À travers les Cours et Tribunaux, les Commissions de recensement des votes, la justice est au cœur des élections territoriales du 23 janvier 2022. En tant que Secrétaire général du Sytjust, quelle appréciation faites-vous du travail fait par les magistrats ?
La Justice a bien joué sa partition dans le processus des récentes élections locales. Elle a adopté une posture qui a rassuré tous les acteurs politiques et citoyens impliqués dans ces consultations démocratiques du peuple sénégalais qui devaient choisir leurs élus locaux dans la paix et la sérénité. Je pense que nous avons là une preuve claire qu’il y a des raisons suffisantes qui devraient pousser les Sénégalais à faire confiance à notre Justice pour que les élections à venir, ne soient jamais la cause de remous politiques et sociaux comme dans toutes les démocraties majeures. La transparence des élections est une exigence de la démocratie. Je profite de cette belle occasion pour rendre un vibrant hommage aux membres et personnel des cours et tribunaux pour l’excellence du service public qu’ils offrent chaque jour à leurs concitoyens.
On constate une accalmie pour ne pas dire un climat apaisé dans le secteur de la justice. Qu’est-ce qui explique cela ?
Depuis le 1er septembre 2020, la paix sociale a regagné le service public de la justice parce que notre organisation, le Syndicat des travailleurs de la Justice (Sytjust) a cessé la grève et a renoué le fil du dialogue avec le gouvernement, notamment le ministère de la Justice. Le ministre de la Justice et le Sytjust ont intelligemment fait preuve de dépassement pour établir un dialogue constructif au service de la Justice sénégalaise et des justiciables. Me Malick Sall, en tant qu’homme du sérail, connaît très bien le rôle fondamental que mes camarades et moi jouons dans le service public de la Justice, mais aussi, notre situation et les difficultés auxquelles nous sommes exposés. Cela le met à un niveau de compréhension qui lui permet de mieux prendre en charge nos préoccupations et nos doléances. Le Sytjust et le Garde des sceaux ont ainsi réussi à créer une atmosphère de confiance mutuelle. Il n’y a plus de méfiance entre la chancellerie et notre syndicat. Me Malick Sall fait tout ce qu’il nous dit et il veille aussi à ce que le gouvernement respecte ses engagements par rapport à nos doléances. Tout cela pousse les travailleurs de la justice à faire preuve de compréhension par rapport à certaines difficultés rencontrées dans l’exécution des engagements du gouvernement, étant donné que le ministre de la Justice prouve par ses actes, la bonne foi de l’État du Sénégal. Me Malick Sall est très accessible ; le Sytjust peut le rencontrer à tout moment, sans cérémonial, pour discuter des préoccupations des travailleurs. Mes camarades et moi n’avons plus besoin d’aller dans le domaine public pour rendre audibles nos doléances dès lors que nous avons une oreille attentive du côté du gouvernement. C’est ce qui explique l’accalmie que tout le monde constate dans le service public de la Justice.
Un remaniement se profile à l’horizon. Intéresse-t-il le syndicat que vous dirigez ?
Évidemment. Le remaniement qui se profile, ne nous laisse pas de marbre parce qu’il y va de nos intérêts matériels et moraux. Nous ne pouvons pas nous empêcher de nous poser la question de savoir : qui sera à la tête du ministère de la Justice après ? Nous avons toutes les appréhensions qui découlent d’une crainte d’avoir à reconstruire ce climat de sérénité qui prévaut présentement dans le service public de la Justice. Ce, d’autant plus, l’expérience nous a enseigné que le temps d’immersion d’un nouveau Garde des Sceaux aboutit toujours à des crises profondes, qui portent souvent préjudice à nos intérêts matériels et moraux. Quasiment, tous les ministres de la Justice qui se sont succédé au département, ont connu des débuts difficiles avec notre syndicat. Même l’actuel ministre de la Justice a connu cette difficulté de réussir à stabiliser le secteur de la Justice. Ce phénomène est inhérent à la configuration de la chancellerie, qui est fait de telle sorte qu’un nouveau ministre de la Justice a tendance à mettre à la périphérie de son agenda, les revendications du Sytjust jusqu’à ce que ce dernier sorte de sa tempérance.
À vous comprendre, le Sytjust ne souhaite pas un changement de ministre au niveau de la chancellerie ?
Franchement, si cela ne dépendait que des travailleurs de la Justice, Me Malick Sall serait toujours à la tête de la Chancellerie après le remaniement. C’est le souhait le plus partagé parmi la frange majoritaire des fonctionnaires de la Justice que nous représentons. Avec lui, nos intérêts sont bien préservés et nous avons de nouveaux acquis qui commencent à améliorer considérablement nos conditions d’existence et de travail. Le Sytjust a commencé avec lui un travail qu’il espère finir avec lui pour l’avènement d’un service public de la Justice exempt de dysfonctionnement. Personnellement, je lui voue respect mérité, car j’ai appris à le connaître au fil du temps bien qu’au début les relations entre le Sytjust et lui furent un peu difficiles. Nous apprécions ses qualités humaines et ses capacités managériales. Ce sont-là les quelques raisons qui font que nous souhaitons continuer le cheminement avec lui.«La démocratie exige des élections transparentes»
ME AYA B. MALICK DIOP, SG SYTJUST