Pourquoi vivre l’éjaculation précoce comme une fatalité et gâcher vos relations sexuelles ? Le point sur les techniques et les médicaments qui retardent l’éjaculation et permettent de garder le contrôle sur sa jouissance.
Sommaire
- Existe-t-il des moyens psychologiques pour combattre l’éjaculation précoce ?
- Mettre un préservatif aide-t-il ?
- D’autres méthodes sont-elles efficaces ?
- Est-il préférable d’adopter certaines positions sexuelles ?
Environ un homme sur quatre souffre d’éjaculation précoce. On considère qu’un homme est touché par ce trouble sexuel lorsqu’il n’a pas de contrôle possible sur son éjaculation, qui survient moins d’une à trois minutes après la pénétration, et que sa partenaire n’a pas le temps d’être satisfaite. Le Dr Sylvain Mimoun gynécologue, sexologue, directeur du Centre d’andrologie de l’hôpital Cochin (Paris), membre du comité scientifique de Santé magazine, a répondu à nos questions.
Existe-t-il des moyens psychologiques pour combattre l’éjaculation précoce ?
Oui, il faut chercher à réduire l’excitation et les tensions. À l’inverse de ce que les hommes font lorsqu’ils regardent un film érotique. Il faut éviter de s’autosuggestionner avec des images trop excitantes, qu’elles soient réelles ou mentales. En effet, plus l’homme s’habitue à avoir une éjaculation dès qu’il est excité, moins il arrivera ensuite à faire durer le plaisir. Il doit aussi chercher à réduire son stress, et pas seulement sexuellement, dans la vie de tous les jours aussi.
Le danger est qu’un réflexe conditionné se mette en place si la situation se répète. Lors d’un rapport, il est donc important d’instaurer des préliminaires qui vont rendre le climat conjugal moins pesant, détendre les deux partenaires, rendre la femme plus réceptive et éviter à l’homme une pénétration trop rapide. On peut aussi recommander au couple d’avoir un égoïsme partagé, où chacun pense à son plaisir au lieu d’être entièrement en attente de l’autre. Car lorsqu’une femme a du plaisir, cela rassure son mari et le déstresse aussi.
Mettre un préservatif aide-t-il ?
Cela peut aider car le préservatif, surtout s’il est un peu épais, vient comme un rempart à la sensibilité au niveau du frein, juste sous le gland, et cela aide à éjaculer moins vite. D’ailleurs, certaines marques présentent des préservatifs dont la tête a été épaissie, afin de limiter les sensations uniquement à cet endroit.
D’autres méthodes sont-elles efficaces ?
Contrairement à ce que l’on peut lire sur internet, le stop and go ou le squeezing ne donnent pas de résultats convaincants.
- Pour le stop and go, le couple est censé arrêter tout mouvement lorsque l’homme sent l’excitation arriver. Ceci est souvent frustrant pour la femme qui n’atteint pas le plaisir, et souvent inutile pour l’homme qui a justement du mal à anticiper le point de non-retour.
- Le squeezing est encore pire puisque la femme doit, en plus, appuyer son pouce sur le frein pour étrangler le gland…
En revanche, pratiquer la respiration sexo-corporelle donne de bons résultats. On aide l’homme à se rééduquer seul. Pour cela, il pratique des exercices de respiration par le ventre : il inspire par la bouche pour gonfler son ventre, puis expire en le vidant. Ensuite, il apprend à bouger le bassin : debout, jambes légèrement fléchies, il déplace ses fesses en arrière ou en avant. Et ensuite, il associe les deux : il inspire et gonfle le ventre quand les fesses sont en arrière et souffle pour dégonfler le ventre en ramenant le bassin vers l’avant.
Il s’entraîne seul chez lui et quand il maîtrise bien cela, il commence à se masturber en même temps. Mais au lieu que ce soit la main qui bouge sur la verge, c’est la verge qui va vers la main. Si l’excitation est trop forte, il utilise encore plus la respiration pour faire baisser la pression. Lorsqu’il y arrive bien seul, il peut essayer avec sa partenaire. Le mieux est alors de commencer ensemble par des caresses, puis la femme masturbe son partenaire, et quand toutes ces étapes se passent bien, ils peuvent essayer d’avoir un rapport avec pénétration.
Est-il préférable d’adopter certaines positions sexuelles ?
Il faut que l’homme puisse se concentrer sur son corps, sur ses sensations. Et cela n’est pas très facile s’il est sur sa partenaire, les bras tendus, et que, musculairement, il fatigue ! On peut donc lui suggérer deux positions.
- La première nécessite une participation active de sa femme : lui est allongé sur le dos, elle est assise sur lui. Ainsi, si elle accepte de jouer le jeu, c’est elle qui va bouger, et lui sera plus relaxé, plus à même de sentir et gérer ce qui se passe dans son corps. Mais il faut que la femme soit partante pour faire l’amour ainsi. Si elle accepte en lui disant “C’est la dernière chance que je te donne !”, cela ne risque pas de fonctionner ! Il faut créer un contexte favorable pour diminuer le stress.
- Une autre position, plus simple à proposer pour l’homme, et moins fatigante aussi pour sa partenaire, est d’être allongés tous les deux, l’homme sur la femme, mais tous les deux légèrement sur le côté, afin que l’homme soit en partie soutenu par le matelas, et ne repose pas de tout son poids sur sa femme. Les bassins se touchent, mais le haut du corps est séparé. Ainsi, les deux partenaires peuvent se regarder, s’embrasser, se caresser. La femme sent que son mari s’intéresse à elle, qu’ils sont en phase, et ne remarquera pas forcément les pauses que l’homme fera s’il sent son désir prendre trop de place. Attention toutefois à l’abus de caresses ou de stimulations : plus l’homme sera excité, plus il risque d’être débordé !
Existe-t-il des traitements médicamenteux pour retarder l’éjaculation ?
Un seul médicament a une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication propre qu’est l’éjaculation rapide : il s’agit du Priligy. Il faut prendre un comprimé une à trois heures avant le rapport. Comme son principe actif s’élimine vite, il peut être pris ponctuellement, quand l’homme en a besoin, sans qu’il y ait d’effet de sevrage. Ce médicament est disponible depuis deux ans environ, et agit sur la quantité de sérotonine présente dans le corps. Les patients semblent trouver qu’il les aide à retarder suffisamment leur éjaculation.
Quelquefois, on peut aussi donner une crème anesthésiante, que l’on masse en couche très mince sur la couronne du gland. Mais les hommes ont alors moins de sensations. De plus, il ne faut pas en mettre beaucoup, sinon cela peut irriter le vagin de la partenaire. Ces crèmes, qui ont un effet secondaire sur l’éjaculation sont au départ destinées à traiter d’autres problèmes.