Si, depuis quelques jours, les discussions au Sénégal sont rythmées par les problèmes des patients dans le secteur de la santé du pays, Mbour ne sort pas du lot. En effet, l’hôpital départemental Thierno Mansour Barro n’est pas mieux loti que les autres structures sanitaires. Dans cet établissement public de santé, les malades sont les victimes collatérales d’une guéguerre entre le centre d’imagerie médicale Polimed et les travailleurs de l’hôpital. Une bombe à retardement qui risque d’exploser sur les malades.
Ça va de mal en pis, à l’hôpital Thierno Mansour Barro de Mbour. Depuis plusieurs mois, les relations entre les travailleurs de l’hôpital et le gestionnaire de Polimed ne sont pas des meilleures. Avec le temps et malgré les nombreuses manifestations des syndicalistes regroupés dans l’Intersyndicale les 3S (Sames, Syntras et Sutsas) et les réunions de recherche de compromis, la situation ne s’est pas améliorée, au grand dam des malades qui se voient privés de plusieurs services régulièrement.
Il ne passe pas un mois sans que les syndicalistes n’observent un arrêt de travail pour une question ou une autre liée à la convention que l’établissement public de santé a signée avec le centre d’imagerie médicale en 2015. Le dernier en date a eu lieu, mardi dernier, quand les travailleurs ont observé un nouvel arrêt de travail dont les affres sont subies par les patients qui souffrent de ne plus recevoir les soins dont ils ont droit. Une série de grèves, de rencontres avec la presse, de sit-in et autre forme de perturbation paralyse le système dans l’EPS de Mbour.
Les syndicalistes qui demandaient une révision des termes de la convention, au départ, exigent, à présent, la résiliation totale de l’entente entre les deux structures signée depuis plus de six ans. Une convention qui n’est plus du goût des travailleurs, au point qu’ils privent les patients de soins quelquefois, même si des tentatives de réconciliation ont été faites sans succès.
‘’Des réunions au ministère de la Santé et de l’Action sociale avec les autorités de tutelle n’ont abouti, jusqu’à présent, à aucune décision concrète permettant de régler le problème de Polimed. Que de promesses sont faites’’, renseigne Pape Samba Ndiaye, le porte-parole des travailleurs.
Il l’a révélé, hier, lors d’un point de presse organisé pour dénoncer, une énième fois, la convention Polimed/EPS Mbour. Et le porte-parole des travailleurs de l’hôpital de préciser : ‘’Pendant ce moment, les malades n’accèdent plus à l’imagerie médicale, à Polimed. Le personnel technique médical et paramédical est harcelé, menacé et agressé verbalement. Actuellement, le chef de service n’a plus accès à son bureau, car les serrures de la porte menant à son bureau ont été changées à son insu, depuis le 22 mars 2022’’, déplore-t-il. Ledit chef de service a été détaché par l’hôpital et n’est pas en bons termes avec le gestionnaire de Polimed. C’est pourquoi, dit-on, il est ostracisé.
Sur la même lancée, ajoute Pape Samba Ndiaye, ‘’les techniciens de radiologie et les aides manipulateurs n’ont pas été payés, depuis le mois de février, en plus d’être harcelés tous les après-midis par le gestionnaire de Polimed et ses agents’’. Selon lui, Polimed les oblige à prendre les malades dont les tickets ne sont pas conformes à la réglementation de l’hôpital. Il oblige les patients à aller se faire rembourser à l’hôpital le ticket de garde ou à payer un double ticket. Ce qui est contraire aux règles établies (les tickets sont payés à l’hôpital aux heures de garde, de 16 h à 8 h, et les jours fériés, 24 heures/24’’, explique le porte-parole des travailleurs. Qui souligne un autre problème.
Ainsi, après avoir rappelé que le système de garde est fait pour la continuité du service, dans le cadre des urgences, Pape Samba Ndiaye révèle que le gestionnaire de Polimed admet des malades non-urgents, dans l’après-midi, lors de la garde, au moment où il n’y a qu’un seul technicien. En effet, les cas urgents sont traités à partir de 16 h, dit-on. Aux yeux du délégué syndical, cet état de fait ‘’détériore la qualité de la prise en charge et expose au risque de mauvais diagnostic et à l’épuisement physique et mental du technicien’’. D’ailleurs, ‘’actuellement, il est impossible, pour le médecin-chef de la radiologie et ses techniciens, d’accéder à leurs bureaux et outils de travail, car le gestionnaire a fermé les portes et intimé l’ordre aux vigiles de Polimed de ne pas les laisser entrer dans le bâtiment’’, ajoute Pape Samba Ndiaye.
Dans cette situation chaotique, les patients du Mbour ne savent plus à quel saint confier leur sort. Les autorités compétentes gagneraient à désamorcer cette bombe à retardement dont l’explosion potentielle pourrait créer des dommages inestimables. La situation ne s’y prête même pas, avec tous les problèmes notés dans le système sanitaire ces derniers jours.
Il faut noter également que nos tentatives de joindre le gestionnaire de Polimed sont restées vaines.