Ousmane Sonko…un « perturbateur » mis sous silence
Ousmane Sonko fait partie des leaders qui ont le plus marqué l’arène politique ces dernières années. Sa virulence contre le Président Macky Sall a fait de lui l’homme qui incarne l’opposition radicale. Ses multiples attaques et ses sorties maladroites lui ont ouvert les portes de la mairie de Ziguinchor. Mais cette élection est loin d’être anodine. Depuis que Sonko est devenu le nouvel homme fort de cette partie du Sénégal, il s’est muré dans un silence total. Le silence d’un éternel « perturbateur » qui en dit long sur la tâche qui l’attend.
Ousmane Sonko maire de Ziguinchor, beaucoup n’y croyait pas et pourtant c’est arrivé. Au soir du 23 janvier 2022, le leader du Parti des Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Equité et la Fraternité (PASTEF) a pris la mairie des mains d’Abdoulaye Baldé. Lui et la coalition Yewwi Askan Wi ont créé la surprise en coiffant le centriste Abdoulaye Baldé à Zig et Benno Bokk Yakaar dans beaucoup de communes et départements du pays. Une victoire qui prouve que le député accusé de viol par la jeune masseuse Adji Sarr, est le boss dans le Sud. Mais qu’il incarne incontestablement la branche de l’opposition la plus radicale que le pays ait connue.
Mais depuis qu’il a accédé à la municipalité de Ziguinchor, Ousmane Sonko est devenu une autre personne. Il semble avoir mûri sur le plan politique. Toutes les attaques envers le « Macky » venant de lui ont cessé. On ne voit même plus Sonko occuper l’espace médiatique comme à ses habitudes. La grève des enseignants a occupé l’actualité ces derniers jours. Mais le patron de PASTEF n’y a pipé mot. Depuis son dernier communiqué dans lequel il déclinait l’invitation du Chef de l’Etat suite au sacre des Lions, il est devenu un fantôme.
Ce silence démontre largement que Sonko fait partie des plus grands perturbateurs que la République sénégalaise ait connu. Des manifestations violentes, le pays n’en enregistre plus. Des scènes de pillages, on n’en voit plus. Et les jeunes se sont calmés. Leur colère contre le locataire du Palais, ils le déversent désormais sur les réseaux sociaux. Même les rares manifestations enregistrées ces derniers jours n’ont pas eu un grand impact. Il n’y a que les jeunes « Lebous » qui ont fait grand bruit pour leurs lopins de terre.
Après toutes les promesses faites durant la campagne et l’image qu’il incarne, Ousmane Sonko ne pouvait faire autrement. Le leader de Pastef doit faire ses preuves avant les législatives du 31 juillet 2022. S’il veut conserver son siège à l’Assemblée nationale, il doit impérativement réaliser les chantiers colossaux qu’il a entrepris à Ziguinchor. Hanté par le fauteuil du président, le présumé bourreau d’Adji Sarr doit démontrer qu’il est apte à être le cinquième homme qui va diriger le pays. Et cela Sonko ne peut pas le faire en incarnant l’image d’un fauteur de troubles.
Sa capacité à diriger la mairie de Ziguinchor déterminera la suite de sa carrière politique. Dans le cas où Ousmane Sonko sera incapable de faire mieux que les personnes qu’il combat, il perdra automatiquement le soutien de sbires. Chose qui amoindrira ses chances d’être le futur remplaçant de Macky Sall. Alors ce silence et cette accalmie sont une aubaine pour lui. Tout ce qu’il a à faire c’est travailler et renforcer sa cote de popularité pour les élections à venir. Et pour cela, il doit maintenir cette cadence.
Le Sénégal vit désormais dans une léthargie politique. Macky Sall et son régime sont épargnés des attaques de leur plus grand adversaire, Ousmane Sonko. Une situation qui calme l’ardeur des jeunes. Le leader de Pastef n’est pas connu pour son silence, reste désormais à savoir s’il va continuer sur cette voie qui est celle de la paix et de la stabilité du pays.