m’en sors malgré les difficultés », dit-il. Dans un contexte économique tendu, les choses ne sont guère reluisantes.
Nombreux sont les commerçants qui indexent la guerre en Ukraine. « La douane est chère. Maintenant on paie le double. Nous demandons au Chef de l’Etat de nous aider en ce sens. Avec les taxes, nous vendons très cher », fait-il remarquer.
Chez les tailleurs, les minutes sont précieuses. Même pas de temps pour répondre à nos questions. Dadji Sarr manque de sommeil : « On a veillé toute la nuit et c’est ainsi depuis des jours. Comme vous le voyez nous continuons de bosser parce qu’on ne voudrait pas avoir de différends avec nos clients. »
Nous avons rencontré quelques personnes qui étaient venus récupérer leurs habits chez les tailleurs. C’est le cas de Demba Faye. « je peux dire que la crise économique a tout gâché parce que j’ai diminué le nombre de commandes que je prenais. Aussi, certains de mes clients m’ont indiqué qu’ils vont reprendre leurs habits de l’année dernière faute de moyens », déplore-t-il.
A côté de Demba Faye Maguette, son collaborateur, renchérit : « Les commandes se font à pas d’escargot. Il faut savoir que certains tailleurs s’engagent au-delà de leurs capacités. Pour nous, ça n’a aucun sens. C’est pourquoi nous faisons doucement pour éviter de nous mettre dans ce genre de situation. La clientèle est variée, enfants comme adultes. Même si certaines se plaignent, je fais de mon mieux pour terminer les commandes des enfants d’abord pour ensuite me concentrer sur le reste. »
DJANGA DIA