Au Fouta, ceux qui respectent le repas de l’aube (avant l’appel à la prière de fajr) ont une préférence pour un plat : le Koddé. Un plat traditionnel à base de mil ou de sorgho avec du lait caillé, dont raffolent les vieux comme les jeunes.
Par Demba NIANG – Le Koddé, un plat traditionnel halpulaar a base de mil, est en cette période de ramadan le repas préféré des jeûneurs pour le repas de l’aube. Vieille tradition de ces terroirs, certaines astuces de sa préparation sont encore gardées secrètes. Et malgré la cherté du mil et même sa rareté dans les boutiques et marchés, le plat est très présent en ce mois de ramadan.
Par son caractère très appétissant, le plat est l’apanage des Foutankés en tout temps mais pendant le mois de ramadan, le plat doit son attrait à sa consistance. A une époque très ancienne, le Koddé était le seul met qu’un voyageur à pied ou à dos de cheval ou un paysan avait par devers lui. Pour ceux qui jeûnent, sa consommation à l’aube permet de passer une grande partie de la journée de ramadan sans trop sentir la faim, voire même une grande soif. Maïram Sow, une mère de famille, raconte que préparer ce met pour sa famille est une tradition bien ancrée. «Le koddé fait partie du menu de l’aube durant tout le mois et je le prépare un jour sur deux», raconte-t-elle. «J’aime prendre ce plat à l’aube, car il est bon mais aussi il permet de résister toute la journée contre la faim», ajoute son mari. Alassane informe que l’achat d’un sac de mil ou de sorgho fait partie de ses priorités chaque année avant le début du mois de ramadan pour, dit-il, «ne pas rater le koddé de l’aube».
Elles sont nombreuses les familles qui adoptent le même menu. Le koddé a réussi à faire l’unanimité en étant du goût des jeunes, des plus âgés et des enfants. Aminata, d’un âge un peu avancé, raconte : «Je dispense ma bru de la préparation du repas de l’aube. C’est ce qui me permet de préparer fréquemment le koddé qui est très aimé des membres de la famille. La quantité que j’en fais me permet aussi de réserver pour les enfants pour leur déjeuner.» Plusieurs jeunes que nous avons interrogés sur la consommation du repas de l’aube, répondent qu’ils n’échangent leur sommeil que contre un bon plat de koddé. «Quand on me réveille pour le repas de l’aube, je demande si c’est le koddé mais si ce n’est pas le cas, je ne me lève même pas», révèle Ousmane Lom. Son ami Aliou, lui, s’assure avant de dormir que son plat préfère sera au menu. «Koddé ko mbarodam (koddé, c’est mon plat préféré)», dit-il.
Ainsi, en ce mois de ramadan où les cuisinières rencontrent tous les problèmes pour fédérer les goûts, le Koddé arrive comme une solution pour bien se préparer à une longue journée de jeûne et de privation.