Au total, une centaine de pays explorent la monnaie numérique de la Banque centrale de détail (Cbdc en anglais) à un niveau ou à un autre. Certaines recherches, certains tests et quelques-uns distribuent déjà la Cbdc au public. Le Fmi qui est profondément impliqué dans cette question, notamment en fournissant une assistance technique à de nombreux pays membres, cherche à promouvoir l’échange d’expériences et soutenir l’interopérabilité des Cbdc.
Les banques centrales réfléchissent, de plus en plus, à l’opportunité d’émettre leurs propres monnaies numériques au grand public ; ce que l’on appelle la monnaie numérique de la Banque centrale de détail (Cbdc en anglais).
Poussés par l’ingéniosité des banques centrales, de nombreux pays travaillent sur la création d’une monnaie numérique, mais seuls quelques-uns ont déjà émis des Cbdc ou entrepris des tests approfondis. Au total, une centaine de pays explorent les Cbdc à un niveau ou à un autre. Certaines recherches, certains tests et quelques-uns distribuent déjà la Cbdc au public. Aux Bahamas, le Sand Dollar, la Cbdc locale, est en circulation depuis plus d’un an. La Riksbank suédoise a développé une preuve de concept et explore les implications technologiques et politiques de la Cbdc.
En Chine, le renminbi numérique [appelé e-CNY,] continue de progresser avec plus de 100t millions d’utilisateurs individuels et des milliards de yuans de transactions. Et pas plus tard que le mois dernier, la Réserve fédérale a publié un rapport qui notait qu’une Cbdc pourrait fondamentalement changer la structure du système financier américain.
Dans une note publiée le 9 février dernier et intitulée « Dans les coulisses de la monnaie numérique de la banque centrale », le Fmi braque les projecteurs sur la poignée de pays à la frontière (Bahamas, Canada, Chine, l’Union monétaire des Caraïbes orientales, Suède et Uruguay), dans l’espoir d’identifier et de partager des idées, des leçons et des questions ouvertes au profit des nombreux États qui suivent leurs traces. Le document étudie six projets Cbdc avancés en s’appuyant sur la collaboration et les échanges avec les banques centrales respectives pour obtenir des informations au-delà de ce qui a été publié précédemment. Il montre que la Cbdc reste « un territoire inexploré, soulevant des défis ainsi que des opportunités » et que plusieurs questions restent ouvertes. Pour que ces expériences réussissent, soulignent les auteurs, les décideurs doivent faire face à de nombreuses questions ouvertes, obstacles techniques et compromis politiques. Les pays recherchent un équilibre entre la préservation des aspects clés du système monétaire et financier traditionnel tout en actualisant le rôle des banques centrales à l’ère numérique.
Un nouveau chapitre dans l’histoire de la monnaie
Prenant part au forum organisé sur cette question par le Conseil de l’Atlantique à Washington Dc, le 9 février, Kristalina Georgieva, Directrice générale du Fmi, a mis l’accent, dans son discours, sur ce double défi : saisir les opportunités qu’offre la technologie dans le domaine monétaire tout en réduisant la part d’incertitude. « L’histoire de la monnaie entre dans un nouveau chapitre. Les pays cherchent à préserver les aspects clés de leurs systèmes monétaires et financiers traditionnels tout en expérimentant de nouvelles formes de monnaie numérique », a-t-elle déclaré.
À son avis, si les Cbdc sont conçues avec prudence, elles peuvent potentiellement offrir plus de résilience, plus de sécurité, une plus grande disponibilité et des coûts inférieurs aux formes privées de monnaie numérique. « C’est clairement le cas par rapport aux actifs cryptographiques non sauvegardés qui sont intrinsèquement volatils. Et même les pièces stables les mieux gérées et réglementées peuvent ne pas être tout à fait à la hauteur d’une monnaie numérique stable et bien conçue de la banque centrale », souligne la patronne du Fmi.
D’ores et déjà, trois leçons principales sont à retenir de l’expérimentation des monnaies numériques de banques centrales. D’abord, il n’y a pas de cas universel, car chaque économie est différente. Ensuite, la stabilité financière et les considérations de confidentialité sont primordiales pour la conception des monnaies numériques de banques centrales. Enfin, la nécessité de trouver le « délicat équilibre » entre les développements sur le front de la conception et sur le front politique. Dans tous les cas, conclut Mme Georgieva, paraphrasant Thomas Edison, « rien ne remplace le travail acharné ». Pour sa part, le Fmi veut servir de « ligne de transmission de l’apprentissage et des meilleures pratiques entre les 190 membres ».