Les tricycles spécialisés dans le transport de marchandises sont désormais incontournables à Dakar, la capitale sénégalaise, où ces motos font le bonheur des commerçants mais aussi de leurs conducteurs attitrés, des jeunes pour la plupart, qui tirent de cette activité leur gagne-pain quotidien.
Dans une ville connue pour sa surpopulation et ses légendaires bouchons très souvent aggravés par une occupation anarchique du territoire, ces taxis-bagages se présentent comme un moyen adéquat de transport de marchandises.
Les commerçants en profitent. Des jeunes, désœuvrés ou en quête de gains importants, y trouvent leur compte.
A Scat Urbam, par exemple, un quartier contigu au marché Arafat, dans le populeux Grand-Yoff, les va-et-vient de ces engins rythment de nombreuses ruelles.
Ils se confondent définitivement avec le décor, équipés de caisses couvertes ou découvertes aménagées à l’arrière pour le transport de marchandises, le siège du conducteur couvert par une bâche pour le protéger du soleil.
Selon plusieurs conducteurs interrogés par un reporter de l’APS, ils devraient coûter entre 1.300.000 et 1.700.000 francs CFA l’unité.
La plupart travaillent pour le compte d’un propriétaire. Certains, de concert avec leur employeur, travaillent avec l’ambition de rembourser le prix d’achat du taxi-bagages, afin de profiter pleinement de leur activité.
D’autres ‘’travaillent et versent par jour une somme convenue avec le propriétaire’’, renseigne Lamine Niang, un conducteur de tricycle originaire de la région de Kaolack (centre). Un numéro de téléphone à contacter au besoin est mentionné sur l’engin.
M. Niang est dans le cas de ceux qui travaillent pour rembourser l’investissement initial de leur employeur, pour que le tricycle puisse lui revenir à terme. Soit 1.700.000 francs CFA.
‘’J’ai déjà réussi à verser plus de la moitié de la somme convenue’’, renseigne le conducteur.
Les conducteurs rémunérés à la fin de chaque mois doivent verser quotidiennement une somme convenue, selon qu’on soit ou non dans une période correspondant à des moments de grande activité marchande, comme les fêtes.
Les versements peuvent être compris entre 3.000 et 10.000 francs CFA par jour et en fonction de la période de l’année.
‘’En période de fête, nous pouvons facilement doubler notre versement’’, signale Omar Ndiaye, adossé à la caisse de son taxi-bagages.
Il est entendu que le surplus du versement convenu sert le plus souvent à arrondir les fins de mois du conducteur dont les gains mensuels dépassent rarement 50.000 francs CFA.
Assane Dramé peut donc se considérer comme un privilégié, lui qui bénéficie de conditions de travail plus souples, puisque n’étant contraint à aucun versement journalier.
‘’La moto sert d’abord au transport des marchandises du propriétaire, qui est un commerçant’’, explique M. Dramé, habillé d’un t-shirt noir sali par la sueur, signe d’une grande activité.
Il ajoute que dans son cas ‘’la priorité, c’est le transport de la marchandise du propriétaire’’. Seulement, il peut lui arriver de ‘’faire trois à quatre courses par jour’’ pour son compte, un déplacement pouvant lui rapporter ‘’jusqu’à 8.000 francs CFA en fonction de la quantité et de la distance à parcourir’’.
Assane Dramé disposait d’un pousse-pousse à une autre période. Il juge, en comparaison, que sa situation actuelle est bien meilleure, avec des gains plus importants avec le taxi-bagages.
C’est dire qu’il n’est donc pas très étonnant de constater que cette activité attire de plus en plus de jeunes, qui en font un véritable gagne-pain et une source de revenus.