C’est une bombe à retardement qui couve à l’Alliance pour la République (APR) de Macky Sall. Et lorsque cette bombe va exploser, elle aura les mêmes effets et conséquences des départs de Djibo Ka et Moustapha Niasse du Parti Socialiste. Et l’APR de Macky ne survivra pas à cette détonation. Et cette bombe a été programmée pour exploser après le nouveau gouvernement et à la veille des élections Législatives pour faire le plus de dégâts dans le parti présidentiel mais aussi dans la majorité au pouvoir représentée par Benno Bokk Yaakaar.
Macky Sall est-il au courant de ce qui se trame au sein de son parti au point de vouloir retarder le plus longtemps possible la nomination de son « futur Premier ministre (PM) » et la formation du nouveau gouvernement ? Est-ce la peur de voir son parti exploser ou la crainte de voir une rébellion au sein de sa formation politique qui risque de l’emporter et de se faire des nouveaux ennemis avant les législatives du 31 juillet 2022 ? Son hésitation à nommer son PM et à former son nouveau gouvernement a-t-il un lien avec les sonorités discordantes qui lui parviennent de certains responsables du parti ?
Ce qui se trame à l’Alliance Pour la République ne sent pas bon pour celui qu’on appelle le patron. Tous les observateurs et analystes politiques s’étaient penchés sur le profil du futur premier ministre pour expliquer le retard observé par le président de la république. Annoncée en fast-Track en décembre dernier, la nomination du Premier ministre connait un ralentissement flagrant qui interpelle plus d’un sur les motivations du locataire du Palais. « S’il hésite à nommer son Premier ministre, c’est que quelque se passe et c’est ce qui le retient » informe une source proche de l’APR.
« L’APR est composée de plusieurs chapelles politiques dont la plus grande se trouve au Nord dans le Fouta. Et le président compte énormément sur ce qu’il appelle « son titre foncier politique » pour conserver ses acquis lors des prochaines élections Législatives mais aussi à la présidentielle. Et aujourd’hui, ce titre foncier conscient de sa force dans l’appareil politique devient très exigeant. Et ce Fouta qui est la base des victoires de Macky Sall à toutes les élections depuis 2012, veut la primature et des ministères… » selon notre source.
Mais ce n’est pas tout. Des responsables longtemps écartés qui ont toujours conservés leurs bases dans le centre du Sénégal et à Dakar mais aussi dans le Sénégal oriental ruminent leur colère en attendant la nomination du premier ministre et la formation du gouvernement. Humiliés par le président de la république depuis 2019 pour certains et 2020 pour d’autres, ces porteurs de voix de l’APR n’accepteront plus les changements d’humeur du Patron. Ils attendent patiemment le changement annoncé par le président Macky Sall avant de se prononcer sur la suite de leur carrière politique.
Et Macky est pris entre ces deux feux. Si le Fouta se rebelle contre Macky Sall, il est clair que le président n’a plus de base électorale. Et si ces responsables politiques redoutables lui tournent le dos, le président risque de se retrouver avec un « APR bis » qui va concentrer tous les mécontents de son parti. Et il risque d’assister à une situation inédite depuis la création de son parti. L’explosion de l’APR. Et c’est pour cela qu’il hésite à choisir son premier ministre et à former son gouvernement.
Selon certains observateurs, Macky Sall va jouer avec les nerfs de ses militants en suspendant carrément la nomination du premier ministre…Pour tout reporter après les législatives. Mais en le faisant, le président piétine la constitution. Aujourd’hui, avec la restauration du poste de Premier ministre, plusieurs programmes de l’Etat doivent doivent avoir le sceau de la primature avant d’être exécutés…Et même certains décrets du président qui doivent aussi porter la signature du premier ministre. Alors le président est dans l’obligation de nommer son premier ministre.