Par le Quotidien– L’Association sénégalaise pour l’avenir de la femme et de l’enfant (Asafe) a tenu un atelier sur la sexualité chez les jeunes adolescents (es), dont le thème est «santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes». Mme Mariama Bâ Diallo, médecin-chef du district de Guédiawaye, demande aux jeunes d’être davantage prudents. «Cet atelier qui nous réunit aujourd’hui (hier), nous permet de mieux sensibiliser les jeunes mais surtout les parents. Car la situation ici, dans le département de Guédiawaye, est alarmante. La ville de Guédiawaye, tout le temps confinée au statut de cité-dortoir, connaît aujourd’hui une pauvreté notoire qui engendre des difficultés perceptibles sur le cadre de vie et des services sociaux de base de la population», assure-t-elle.
Et elle étaye son argumentaire avec des chiffres : «Rien qu’au niveau du département, nous sommes à 3009 grossesses enregistrées au cours de l’année 2022, mariées et non mariées confondus. Nous avons aussi 177 accouchements à domicile, certaines sont mariées, d’autres ne le sont pas. Chez les jeunes filles âgées de 20 à 24 ans, nous avons enregistré 3540 cas de planning, certaines sont mariées et d’autres ne le sont pas. Pour celles qui sont âgées entre 15 et 19 ans, il y a 788 filles qui ont fait des plannings au cours de l’année 2021.» Alors qu’il y a 48 garçons porteurs du Vih contre 56 filles. «Ils sont là, dans le département de Guédiawaye, et circulent avec la maladie. Imaginez s’ils ne s’abstiennent pas, d’ici 1 an, combien de personnes risquent d’être contaminées ?»
En écho, Aminata Sy, secrétaire exécutive de l’Asafe, surligne les urgences de l’heure : «Des hommes pervers contribuent beaucoup à la déperdition chez les jeunes filles. Il y a aussi des «tatas say say». Le lesbianisme est en train de prendre une ampleur dans le département de Guédiawaye. Il faut qu’on le dise, il n’y a pas de tabou ici. Il faut qu’on partage l’information et cela va permettre aux parents de mieux veiller sur leurs enfants.»
Des histoires émouvantes ont été révélées par l’assistance. Certains qui ont pris la parole, ont partagé des récits à vous couper le souffle : des cas d’inceste étouffés à cause des pressions familiales… «Beaucoup de cas nous ont été signalés. Et ils sont alarmants. Il y a certains devant les tribunaux. Certaines filles sont victimes de leurs papas, de leurs oncles, amis de papa ou un membre de la famille.» Aminata Sy, présidente des Badiénou gokh, poursuit son récit poignant : «La pauvreté dans la banlieue, particulièrement dans le département de Guédiawaye, est une réalité. Pour en avoir le cœur net, dès la tombée de la nuit, il faut se rendre dans les lieux où on vend les thiakri ak soow ou fonddé, ou bien dans les fast-foods pour voir les filles. Et toutes sont âgées de 10 à 18 ans. Très sexy, elles attirent les hommes pour que ces derniers leur paient un pot de thiakri et la suite, vous la connaissez…»