Annoncé depuis 2019, la circulation du TER sera effective à partir de ce lundi. Mais cette inauguration ne fait pas que des heureux, les impactés titulaires de titres fonciers et de baux attendent toujours leur reliquat d’indemnisation. Pendant ce temps, la qualité des ouvrages de franchissement pour faciliter la circulation entre les deux parties de la ville continuent de faire jaser.
Le TER est inauguré, ce lundi, mais cette cérémonie cache derrière elle un lot de désolation et drames sociaux. En effet, si on en croit le collectif des impactés du Ter dans le département, la question de leur indemnisation reste encore à être épuisée. En rassemblement devant la gare, les camarades de Babacar Gueye ont tenu à se rappeler aux bons souvenirs l’APIX et des autorités pour entrer dans leurs fonds, comme indiqué dans les textes qui gouvernent la réalisation du projet.
Le coordonnateur du collectif des impactés et membre du comité de suivi, installé sous la primature de Boun Abdalah Dione a rappelé que les indemnisations devaient être faites avant même le démarrage des travaux. Au contraire, plusieurs après le démarrage et aujourd’hui le lancement des activités du TER, l’APIX reste devoir de l’argent aux impactés. « Comment on peut comprendre des détenteurs de titres formels, des titres fonciers et des baux, courir depuis plus de cinq ans derrière leurs indemnisations, c’est inacceptable ».
Cela, alors que beaucoup d’entre eux ont quitté leurs maisons et sont dans la précarité et la location depuis lors. C’est pour exprimer leur colère que ces impactés ont organisé un rassemblement devant la gare du TER à Rufisque, le mardi dernier. Le coordonnateur a fait savoir que sur le tronçon qui concerne le département de Rufisque, c’est une centaine de détenteurs de titres qui sont concernés, sur tout le long du trajet de Dakar à Diamniadio ce nombre fait près de 300 personnes. « Ces personnes n’ont obtenu qu’une indemnisation sur le bâti ce qui ne suffisait même pas pour construire une baraque » a dit M. Gueye qui rappelle qu’ils ont accompagné l’Etat dans la facilitation pour la libération des emprises et la mise en œuvre du projet.
Au-delà des problèmes d’indemnisation, la construction du TER a entraîné la division de la ville de Rufisque en deux zones distinctes. Au sud du tracé du chemin de fer se trouve la route nationale, le centre-ville et le marché central. De l’autre côté, au nord se trouvent des quartiers des trois communes de Rufisque Ouest, Nord et Est. Ce qui implique des déplacements de parts et d’autres de ce tracé qui constitue une ligne de fracture entre les deux parties d’un même territoire. Mais ces déplacements étaient rendus difficiles par l’inexistence de structures de franchissement et de passage. Après moult revendications et manifestations, celles-ci seront réalisées mais malheureusement elles sont loin des attentes.
LES TUNNELS INADAPTÉS ET DES PONTS ÉTROITS
Sous l’effet de la clameur populaire, des ouvrages de franchissement ont été lancés, pour permettre aux populations de pouvoir se mouvoir entre les deux parties de la ville. Ainsi, plusieurs ponts ont été installés sur le long du trajet, mais des passages piétons sous les rails au niveau de certains points, et un tunnel sous les rails au niveau du point anciennement appelé passage à niveau. Ce passage long d’une quinzaine de mètres sur une largeur de trois mètres et quelques centimètres ressemble plus à un couloir de passage qu’un tunnel. Il est devenu une place pour les mendiants et les entrées et sorties sont occupées par les marchands et leurs étals, sans aucun aménagement. En plus de cela, il est mal éclairé et crasseux, les piétons qui l’empruntent sont obligés de se boucher le nez, le temps de la traversée, pour éviter d’inhaler la poussière.
En effet, ce passage situé juste au niveau de la mosquée construite par le grand marabout toucouleur Abdoulaye Diop est devenu un milieu interlope où par moments les agresseurs font leur loi. Dès qu’on arrive à l’entrée, on est accueilli par un concert de sonorités crachées par les porte-voix des mendiants qui se mêlent aux bruits des pièces récoltées dans des pots de tomates et que ces derniers secouaient pour attirer les passants et espérer une pitance. La poussière soulevée par les passants y rend la respiration difficile sans compter l’obscurité à cause d’un éclairage faible. Le tunnel est éclairé par une lampe à usage domestique.
Souleymane Ndir est un habitué du passage. Il s’indigne et dénonce un manque de respect notoire de la part de l’entreprise chargée de la réalisation du TER : « personne ne sait ce qu’ils ont construit ici, on ne peut pas parler de tunnel c’est plutôt un trou, étroit et mal éclairé où les gens se frottent comme pas possible. Un passage aussi étroit pour les populations de la commune la plus peuplée de la ville Rufisque ». Un peu plus loin, sur le même alignement, à moins de 2km au niveau du quartier Guendel 1, on trouve un passage ouvert pour les véhicules mais que ne peuvent franchir les véhicules avec une certaine hauteur comme les mini cars et avec seulement une voie dans chaque sens et des passages piétons sur lesquels deux personnes ne peuvent pas marcher côte à côte. « A chaque fois que je passe par ce tunnel, je suis choqué, la voie est étroite et il n’y a pas de hauteur même les conducteurs de charrettes sont obligés de baisser la tête pour passer, au risque de se cogner la tête contre l’entrée. Et puis juste à la sortie, une distance qui ne fait même pas 150m, ils ne sont même pas capables de l’aménager pour permettre aux véhicules de rejoindre sans trop de difficultés le pont Gabin de Dangou, c’est vraiment dommage. C’est à croire que ce n’est pas de l’argent que nous allons rembourser », s’indigne Malamine, chauffeur de taxi clando au niveau du garage « feu rouge » au centre-ville.
Le chauffeur qui connait très bien le tracé, nous fait savoir que sur le canal derrière l’imprimerie nationale, un petit passage dont la largeur n’excède pas un mètre est créé. Plus à l’Est vers la Sococim, le pont qui surplombe le Ter et relie la route nationale aux quartiers Gouye Mouride, Cité Sococim, Colobane et Arafat n’offre pas les garanties en termes de circulation. Pourtant, c’est un massage très fréquenté par les gros porteurs, « le pont est infranchissable dès qu’un véhicule tombe en panne dessus et, en plus, deux véhicules gros gabarit ne peuvent pas se croiser dessus. C’est la même chose pour celui au niveau de Keury Kao et qui relie la route nationale à la route des Niayes en passant par l’hippodrome Tanor Anta Mbakhar et le Lycée Moderne de Rufisque», nous dit Moussa Guèye. Les mêmes problèmes sont observés au niveau du pont de la Zac Mbao.