On le croyait un président au génie politique inégalé. Tout le monde s’accordait à dire que « l’élève Macky a battu son maître » voulant faire allusion à la présidentielle de 2012 ou l’actuel président devançait son mentor Maître Abdoulaye Wade. Mais aujourd’hui, force est de reconnaître que les observateurs et analystes avaient tous faux sur l’évaluation du quotient politique de Macky Sall. Quand un leader politique travaille ardemment pour son adversaire, on ne parle plus de « génie » politique mais de…schisme politique.
Macky Sall est le seul dissident politique au sein de sa formation politique mais aussi contre l’opposition. Voulant réduire l’opposition à sa plus simple expression, il a créé trois monstres politiques : Karim Wade, Khalifa Sall et Ousmane Sonko. Il s’est entêté à faire le procès de Karim Wade. Ce dernier, détesté par tout un peuple lors de la chute de son père-président en 2012, est ressorti de prison en 2016 et forcé à l’exil avec le manteau de l’opposant le plus célèbre du Sénégal. Idem pour Khalifa Sall, devenu député en prison et aujourd’hui membre fondateur de la coalition Yewwi Askan Wi qui fait trembler le pouvoir…
Quant à Ousmane Sonko, il est un parfait inconnu quand il intègre l’administration en 2001 après deux années passées à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) du Sénégal, section « Impôts et Domaines » (promotion 1999 – 2001). En cette même année, un certain Macky Sall est directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (PETROSEN). Et quand Sonko fera sa première année dans l’administration (2002), Macky Sall est Ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et de l’Hydraulique.
Ousmane Sonko passe de la création du Syndicat autonome des agents des Impôts et Domaines (SAID) à la création de son parti politique, Les Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) en 2014…Et à cette date, Macky Sall, est président de la république depuis deux ans. Voulant se frayer un passage forcé en politique, Sonko attaque le régime sur la base de révélations tirées des documents confidentiels de l’administration. En août 2016, le président de la République, Macky Sall, par décret n°22016-1239, radie Ousmane Sonko de la Fonction publique…Sonko devient alors le martyr de toute une génération…
Après avoir créé ces trois monstres politiques, Macky Sall va trouer la coque du bateau qui le permet de flotter sur l’eau. Il vire tous ceux qui, dans son camp, fermaient le claper à Ousmane Sonko. Il diminue le grand économiste Mahammed Boun Abdallah Dionne qui renvoyait Sonko à ses notes. Il vire Mimi Touré qui tenait tête à Sonko et ses mercenaires de la toile. Il humilie Amadou Ba, celui-là même qui a été le prof de Sonko à l’ENA. Mouhamadou Makhtar Cissé et Omar Youm, tous deux de brillants intellectuels qui apportaient la réplique à Sonko, ont été défenestrés.
Macky Sall se retrouve tout seul face à Sonko. Et aujourd’hui, les effets se font sentir. Il n’y a plus Mahammed Dionne, Mimi Touré, Amadou Ba, Makhtar Cissé et Omar Youm pour bloquer Sonko. Macky s’est départi de ses fusibles et gilets par balles puis a commencé à creuser sa propre tombe politique. Aucun obstacle devant Sonko. Les vieux briscards de la politique qui entourent Macky, sont invisibles. La Task force républicaine est devenue une chambre froide.
Et aujourd’hui, Sonko se prépare à donner le coup de grâce ; il pose les jalons de sa future victoire. Il fonce sur Macky avec le « complot » Adji Sarr, accuse les magistrats d’être à la solde du pouvoir, menace Macky sur la candidature de Khalifa Sall aux Législatives, dénonce le parrainage aux législatives et crée son association des maires. Des diatribes de Sonko qui font trembler tout une République. Et aucune réplique, ni de l’APR, ni de Benno Bokk Yaakaar. Macky a créé les conditions de sa solitude et il doit en assumer les conséquences.