Après les élections municipales et départementales du 23 janvier 2022, tout le monde se tourne vers les législatives. C’est le chef de l’Etat, Macky Sall, qui a ouvert le bal. Il a fixé ces joutes à la date du 31 juillet de cette même année. Ensuite, c’est au tour du ministère de l’intérieur de fixer le déroulé de cette élection.
Antoine Félix Abdoulaye Diome a déjà fixé la caution à 15 millions F CFA. Et la Direction générale des élections (DGE) vient à son tour de faire sortir le filtre qui permettra d’éviter la pléthore de listes. Il s’agit du parrainage. Même s’il est un bon atout pour faire le ménage, il n’en demeure pas moins qu’il reste un danger pour le locataire du Palais.
Le top départ est donné pour les prochaines élections législatives. Les partis politiques, les coalitions de partis ainsi que les entités regroupant des personnes indépendantes désireux de participer à ces joutes doivent débourser 15 millions. En plus de cette somme, ils doivent aussi réussir à avoir le quota de parrains demandé. En effet, il faut « 34 580 électeurs, représentant le minimum de 0,5% et 55 327 électeurs représentant le maximum de 0,8% du fichier général des électeurs », lit-on dans le communiqué signé par le Directeur Général des Elections, Thiendella Fall, parvenu à la rédaction de Xibaaru.
Dans un Sénégal où les partis politiques poussent comme des champignons, le parrainage est un excellent moyen pour réduire le nombre de participants pour les législatives. Mieux, il permettra de connaître le poids de certains partis dans le landerneau politique. Tout parti qui sera incapable d’atteindre le quota fixé aura montré qu’elle n’a pas sa place dans la course que mène opposition, pouvoir et non alignés. Alors la course aux signatures sera âprement disputée entre les belligérants.
Mais attention ! Ce système pourrait retomber sur Macky Sall et sa coalition. Les locales ont démontré que l’opposition n’a pour qu’une seule ambition, pousser le chef de l’Etat vers la sortie. Pour atteindre leurs objectifs, les opposants peuvent alors mutualiser leur force comme lors du scrutin du 23 janvier. Cela leur permettrait non seulement d’avoir un nombre important de parrains. Mais aussi d’éviter tout doublon qui pourrait invalider la candidature. Une opposition en force va faire des dégâts dans les rangs de Benno Bokk Yakaar. Pire Macky pourrait perdre sa majorité, qualifié de « mécanique ».
Pour une partie de l’opposition, le parrainage est un système mis en place par le pouvoir pour liquider des opposants. Certains avaient même saisi la Cour de justice de la Cedeao pour que le système de parrainage soit supprimé. D’ailleurs ils avaient même obtenu gain de cause car ladite cour, en avril 2021, avait ordonné au Sénégal de supprimer le parrainage. Un délai de six (6) a même était donné à notre pays. Chose que le Sénégal n’a pas fait. Un refus qui pourrait coûter cher à la mouvance présidentielle.
Le non-respect de cette décision peut affaiblir Macky par rapport à certains de ses adversaires qui exploitent la moindre faille pour le liquider. Alors la balle est dans le camp du pouvoir. Le scrutin du 23 janvier a été révélateur sur la tâche qui les attend pour les législatives. Pour éviter de nouvelles surprises, les « Mackysards » ne doivent pas dormir sur les deux oreilles s’ils ne veulent subir un nouveau revers. La politique sénégalaise est un jeu de dupes et une petite erreur peut couter très chère.
Et Macky Sall va tout droit dans le mur car les Sénégalais dans leur entièreté voient le parrainage comme un goulot d’étranglement des politiciens gênant et non comme un filtre. Combien de leaders politiques ont été éliminés en 2019 ? Et ce parrainage revient aujourd’hui pour réduire les listes de l’opposition. Et les Sénégalais considèrent que Macky est derrière toutes ces manigances et s’en souviendront sûrement dans les urnes.