Le parrainage. Une question essentielle pour le pouvoir comme pour l’opposition. Yewwi a décidé de rejeter ce filtre, de même que Guem sa bopp. Pour le camp du pouvoir, ce filtre sera maintenu. Pour le cas Khalifa Sall, l’expert juridique Amath Thiam estime que l’épée de Damoclès plane sur sa tête.
Les partisans du « non au parrainage » haussent le ton. Ces derniers veulent que le parrainage soit jeté aux oubliettes. Ce que refuse le camp du pouvoir. Pour d’aucuns, c’est un facteur bloquant pour de nombreux partis de l’opposition. C’est le cas de Gueum sa bopp et Yewwi askan wi qui l’ont énergiquement rejeté. Pour Mamadou Sy Albert, analyste politique, Gueum sa bopp a ses raisons. « Gueum sa bopp se situe dans le sillage du mouvement de la citoyenneté. Il se rend compte que la société civile est la principale victime, d’où la décision de porter la lutte contre le parrainage. Les mouvements citoyens, victimes du parrainage, auront du mal à trouver le nombre de parrains, de l’argent et risquent d’être les sacrifiés des Législatives », dit-il. L’organisation politique a saisi la Cedeao pour se faire entendre et c’est de bonne guerre, selon Ababacar Fall du Gradec. « En matière de politique, il y a un rapport de force et tout cela est fait pour amener le gouvernement à discuter ou négocier pour trouver une solution. Soit le parrainage sera supprimé ou les conditions seront revues », dit-il.
Deux hypothèses qui s’imposent face à la posture de l’opposition. « Si par malheur, il y a une tension, la conséquence immédiate, c’est le décalage des législatives. Ce qui serait un autre problème à gérer dans la mésentente. Et cela va se répercuter sur la présidentielle, sur la paix sociale », regrette Mamadou Sy Albert. Ababacar Fall parle du boycott des élections. « Mais à ce niveau, se posera un problème de crédibilité pour ces élections. En 2007, Wade est passé au premier tour, l’opposition avait boycotté les Législatives. Cela n’a pas empêché leur tenue. Que l’opposition boycotte le parrainage ou refuse de participer aux Législatives, elles auront lieu. Mais il ne faut pas en arriver là car ce serait écorner l’image de notre pays », fait-il remarquer.
Le cas Khalifa Sall : une hantise pour Yewwi
En conférence de presse, les leaders de la coalition Yewwi ont durci le ton. En particulier, Aïda Mbodj qui déclarait : « Khalifa participera à ces élections de gré ou de force. » En effet, avec ses difficultés au plan judiciaire et loin d’être totalement blanchi, l’épée de Damoclès plane sur la tête de l’ex maire de Dakar. Pour Amath Thiam, expert juridique, tant qu’il ne sera pas blanchi, son éligibilité posera problème. Pour lui, son dossier n’est pas classé sans suite et son destin est entre les mains de dame justice. « C’est avéré que Khalifa Sall a bénéficié d’une grâce présidentielle. Mais la grâce n’efface pas la condamnation du casier judiciaire. On s’achemine vers les Législatives et sa coalition aimerait le porter sur les listes, je me dis que ce sera un combat politique », dit-il. Mais sur le plan judiciaire, le juge constitutionnel va statuer sur la recevabilité ou non de cette candidature. « Par conséquent, il va sans doute prendre une décision d’irrecevabilité et je doute fort que cette épée de Damoclès soit d’actualité au-delà du droit », conclut-l’expert.